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Mots, lignes, couleurs (11/03/2013)

Illustration, poésie, Madeleine Ravary, Apollinaire, éditions Calliopées, Jean-Pierre LongreMadeleine Ravary, Apollinaire illustré, Éditions Calliopées, 2012

« Admirez le pouvoir insigne         

Et la noblesse de la ligne :

Elle est la voix que la lumière fit entendre

Et dont parle Hermès Trismégiste en son Pimandre. »

Le premier poème, placé sous le signe d’Orphée, suggère la double dimension de ce double recueil : la musique des mots et des vers, la plastique des illustrations.

À chaque poème son dessin aux lignes courbes, aux couleurs abondantes ou, au contraire, en sobre noir et blanc. Le plus souvent, le figuratif se détache sur un foisonnement de volutes ou de lignes simplement suggestives, parfois frisant l’abstraction, parfois tenant du calligramme. Animaux ou êtres humains se glissent discrètement ou s’imposent carrément dans la profondeur de la page. Et comme le proclame l’enchanteur :

                                 « Bêtes en folie… Croyez-moi je vous aime

                                 Et sais le nom de chacune de vous. »

Claude Debon rappelle dans sa préface que Madeleine Ravary a eu de fameux ou d’obscurs prédécesseurs dans l’illustration du Bestiaire, et pratiquement aucun pour ce qui concerne L’Enchanteur pourrissant, et juge qu’« il faut du courage » pour se lancer dans ce genre de travail. C’est vrai. Le courage de se libérer des carcans tout en restant fidèle à la magie des poèmes, Madeleine Ravary l’a eu. Et l’influence chinoise, qui se manifeste ouvertement dans la traduction des titres du Bestiaire, plus secrètement dans les dessins eux-mêmes, n’est pas la moindre preuve de cette fusion entre liberté et fidélité, qui est l’un des propres de l’art.

Jean-Pierre Longre

www.calliopees.fr

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