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Des revues à foison

Études greeniennes n° 5, Apollinaire n° 14, Cahiers Raymond Queneau n° 3, Éditions Calliopées, 2013

Revue, francophone, Julien Green, Guillaume Apollinaire, Raymond Queneau, éditions Calliopées, Jean-Pierre Longre

Aux éditions Calliopées, une part importante des publications est consacrée à des revues que l’on appellera monographiques, puisque chacune d’entre elles est consacrée à un auteur particulier : Guillaume Apollinaire, Julien Green, Pierre Jean Jouve, Raymond Queneau, Jean Tardieu. Apollinaire, Green et Queneau font l’objet des toutes dernières livraisons.

Le numéro 5 des Études greeniennes, présenté par Marie-Françoise Canérot et Carole Auroy, est largement consacré à des articles précis sur le motif de la nuit dans plusieurs des œuvres de l’écrivain. « S’enfoncer dans la nuit greenienne, c’est […] pénétrer au cœur battant d’un homme et d’un imaginaire », écrit M.-F. Canérot. Le volume se clôt par la fort belle reproduction d’une lettre manuscrite de l’auteur.

Revue, francophone, Julien Green, Guillaume Apollinaire, Raymond Queneau, éditions Calliopées, Jean-Pierre Longre

Le n° 14 d’Apollinaire, revue qui publie régulièrement, depuis plusieurs années, des « études » à la mesure du génie, de l’éclectisme et de la notoriété du poète, est inauguré, après l’éditorial de Jean Burgos, par les « ouvertures » d’un autre poète, Jean-Michel Maulpoix, puis par un texte émouvant de Madeleine Pagès, la fiancée lointaine, présenté par Claude Debon. Suivent des études spécialisées, notamment un article de grand intérêt sur « la musique d’Apollinaire », par Peter Dayan, avant les traditionnels comptes rendus et échos.


Raymond Queneau est, peut-on dire, celui qui peuple le plus Revue, francophone, Julien Green, Guillaume Apollinaire, Raymond Queneau, éditions Calliopées, Jean-Pierre Longreassidûment le catalogue des éditions Calliopées. Le numéro 3 des Cahiers qui lui sont consacrés, sous la houlette de Daniel Delbreil, est consacré à des « déchiffrements » divers : parallèle Queneau-Cioran, études concernant En passant, Pierrot mon ami, le « langage des fleurs », présentation d’un texte de jeunesse sur l’Albanie… Volume particulièrement émouvant, puisqu’il commence en évoquant la mémoire de trois grands « queniens » récemment disparus, Claude Simonnet, Brunella Eruli et Florence Géhéniau.

Revues de spécialistes ? Oui, en partie, avec les exigences intellectuelles et la perfection formelle que cela implique. Mais les études à caractère universitaire voisinent avec des textes, des présentations, des nouvelles, des échos dans lesquels tout lecteur peut trouver son intérêt et son plaisir.

Jean-Pierre Longre

www.calliopees.fr 

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17/12/2013 | Lien permanent

Théâtre métaphysique et moral

Théâtre, dessins, francophone, Raymond Queneau, Jean-Marie Queneau, Fata Morgana, Jean-Pierre LongreRaymond Queneau, Monsieur Phosphore (1940), Dessins de Jean-Marie Queneau, Fata Morgana, 2021

De cette pièce inachevée, Raymond Queneau nous a laissé 34 feuillets manuscrits, dont trois comprenant un plan et diverses notes préparatoires, et 31 le texte de l’acte I (6 scènes) et celui de l’acte II, inachevé (3 scènes rédigées).

Les feuillets préparatoires semblent rapprocher cette ébauche de pièce d’une fresque à la fois mythique et historique, mystique et scientifique. Les feuillets rédigés comprennent un début de mise en œuvre de la pièce, avec deux catégories de personnages, les « quatre anges déchus » et les « trois archanges ».  Ces trois archanges de la tradition judéo-chrétienne, Gabriel, Raphaël et Michel, sont les interprètes de la volonté divine auprès des anges. Et, toujours selon la même tradition, l’ange déchu est Lucifer. Mais l’originalité réside dans le fait que Lucifer figure la partie dominante d’une trinité angélique et maudite, puisque les trois noms qu’on lui prête habituellement, Satan, le diable et Lucifer, sont incarnés dans la pièce en trois personnages différents. Ainsi la trinité infernale paraît être le pendant symétrique de la trinité divine, mettant Lucifer sur le même plan que le Créateur.

Plus surprenant, le personnage de Monsieur Phosphore. Nouveau et inédit parmi les anges, il est à l’évidence, par son nom, l’équivalent hellénisant du latinisant Lucifer, puisque les deux noms signifient « qui porte la lumière », l’un en grec, l’autre en latin. On ne peut pas non plus, à la lecture de certains passages, ne pas évoquer un jeu avec le verbe « phosphorer », qui dans le registre familier signifie « réfléchir intensément ». Et de fait, le personnage se caractérise par sa propension à la réflexion:

         Phosphore: Je ne dis pas cela, mais je cherche à comprendre. J’ai l’esprit si lent.

         Le diable à Phosphore : Réfléchis là-dessus.      

Ce porteur de lumière à l’esprit pondéré est aussi le plus humain des quatre anges. Humanité d’emblée conférée par le titre de « Monsieur », alors que les autres n’y ont pas droit, et peu à peu confirmée par le tempérament humble et conciliant du personnage. Il est guidé non seulement par un souci d’objectivité, mais aussi par une modestie et des scrupules qui le rapprochent de nombreux personnages romanesques de Queneau. On sait qu’il est le dernier à se rallier à la révolte luciférienne, et que les supplices prévus pour les damnés le laissent horrifié; en outre, un certain nombre de didascalies ou de répliques mettent en avant son caractère profondément humain:

         Avec la grande douceur qui lui est essentielle (Acte I, sc. 1).

         Je ne suis pas digne (Acte I sc. 4).

         Inclinons-nous donc (Acte I, sc. 6).

         Il m’a fait tout petit (Acte I, sc. 6).

         Je me trouve tout petit (Acte II, sc. 3).

Ange à face humaine, homme à face angélique: cette innocence, cette humilité, cette approche de la perfection ne sont-elles pas caractéristiques de certains héros romanesques de Queneau ? N’y a-t-il pas chez Monsieur Phosphore quelque chose de Jacques l’Aumône, de Valentin Brû et de Pierrot? Il est, parmi les anges de la malédiction, celui qui, avec humanité, porte le flambeau de la sagesse dans les ténèbres du néant.

On pourrait ranger ce début de pièce dans la catégorie générique du drame et, pour être plus précis, du drame « métaphysico-mythologique ». À sujet particulier, genre particulier. Certes, ce texte n’est pas le seul où Queneau aborde le thème de la Création. Mais ailleurs, il le traite d’un point de vue plutôt scientifique et matérialiste. La Petite cosmogonie portative, notamment, écrite entre 1948 et 1950, est un poème scientifique, dans lequel l’histoire de l’homme se réduit à deux vers (sur 1388):

                   Le singe (ou son cousin) le singe devint homme

                   lequel un peu plus tard désagrégea l’atome

Au contraire, c’est la création de l’homme vue sous l’angle mythologique et biblique qui est au centre de Monsieur Phosphore. On peut sans doute relier ce point de vue aux préoccupations métaphysiques que Raymond Queneau manifeste à cette période dans son Journal 1939-1940, où abondent les questions d’ordre religieux. L’annonce de la venue du Christ dans Monsieur Phosphore n’est pas absolument surprenante, compte tenu des tendances mystiques de Queneau à cette époque, mais le point de vue est pour le moins original, puisque cette annonce est placée dans la bouche de l’archange Raphaël, et faite aux anges, au grand scandale de Lucifer:

         Raphaël: Entends-moi... oui... Dieu se manifestera dans le Monde par l’intermédiaire de cette Forme...

         Lucifer: Blasphème!

         Raphaël: Entends-moi... oui... Les deux Natures, divine et humaine, seront un jour réunies...

         Lucifer: Blasphème!

         Raphaël: Elles éprouveront ensemble la mort.     (Actes I, sc. 4)

         Mais au-delà des proclamations d’ordre religieux, un examen plus poussé du texte permet de déceler une caractéristique plus constante et plus représentative de la pensée quenienne: une morale de la dualité, que l’on remarque chez la plupart des personnages romanesques, qui ne sont ni anges ni bêtes, ou qui sont les deux à la fois, et qui incarnent l’humilité et l’orgueil, le rêve et la réalité, la vie et le néant, le bien et le mal. Certaines répliques de Lucifer résument la dualité fondamentale de l’homme et de l’univers:

Je lègue à l’homme ces figures où sont tracées les oscillations du Monde, le Haut et le Bas, le Plus et le Moins, [...] l’Identité (et) la Multiplicité.   (Acte I, sc. 1)

Je ne regrette rien. Ne faut-il pas que l’œuvre de Dieu s’accomplisse ? Il faut un envers à la trame du monde : nous sommes cet envers. Il faut un Mal pour qu’il y ait un Bien :  nous sommes ce Mal. Ainsi nous servirons Dieu.                             (Acte II, sc. 3)

La leçon de la pièce, dans l’hypothèse de l’achèvement de celle-ci et de l’existence de celle-là, eût sans doute été que l’ange est aussi une bête, que l’Enfer fait partie du plan divin, que le Mal est contenu dans le Bien, que le porteur de la lumière divine est aussi porteur du feu infernal, Phosphore ou Lucifer, vie ou néant.

1940 est aussi l’année de composition du poème intitulé « L’explication des métaphores ». Des thèmes identiques à ceux que l’on vient de relever s’y décèlent aisément, confirmant les préoccupations de Queneau à cette époque:

                   Car ces dieux sont démons; ils rampent dans l’espace.

                   Oui, ce sont des démons. L’un descend, l’autre monte.

                   Mais ni dieu ni démon l’homme s’est égaré.

Si l’on reconnaît en Monsieur Phosphore un type de « sage » quenien, et dans la thématique quelques-unes des grandes préoccupations de l’œuvre romanesque et poétique, l’écriture et la structure, au-delà de l’originalité des situations, sont identifiables. Le soin mis à la forme n’est pas étonnant de la part de Queneau. Ce qui est cependant remarquable ici, c’est que les caractéristiques stylistiques et structurelles soient déjà si élaborées dans un manuscrit ne représentant qu’un début de pièce dont le plan est encore incertain, ou pour le moins susceptible de modifications. Ces quelques pages sont d’un grand intérêt pour qui veut étudier en détail l’écriture théâtrale de Queneau, chez qui on décèle une réelle volonté théâtrale. Le sens dramaturgique de Queneau se manifeste non seulement dans la présentation scénique, les dialogues, les didascalies, la structure, l’écriture, mais aussi dans le véritable souci du spectacle.

Dans cette perspective, et faute (pour l’instant) de véritable mise en scène, les dessins de Jean-Marie Queneau donnent une expression visuelle (au sens plein) et originale aux personnages, en différentes dimensions. Texte et illustrations se complètent ainsi pour faire de cette œuvre inachevée un ensemble complet.

Jean-Pierre Longre

(D’après le livre Raymond Queneau en scènes de Jean-Pierre Longre, Presses universitaires de Limoges, 2005, p. 62 à 67)

www.fatamorgana.fr

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27/02/2021 | Lien permanent

Exercices littéraires

Style.jpgStéphane Tufféry, Le style mode d’emploi, Cylibris Éditions, 2000.

 

Dans la version « maladroit » de ses Exercices de style, Raymond Queneau glisse le plus sérieusement du monde une des phrases clé de son art poétique : « C’est en écrivant qu’on devient écriveron ». C’est le travail, l’entraînement, les « exercices » qui fondent l’œuvre littéraire, une œuvre qui, conformément à l’utopie flaubertienne, pourrait ne porter « sur rien », mais dont tout l’intérêt résiderait dans la forme.

 

Dans Le style mode d’emploi, Stéphane Tufféry, écrivain mathématicien (ou mathématicien écrivain ?) comme Queneau, met en pratique sans les épuiser les « potentialités » de l’anecdote infime déjà utilisée dans Exercices de style : une petite querelle dans l’autobus suivie d’un conseil vestimentaire. Le « thème » de l’ouvrage de Tufféry reprend mot pour mot le « récit » de celui de Queneau. À partir de là, se succèdent les 99 « variations », dont l’esprit obéit sans conteste à celui de l’inventeur, qui se réclamait lui-même de L’art de la fugue transposé en littérature, « en considérant l’œuvre de Bach non plus sous l’angle contrepoint et fugue, mais édification d’une œuvre au moyen de variations proliférant presque à l’infini autour d’un thème assez mince.» Tufféry a suivi avec beaucoup de méthode, d’imagination et d’habileté les traces de son modèle, à qui il rend d’ailleurs hommage en chemin à plusieurs reprises, par exemple dans « Itinéraire d’une œuvre », où les allusions biographiques (les Éditions Gallimard, Neuilly etc.) concernent Don Evan Marquy (c’est-à-dire Raymond Queneau, dont l’une des anagrammes complètes est Don Evané Marquy), ou encore dans « Passionnément » (où l’on retrouve des extraits de « Si tu t’imagines ») et dans « Zazou dans le bus », joli démarquage de Zazie dans le métro.

 

Livre oulipien, Le style mode d’emploi ne se réfère pas au seul Queneau, mais aussi à Georges Perec (le titre rappelle celui de La vie mode d’emploi, et la variation intitulée « De même en enlève le vent » est ouvertement placée sous l’égide des Revenentes, où Perec – à l’inverse de ce qui se passe dans La disparition – n’avait en guise de voyelle utilisé que le « e »), et à beaucoup d’autres écrivains. Car Stéphane Tufféry ne se contente pas de reprendre les procédés utilisés par Queneau (jeux de mots, figures de style, tonalités diverses, points de vue, façons de parler) : il y ajoute des pastiches particulièrement savoureux, qui sont autant d’hommages à de grandes plumes : La Fontaine, Molière, Balzac, Flaubert, Hugo, Rimbaud, Rostand, Camus, Duras, Calvino et plusieurs autres. La virtuosité va jusqu’à renouveler les variations même du modèle : des titres comme « Anglicismes », « Gastronomique » ou « Logo-rallye », déjà présents chez Queneau, sont en réalité développés d’une manière fort différente par Trufféry. Et l’ouvrage offre un échantillonnage très actualisé des exercices possibles : les versions « micro-informatique », « plus bléca tu meurs », « rappeur », « une journée d’enfer » etc. offrent une vision plaisamment moderne du trajet dans l’autobus S.

 

Le style mode d’emploi n’est pas seulement un jeu, pas seulement un exercice, il est une réserve littéraire, doublée d’une mine didactique. Le glossaire nous rappelle (soyons sincère : nous apprend) ce qu’est par exemple une anacéphaléose, un bathos, un épitrochasme ou une périssologie ; il présente aussi dans un esprit très pédagogique les rapprochements et distinctions à prendre en compte entre métonymie et synecdoque, les objectifs de l’OuLiPo ou les différences entre « charge » et « pastiche »… Et la bibliographie finale atteste le sérieux de l’entreprise.

 

Tout a commencé en 1947 avec la parution d’Exercices de style (dont les premières rédactions remontent à 1942) ; tout continue ensuite avec les multiples versions, notamment théâtrales,  de cette œuvre dont l’intérêt, paradoxalement, ne repose que sur le maniement de la langue. Mais, on le voit bien avec Le style mode d’emploi, il s’agit d’une véritable mise en scène du langage humain, de l’expression humaine, langage et expression qui ne cessent de se charger des changements du monde. Rien ne se termine donc avec Stéphane Tufféry ; tout en suivant fidèlement et librement la piste, il ouvre le chemin à d’autres.

 

                                                                                              Jean-Pierre Longre

 

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05/04/2010 | Lien permanent

Odyssées urbaines

Essai, histoire, francophone, Raymond Queneau, Gallimard, Folio, Jean-Pierre LongreRaymond Queneau, Connaissez-vous Paris ?, Gallimard / Folio, 2011. Choix des textes, notice et notes d’Odile Cortinovis. Postface d’Emmanuël Souchier.

« Ma chronique eut, je dois le dire en toute modestie, un certain succès. Elle dura plus de deux ans ; à raison de trois questions pas jour, cela en fit plus de deux mille que je posai au lecteur bénévole », écrit Queneau dans un article daté de 1955 et reproduit en tête de volume. Cette chronique, donc, parut quotidiennement dans L’Intransigeant du 23 novembre 1936 au 26 octobre 1938. Le livre publié par Odile Cortinovis et Emmanuël Souchier ne reproduit pas les 2102 questions–réponses, mais 456, selon un choix raisonné (c’est-à-dire en fonction des réponses qu’on peut leur apporter encore actuellement).

Quelques exemples ? « Qui était le Père Lachaise ? » ; « Quel est le plus ancien square de Paris ? » ; « Combien y a-t-il d’arcs de triomphe à Paris ? » ; « Quelle est la première voie parisienne qui fut pourvue de trottoirs ? » ; « Quel rapport existe-t-il entre l’église Saint-Séverin et la république d’Haïti ? » ; « Depuis quelle époque les bouquinistes sont-ils établis sur les quais ? » ; « De quand datent les premiers tramways à Paris ? » ; « Combien y avait-il d’édifices religieux à Paris en 1789 ? »… On trouvera les 448 autres questions et toutes les réponses en lisant Connaissez-vous Paris ?

Au-delà de l’encyclopédisme, il y a une vraie philosophie de la promenade urbaine (des « antiopées, ou déambulations citadines », comme le rappelle et l’explique Emmanuël Souchier) et un sens aigu de l’histoire, marques indélébiles de la vie et de la pensée de Queneau. Et, sans en avoir l’air, le goût des voyages : « Je me disais : comme c’est curieux, il me semble que j’ai fait un long… très long… voyage. J’avais visité Paris ». Nous aussi.

Jean-Pierre Longre

www.folio-lesite.fr     

 

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25/05/2011 | Lien permanent

Les dix-sept pieuvres du golfe de Guinée et leurs tentacules

R.Queneau.jpgRaymond Queneau, Hazard et Fissile, Le Dilettante, 2008

 

Raymond Queneau n’a pas dit son dernier mot. De nombreux textes élaborés ou non, achevés ou non dorment encore dans les cartons et les dossiers de ses œuvres complètes. Hazard et Fissile, roman inachevé, s’est donc réveillé pour le plus grand plaisir du lecteur curieux. Deux versions manuscrites non datées, dont la rédaction « semble remonter » à la fin des années 1920, selon ce que suggère Anne-Isabelle Queneau dans l’avant-propos (dommage qu’on ne puisse pas en savoir plus), donnent donc lieu au texte ici publié.

 

En 24 courts chapitres, nous tentons de suivre (en nous perdant avec délices, souvent) les aventures labyrinthiques non seulement des deux personnages choisis pour le titre, mais d’une multitude d’autres, qui se laissent guider de manière fluctuante par leur destinée aberrante, leurs choix inopinés, leurs décisions absurdes, leurs compagnons de déroute… et aussi et surtout par l’art consommé de l’auteur dans les domaines de la parodie, des jeux de langage, de la narration tortueuse, de la mise en scène insolite, de l’humour noir, de l’expression de l’absurde… Qui voudrait reconstruire l’échafaudage aurait du travail ; et tout autant qui voudrait déceler les éléments intertextuels. Car si Fantômas est au cœur de la mémoire du texte, la diversité des tons et des genres (dialogues, portraits, récits enchâssés, aventures exotiques, énigme policière, scènes épiques, poésie oratoire, images inattendues, adresses au lecteur) relève d’une réécriture on ne peut plus diverse.

 

A l’évidence, Queneau joue. Il joue avec les mots, les sons et l’orthographe, bien sûr (« claoun », Fissile et difficile, les vivres et les livres, le tabac et les rutabagas, « le Nain Jaune était vert », on en passe et des meilleurs – et parmi eux le goût pour les listes et les inventaires), il joue avec ses personnages, il joue avec le lecteur : à de nombreuses reprises, l’auteur passe la tête dans les interstices de la narration, des monologues ou des dialogues, et sollicite directement l’attention dudit lecteur, commentant la technique romanesque utilisée, avouant avec une feinte humilité son incapacité à « raconter une conversation », ou posant les questions qui le tarabustent : « Qu’attends-tu maintenant, lecteur à l’haleine tourmentée par les récits que tu viens de lire ? Que veux-tu que je fasse de ces personnages ramassés dans le sable un jour d’ennui et qui n’arrivent que péniblement à me distraire ? T’amusent-ils vraiment ? ».

 

A l’évidence aussi, nous retrouvons dans ce texte quelques-uns des motifs qui jalonnent l’œuvre quenienne tout entière : le cirque et la fête foraine, les déguisements et les masques, voire les bestioles du genre vers, scolopendres, poux… En plus grand format, ces animaux mystérieux qui étendent leurs tentacules dans tout le récit, les fameuses « pieuvres du golfe de Guinée », sur lesquelles le lecteur voudrait bien avoir plus de renseignements : « Tu désires peut-être que j’élucide tout le mystère que j’ai enroulé autour de mes chères pieuvres, comme le tonneau qui s’enroule autour du vin nouveau ? Mais c’est assez, et maintenant que je t’ai entraîné au milieu de cette page tu n’as plus qu’à suivre le dédale que je compose, tantôt avec peine et tantôt avec passion, avec les vingt-sept lettres de l’alphabet occidental ». Il le suit effectivement « tantôt avec peine et tantôt avec passion », le dédale, le lecteur… et il aurait aimé aller jusqu’au bout, s’il y en avait eu un. Qu’il se contente donc de jouir de ce que l’auteur lui a donné, et qu’il laisse courir son imagination.

 

Jean-Pierre Longre

 

www.ledilettante.com  

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04/08/2010 | Lien permanent

Écriture rétrospective

get_photo.jpgOuLiPo, Moments oulipiens, Le Castor Astral, 2004

 

Que sont les « moments oulipiens » ? « Une sorte d’autobiographie collective de l’auteur collectif qu’est L’Oulipo », comme l’écrit Jacques Jouet ? Une espèce de suite d’ou li po 1960-1963 (Christian Bourgois éditeur, 1980), comptes rendus scrupuleux faits par Jacques Bens des réunions du groupe au cours de la période indiquée ? Projet romanesque de Raymond Queneau (découvert par Jacques Roubaud) transformant des personnes bien réelles, identifiées au moins par leurs initiales et par la table des matières, en matériau narratif et en personnages fictifs ? Reconnaissance de « traits de famille » (la famille Quenouillard) ? Quoi qu’il en soit, Anne F. Garréta avoue, à l’instar du secrétaire définitivement provisoire Marcel Bénabou, que « le moment oulipien n’est pas une forme », qu’il est « le moins oulipien des pratiques scripturaires », ce à quoi Paul Fournel répond par anticipation : « Il y a des moments oulipiens dont on voudrait se souvenir davantage. Il faut dire à leur décharge, qu’ils ne deviennent « moments » que plus tard. Sur le coup, ils sont légers comme la vie et se tissent dans la toile des choses communes ». En tout cas, « on ne se baigne jamais deux fois dans le même moment oulipien » (vérité bien sentie par Anne F. Garréta encore).

 

Trêve de citations. À l’abri des figures tutélaires de François Le Lionnais, Raymond Queneau et Georges Perec, onze oulipiens (dans l’ordre d’entrée en scène Jacques Roubaud, Marcel Bénabou, Paul Fournel, Harry Mathews, François Caradec, Jacques Jouet, Hervé Le Tellier, Bernard Cerquiglini, Michelle Grangaud, Olivier Salon et Anne F. Garréta), onze oulipiens donc (11, « chiffre palindromique », rappelle Michelle Grangaud) s’adonnent aux joies des souvenirs (un peu, sous une autre forme ou en l’absence de forme déterminée, comme Perec avec ses « Je me souviens ») et à l’art de l’écriture rétrospective (car, rappelons-le, « il n’y a pas que la rigolade, il y a aussi l’art »). Episodes divers, qui parfois se recoupent (rien de plus normal : pour un groupe, les souvenirs individuels sont collectifs), relatant réunions, stages, lectures publiques (en France et à l’étranger), errances (temporelles et spatiales), ateliers, ripailles, funérailles, évoquant l’humour et les humeurs de certains membres, les émois et la foi des petits nouveaux… À la faveur de ces « moments », on prend plaisir et intérêt (tour à tour et/ou simultanément) à assister à quelques soirées ou voyages mouvementés, à entendre des calembours de l’almanach Vermot déclenchant le rire de Queneau, à tenter de percer les mystères de l’assassinat de Marcel Duchamp par François Caradec et Alphonse Allais ou ceux de l’identité d’un certain QB, à comprendre qu’un ordinateur ne peut faire la différence entre le substantif « couvent » et le verbe « couver » à la 3ème personne du pluriel, à saisir la contrainte « Canada-Dry » (ou « parapèterie » ou fausse contrepèterie), à se demander comment on peut combiner sans perdre la tête un atelier de l’OuLiPo et la finale de Roland-Garros, à rencontrer au cours des pérégrinations du groupe des personnalités aussi diverses que Paul Auster ou Fabrice Luchini, à mesurer l’insistance avec laquelle François Le Lionnais tient à préciser à Jacques Jouet qu’il est membre, entre autres, de la « société du jouet », à réfléchir sur le roman et les conceptions que Queneau en développe, à se rendre compte que L’OuLiPo peut, au même titre que Proust et Freud, susciter un irrésistible sentiment amoureux…

 

Pour tout dire, ces Moments oulipiens sont en général drôles, sérieux par instant, graves parfois, émouvants souvent ; ils prouvent en outre que l’Ouvroir est toujours vivant, toujours actif, que l’on y tricote la prose et débite les vers (ne cherchez pas, ce sont des parapèteries) avec toujours autant d’ardeur.

 

Jean-Pierre Longre

 

www.castorastral.com

 

www.oulipo.net

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16/06/2010 | Lien permanent

Je ne faisais que passer

affiche_queneau.jpg

 

 

En passant de Raymond Queneau

Mise en scène : Sylvie Mandier.

Avec Francisca Rosell-Garcia ou Marguerite Dabrin, Sylvie Mandier ou Virginie Georges, Vincent Doménach ou Charles Lépine et Christian Geffroy.
Costumes : Hubert Arvet-Thouvet - Lumières: Julien Jedliczka - Musique : Cédric Tagnon - Éléments scéniques : Amaya Eguizabal.

 

Raymond Queneau n'est pas un auteur facile, et la mise en scène de En passant (la seule pièce publiée et jouée d'un écrivain qui n'était pas vraiment un homme de théâtre) relève du défi. À cause de sa brièveté, sans doute, mais aussi à cause de sa structure et de son écriture : un langage élaboré, poétique, allusif, deux actes qui se reflètent l'un l'autre.

Il faut donc saluer le mérite de Sylvie Mandier et de la troupe « Esperluète and Co » qui servent très bien l'oeuvre, la mettent à la portée de tous, pour le plus grand plaisir des spectateurs - un plaisir qui n'élude pas la profondeur existentielle.

De part et d'autre de la pièce elle-même, deux scènes sans paroles miment les multiples attitudes humaines que révèle la foule métropolitaine. Comme dans de petits « exercices de style », les comédiens composent des rôles variés, dans la plus pure manière quenienne et dans la meilleure tradition de la comédie, avec clins d'œil, références et sous-entendus. Les deux actes, qui contiennent dans leur succession la mise en abyme du rêve et de l'illusion, la fugacité du bonheur, l'impossibilité de peser sur le temps et sur la destinée, la vanité du dialogue amoureux, le poids du réel, s'imposent comme du vrai, du beau théâtre. La virtuosité des comédiens, la précision de la mise en scène permettent au comique, au poétique, au tragique de se côtoyer, de se mêler sans se heurter. L'ensemble est séduisant. Passant, arrête-toi au Théâtre du Marais, le temps d'une visite dans les couloirs du métro... Tu ne le perdras pas, ce temps. 

Jean-Pierre Longre

http://esperluete.asso.free.fr

http://www.theatre-du-marais.com

 

Théâtre du Marais, 37 rue Volta, 75003 Paris.

Les dimanches à 19h00 du 9 mai au 27 juin 2010

Réservation : 01 45 44 88 42

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14/05/2010 | Lien permanent

Un bébé plein de potentialités

Bens oulipo.gifJacques Bens, L’Oulipo, Genèse de l’Oulipo 1960-1963, Le Castor Astral, 2005.

 

En 1980, Jacques Bens publiait chez Christian Bourgois ou li po 1960-1963, regroupant, précédés d’un « acte de naissance », les comptes rendus des réunions de l’Oulipo durant les trois premières années de son existence. Noël Arnaud, à la fin de sa préface, écrivait : « Nous voulions simplement représenter la photographie sans retouche du bébé OuLiPo à ses premiers pas mal assurés, s’essayant à articuler ses gazouillis, mais laissant déjà entendre à travers ses balbutiements des mots pleins de sens qui vont dicter son destin ».

 

La relation fidèle (même si non exhaustive) de cette « naissance » (terme qui en sous-titre eût été plus approprié que « genèse », qu’il faudrait réserver aux œuvres pré-oulipiennes – ou aux « plagiats par anticipation » – dont est parsemée l’histoire de la littérature depuis les temps les plus anciens), cette relation fidèle est reprise à bon escient par le Castor Astral. Dans sa préface et sa postface à cette nouvelle édition, Jacques Duchateau rappelle les circonstances de la création, par Raymond Queneau et François Le Lionnais, de ce groupe (« séminaire » ? « Olipo » ?... dénominations incertaines au départ) issu des discussions de la décade de Cerisy consacrée à Queneau en septembre 1960, en présence (réticente) de l’écrivain ; il insiste à juste titre sur la face mathématique des préoccupations de ses fondateurs (Le Lionnais était « écrivain scientifique » et Queneau féru de mathématiques), fondateurs dont les noms et les biographies sont rappelés : outre les sus-cités, Noël Arnaud, Jacques Bens (évidemment), Claude Berge, Jacques Duchateau (bien sûr), Latis, Jean Lescure, Jean Queval, Albert-Marie Schmidt. Depuis, l’eau a coulé, le bébé a grandi, les recherches se sont diversifiées, les chercheurs se sont renouvelés (citons au moins Georges Perec, Italo Calvino, Jacques Roubaud, François Caradec, Jacques Jouet, Marcel Bénabou, Paul Fournel, Hervé Le Tellier, Michelle Grangaud, Anne Garréta, et les autres… ; citons aussi des branches annexes comme l’Oulipopo – littérature policière –, l’Oupeinpo – peinture –, l’Oubapo – bande dessinée…).

 

Ouvrage des plus sérieux donc, document irremplaçable, prouvant sur le vif et avec la spontanéité du discours direct que les réunions de l’Oulipo n’étaient pas seulement l’occasion de réjouissances culinaires assorties d’une joie toute pataphysique, mais aussi et surtout de vraies séances de travail (ce qu’elles sont toujours), avec communications diverses, élaborations de contraintes nouvelles, composition de textes dont plusieurs sont annexés aux relations de ces séances. Certains des exercices ainsi pratiqués, fondés sur la polysémie, l’isovocalisme, l’isosyntaxisme, les jeux de rimes, de rythmes, de sonorités, de signes, de lettres sont restés gravés dans les annales du groupe, poursuivant leur chemin jubilatoire dans les territoires de la poésie.

 

S’il en était besoin, cette réédition enrichie montrerait que la vitalité qui caractérise l’Oulipo adulte n’est pas un hasard : elle est inscrite dans ses gènes.

 

Jean-Pierre Longre

 

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20/06/2010 | Lien permanent

Les aboiements de la littérature

Essai, francophone, Jan-François Louette, La Baconnière., Jean-Pierre LongreJean-François Louette, Chiens de plume. Du cynisme dans la littérature française du XXe siècle, La Baconnière, 2011

Il y a le Cynisme, mouvement philosophique venu de l’antiquité et dont Diogène est la figure la plus fameuse, il y a le cynisme, attitude sociale de l’amertume, qualifié ici de « mondain », et il y a le « canisme », qui donne à l’expression littéraire le point de vue du chien (ou l’inverse ?) ; l’auteur rappelle à juste titre que le mot « cynisme » vient du grec « kuôn », chien.

Voilà ce que Jean-François Louette, professeur à la Sorbonne, entreprend d’étudier à travers cinq écrivains du XXe siècle, Michaux, Queneau, Bataille, Drieu la Rochelle, Nimier, plus quelques autres qui parcourent en zigzag les dix chapitres du livre (parmi lesquels se font repérer par leurs jappements réitérés Maupassant, Gide, Céline, Sartre, Genet, d’autres encore, en meutes ou solitaires).

Les soubassements philosophiques de l’analyse servent la cause littéraire, et c’est ce qu’on attend : il s’agit bien du « cynisme dans la littérature », et non du cynisme littéraire dans la philosophie, ni du cynisme des écrivains en tant qu’individus. Prenons l’exemple du chapitre consacré à Raymond Queneau, balayant les rapports du chien et du cynisme avec un écrivain qui ne s’est pas privé de faire remarquer que son nom même évoque à la fois le chêne et le chien (le haut et le bas) et qui cultive un « mythe personnel du chien » ; rapports avec l’écrivain, donc, mais aussi et surtout avec les personnages de certains de ses romans comme Le chiendent (titre en soi significatif), avec l’écriture même, cette écriture dont l’attitude distanciée par rapport à la langue et aux conventions romanesques relève aussi du cynisme.

Exemple probant, mais très partiel. Les autres chapitres font des « chiens de plume » cités plus haut des objets d’études fouillées, de découvertes judicieuses. En même temps, la portée de la réflexion se fait volontiers générale, par exemple sur le cynisme comme « révélateur de la modernité », sur les attitudes contradictoires et complémentaires du chien (l’écriture peut aboyer chaleureusement ou agressivement, l’animal littéraire peut être gai ou triste, nonchalant ou en colère…), et sur les va-et-vient entre cynisme et littérature : « La littérature aiguise notre connaissance du cynisme. En sens inverse, il se peut que la connaissance du cynisme aiguise notre savoir des mécanismes du champ littéraire ».

Jean-Pierre Longre

www.editions-baconniere.ch   

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Variations sur des thèmes très humains

livre-cantates-de-proximite.jpgJacques Jouet, Cantates de proximité, « Scènes et portraits de groupes », P.O.L., 2005

 

Jacques Jouet aime les contraintes oulipiennes, les gens (dans le métro, dans la rue, en groupes), la musique des mots, Raymond Queneau et Jean-Sébastien Bach… En outre, il aime écrire (des essais, des récits, des poèmes), et les Cantates de proximité sont ici rassemblées comme des humains en société, mais comme eux peuvent être considérées individuellement.

 

Placées (entre autres) sous l’égide de Max Beckmann, « peintre d’histoire », dont les apparitions (ou plutôt celles de certaines de ses œuvres) rythment l’ensemble, ces cantates sont composées de variations sur des sujets collectifs. De même que beaucoup d’entre elles sont encadrées par des listes, des séries de mots clés qui ouvrent et ferment chaque unité textuelle, de même il est possible de résumer le tout en énumérant les thèmes. Il y a donc, dans le désordre et à quelques notes près : des élèves de collège et de terminale L, des étudiants, des militants associatifs, des prud’hommes en stage de formation, une équipe féminine de basket, la famille Bach, des habitants de Ouagadougou, des photographes, les permanents du Haut-Koenigsbourg, des architectes, des employés de l’usine Sollac de Biache ou d’une filature en fin de vie – les uns et les autres victimes de la dégradation sociale, la fête et les révoltes du 1er mai, Rostropovitch devant le mur de Berlin, les comédiens d’une pièce de Marivaux, des vaches, une rue de Calais, des syndicalistes, les morts du « Mémorial indien » (Pas-de-Calais)…

 

Et comment se combinent ces variations ? En phrases très brèves ou très longues (ces dernières posant, dans la tonalité du « à supposer que… », des hypothèses de travail), en récits, dictons, dialogues, portraits (poétiques) individuels ou collectifs, citations, comptes, chaînes, textes journalistiques, texte en blanc, questions qui persistent jusqu’à l’enterrement du livre en personne…Surtout, des poèmes à formes plus ou moins fixes – et leur liste en est un à elle seule : pantoums, monostiques, redondes, haïkus, « un seul mot », sextines, morale élémentaire, sonnets, quinines, poèmes de métro (spécialité jouetienne), bruits/cris, canto/cantate, chant patriotique, propositions nominales, « terza rima berrychonne », quenoum…

 

Cantates de proximité est une œuvre complète (comme on dit d’un menu), dont l’élaboration est en phase avec l’attachement à la littérature et à ses théories (Barthes avant Queneau, Perec et consorts), mais aussi pleinement aux humains, aux proches, à nous, interprètes, auditeurs, lecteurs. Comme le théâtre, comme la musique, la poésie est un miroir à peine déformant.

 

Jean-Pierre Longre

 

www.pol-editeur.com

 

www.oulipo.net/oulipiens/jj

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19/06/2010 | Lien permanent

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