Métamorphose de la bande dessinée (05/02/2014)
Balthazar Kaplan, Little Nemo, le rêveur absolu, Ab irato, 2014
Winsor McCay (1869-1934) est un pionnier, et son Little Nemo in Slumberland, créé en septembre 1905, publié en feuilleton à partir de cette date, renouvelle radicalement l’esthétique de la bande dessinée, en en faisant un genre à part entière, distinct du récit illustré. Cela, Balthazar Kaplan le rappelle, bien sûr, mais ne s’en contente pas : il analyse aussi d’une manière explicite et détaillée, quasiment exhaustive, ce qu’il faut savoir sur une œuvre que l’on peut considérer comme la première bande dessinée moderne.
En deux grandes parties, « Préambule au rêve » et « Au cœur du rêve », l’exploration du monde imaginaire de Little Nemo se fait de plus en plus incisive, de plus en plus pénétrante. Il y a, comme il se doit, l’ancrage dans une Histoire, l’héritage culturel – Jules Verne, Lewis Carroll, Andersen, les mythes populaires… Il y a l’humour, lié aux dysfonctionnements et aux transformations, l’onirisme évidemment, puisque les rêves et la fantaisie, le merveilleux et le monstrueux, l’illusion et la théâtralité sont autant de ressorts de la fiction.
Mais Little Nemo ne donne pas prise aux simplifications. Si l’imaginaire en est une constante, il cohabite avec le réel, en une subtile dialectique ; de même pour ce qui est de celle qui commande les relations entre « construction » et « perturbation » du monde. « Rien n’est stable, tout se transforme – être, chose, lieu », écrit l’auteur. Ajoutons à ces considérations celles qui concernent le dessin, toujours en mouvement (lignes et couleurs). Car « ce qui est fascinant avec McCay est qu’il ait si tôt et si vite compris les possibilités de la bande dessinée ». Le « génie » du dessinateur réside, entre autres, dans le jeu sur les cadres et sur les planches elles-mêmes, qu’il envisage d’une manière globale.
Faute d’entrer dans les détails de cette étude, disons qu’elle est à la fois savante et accessible, complète et éclairante, et que les illustrations (planches entières ou détails de dessins) qui la ponctuent, outre le rôle de preuves qu’elles jouent régulièrement, accentuent le plaisir de la lecture.
Jean-Pierre Longre
http://abiratoeditions.wordpress.com
Voir aussi Little Nemo 1905-2005, un siècle de rêves, album collectif, Les Impressions nouvelles : http://www.lesimpressionsnouvelles.com/catalogue/little-n...
09:26 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : essai, bande dessinée, francophone, anglophone, winsormccay, balthazar kaplan, ab irato, jean-pierre longre | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Cher Monsieur,
Je tiens à vous remercier pour votre lecture et votre chronique. Vous avez parfaitement saisi quel a été mon projet dans cet essai. Je l'ai voulu à la fois profond, personnel et accessible, avec de courts chapitres qui se lisent un peu comme un roman.
Bravo donc pour la qualité de votre site.
Bien à vous
Balthazar Kaplan
Écrit par : balthazar Kaplan | 17/02/2014