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Rechercher : les mots du spectacle en politique

« Ce que l’homme fait, l’homme le détruit »

Roman, francophone, Jérôme Ferrari, actes-sud, Jean-Pierre LongreJérôme Ferrari, Le sermon sur la chute de Rome, Actes Sud, 2012, Babel, 2013.

Prix Goncourt 2012

C’est au rythme de messages spirituels délivrés par Saint-Augustin que Jérôme Ferrari relate l’histoire d’une famille, entre la naissance et la mort de Marcel Antonetti, le grand-père, qui non seulement ouvre et clôt le roman, mais lui donne une empreinte photographique indélébile. Ascension et décadence, va-et-vient dans le temps (de 1918 à nos jours) et dans l’espace (la Corse, le continent, l’Afrique), le petit groupe représente l’entière humanité qui, croyant à la bénédiction durable, se voit condamnée par la malédiction à laquelle sont vouées les constructions terrestres, selon le sermon de l’évêque d’Hippone.

Roman, francophone, Jérôme Ferrari, actes-sud, Jean-Pierre LongreCela dit, si la philosophie sous-tend la narration, celle-ci ne se prend ni pour une dissertation, ni pour une leçon de morale, ni pour un traité spirituel. Elle tourne autour de plusieurs pôles, dont le principal est le café d’un village corse repris par deux amis étudiants en philosophie, Matthieu, petit-fils de Marcel, et son ami Libero ; ils veulent faire du bistrot à l’abandon un lieu de bonheur, une espèce d’abbaye de Thélème – et il le sera pendant quelque temps, avant de sombrer dans la tragédie, violence et débauche conjuguées. Les autres membres de la famille et leurs satellites ont eux aussi leurs histoires plus ou moins autonomes, comme Aurélie, sœur de Matthieu, qui, justement, prend part en Algérie aux fouilles visant à retrouver la cathédrale d’Augustin.

Tout avance, tout se bâtit, tout se délite dans une prose qui elle-même avance, se bâtit, se délite sur un vide porteur, comme si les phrases elles-mêmes, cahoteuses et escarpées, ne reposaient que sur une force stylistique illusoire, vouée à la chute. Un balayage verbal dont la dynamique mime la bourrasque qui balaie l’univers humain. « La terre est secouée avec tous ses habitants », dit le psaume de l’office des ténèbres du Jeudi saint, dans l’église du village comme partout dans le monde.

Jean-Pierre Longre

 

www.actes-sud.fr  

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18/11/2013 | Lien permanent

Matéi Visniec à Lyon

Théâtre, roman, poésie, francophone, Roumanie, Matéi Visniec, Jean-Pierre LongreRencontre à la Bibliothèque Municipale de Lyon – La Part-Dieu 

Dans le cadre de son vingtième anniversaire, l’association Rhône Roumanie, en partenariat avec l’Institut Culturel roumain de Paris et la Bibliothèque Municipale de Lyon, propose une Rencontre sur la littérature roumaine francophone, avec Matéi Visniec, dramaturge, poète et romancier.

Rencontre animée par Jean-Pierre Longre.

Jeudi 28 novembre à 18h30,auditorium de la Bibliothèque Municipale de Lyon la Part-Dieu

Entrée libre.

Tous renseignements sur :

http://php.bm-lyon.fr/phpmyagenda/infoevent3.php3?id=9831

http://www.visniec.com

http://jplongre.hautetfort.com/tag/mat%C3%A9i+visniec

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27/11/2013 | Lien permanent

La Roumanie musicale

Musique, Roumanie, Nicolas Gabaron, Clémence Cartade, Kangkang Sun, Rémi Geoffroy, Rhône Roumanie, Jean-Pierre LongreConcert de musique de chambre roumaine, Nicolas Gabaron, Clémence Cartade, Kangkang Sun, Rémi Geoffroy. Salle Eugène Brouillard, Mairie du 3e arrondissement de Lyon, 29 novembre 2013

De la musique roumaine ? À cette évocation, la pensée vagabonde volontiers du côté du folklore, des danses populaires, des Tarafs avec violon qui pleure, accordéon qui chante et cymbalum qui résonne, avec tuniques colorées, bottes altières et jupes tournoyantes – ce qui n’est jamais pour déplaire… À la rigueur, on évoque les Danses roumaines de Béla Bartók, les œuvres de Georges Enesco et le jeu pianistique de Dinu Lipatti ou de Radu Lupu. Ce que l’on sait moins, c’est que depuis la deuxième moitié du XIXe siècle (période de naissance du pays actuel) jusqu’à nos jours, s’est épanouie en Roumanie une musique « classique » dont la richesse et la beauté ne méritent pas l’ignorance dans laquelle on la confine – du moins en Europe occidentale.

Cette richesse et cette beauté, quatre jeunes musiciens lyonnais viennent d’en donner un échantillon exceptionnel, mettant au service de cette musique méconnue non seulement leur talent et leur virtuosité, mais aussi leur extrême sensibilité.

Pour son vingtième anniversaire, l’association Rhône Roumanie avait demandé à Nicolas Gabaron, flûtiste, Clémence Cartade, flûtiste, Kangkang Sun, altiste et Rémi Geoffroy, pianiste de donner un répertoire de musique de chambre, ce qui nécessita de leur part un travail méticuleux de recherche (œuvres et partitions), puis, bien sûr, de répétitions, pour aboutir à ce genre de moment où l’élaboration musicale n’enraye pas – bien au contraire – l’émotion sincère, où les mouvements du cœur sont inséparables du plaisir esthétique, que ce soit, pour l’occasion et successivement, avec Stan Golestan, Georges Enesco, Sigismund Toduţă, Ciprian Porumbescu ou Franz Doppler.

Le public en redemandait, en redemande toujours… Souhaitons donc que ce concert, qui mérite d’être donné à d’autres occasions, soit le point de départ d’une connaissance élargie et approfondie d’une musique qui, tout en s’insérant dans le patrimoine européen, conserve souvent, ouvertement ou en filigrane, les traces de ses origines et de son histoire, et qui en cela garde une véritable originalité.

Jean-Pierre Longre

http://rhone.roumanie.free.fr 

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04/12/2013 | Lien permanent

La maigrelette poursuit son vol

Musique, chanson, Amélie les Crayons, NeommeMéli-mélo, le nouvel album d’Amélie les Crayons, arrive début décembre !

« Amélie-les-crayons a pris l’habitude de chouchouter son public à l’approche de Noël. Cette année, c’est tout simplement un nouvel album qui sort sans prévenir ! Un CD en édition limitée de plus d’une heure de musique ! 18 titres revisités, certains en concert, d’autres remodelés à la maison, remontés, réenregistrés, rechantés !

Retrouvez La Maigrelette, son Gros Costaud, Elizabeth, la P’tite Flamme, le Docteur, Les Filles des Forges, le Danseur de Lune, le P’tit Caillou et bien d’autres dans des versions toute nouvelles ainsi qu’un somptueux duo avec Anne Sylvestre et un autre – revisité aussi – avec Aldebert ! Un petit trésor pour les fans et un joli tour d’horizon pour ceux qui découvriraient ».

Sortie : 10 Décembre 2013 
textes & musiques : amélie-les-crayons
 
amélie-les-crayons : piano, chant
 
olivier longre : guitares, mandoline, flute, percussions, harmonica, clarinette, concertina, lyre, basse
 
antoine amigues : banjo
 
nicolas allemand : batterie
 
bruz : drums, bass, tuba
 
michel caroline : accordéon
 
christophe darlot : accordéon, piano
 
guillaume clary : flutes
 
yann-gaël poncet : violon
 
hubert harel : piano
 
illustrations : samuel ribeyron
 
photographies : aurélie raidron
 
mastering : fabien andré
 

Commandes sur:

http://shop.neomme.com/product/meli-melo

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07/12/2013 | Lien permanent

Des revues à foison

Études greeniennes n° 5, Apollinaire n° 14, Cahiers Raymond Queneau n° 3, Éditions Calliopées, 2013

Revue, francophone, Julien Green, Guillaume Apollinaire, Raymond Queneau, éditions Calliopées, Jean-Pierre Longre

Aux éditions Calliopées, une part importante des publications est consacrée à des revues que l’on appellera monographiques, puisque chacune d’entre elles est consacrée à un auteur particulier : Guillaume Apollinaire, Julien Green, Pierre Jean Jouve, Raymond Queneau, Jean Tardieu. Apollinaire, Green et Queneau font l’objet des toutes dernières livraisons.

Le numéro 5 des Études greeniennes, présenté par Marie-Françoise Canérot et Carole Auroy, est largement consacré à des articles précis sur le motif de la nuit dans plusieurs des œuvres de l’écrivain. « S’enfoncer dans la nuit greenienne, c’est […] pénétrer au cœur battant d’un homme et d’un imaginaire », écrit M.-F. Canérot. Le volume se clôt par la fort belle reproduction d’une lettre manuscrite de l’auteur.

Revue, francophone, Julien Green, Guillaume Apollinaire, Raymond Queneau, éditions Calliopées, Jean-Pierre Longre

Le n° 14 d’Apollinaire, revue qui publie régulièrement, depuis plusieurs années, des « études » à la mesure du génie, de l’éclectisme et de la notoriété du poète, est inauguré, après l’éditorial de Jean Burgos, par les « ouvertures » d’un autre poète, Jean-Michel Maulpoix, puis par un texte émouvant de Madeleine Pagès, la fiancée lointaine, présenté par Claude Debon. Suivent des études spécialisées, notamment un article de grand intérêt sur « la musique d’Apollinaire », par Peter Dayan, avant les traditionnels comptes rendus et échos.


Raymond Queneau est, peut-on dire, celui qui peuple le plus Revue, francophone, Julien Green, Guillaume Apollinaire, Raymond Queneau, éditions Calliopées, Jean-Pierre Longreassidûment le catalogue des éditions Calliopées. Le numéro 3 des Cahiers qui lui sont consacrés, sous la houlette de Daniel Delbreil, est consacré à des « déchiffrements » divers : parallèle Queneau-Cioran, études concernant En passant, Pierrot mon ami, le « langage des fleurs », présentation d’un texte de jeunesse sur l’Albanie… Volume particulièrement émouvant, puisqu’il commence en évoquant la mémoire de trois grands « queniens » récemment disparus, Claude Simonnet, Brunella Eruli et Florence Géhéniau.

Revues de spécialistes ? Oui, en partie, avec les exigences intellectuelles et la perfection formelle que cela implique. Mais les études à caractère universitaire voisinent avec des textes, des présentations, des nouvelles, des échos dans lesquels tout lecteur peut trouver son intérêt et son plaisir.

Jean-Pierre Longre

www.calliopees.fr 

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17/12/2013 | Lien permanent

Doutes et séductions

Roman, anglophone, Paul Auster, Christine Le Bœuf, Actes Sud, Le livre de poche, Jean-Pierre LongrePaul Auster, Invisible. Traduit de l’américain par Christine Le Bœuf, Actes Sud, 2010, Le livre de poche, 2013

Paul Auster possède au plus haut degré l’art de combiner l’illusion romanesque avec les mystères de la vie réelle. En l’occurrence, Invisible (dont le titre s’adapte et réfère aussi bien à l’une qu’aux autres, tout en ménageant d’autres pistes) présente d’abord d’une manière relativement classique (dirons-nous), sous la forme d’un récit rétrospectif à la première personne, les aventures d’Adam Walker. L’ambition poétique de celui-ci semble se satisfaire de la rencontre presque miraculeuse du riche français Rudolf Born et de son énigmatique et séduisante compagne, qui lui proposent la création d’un magazine de littérature – création qui tournera court, dans la violence et la tromperie.

Roman, anglophone, Paul Auster, Christine Le Bœuf, Actes Sud, Le livre de poche, Jean-Pierre LongreÀ partir de là, les échafaudages romanesques se mettent en place : diversité des points de vue narratifs, mise en doute de la vérité biographique, apparitions de nouveaux personnages, de nouveaux horizons (entre l’Amérique et la France), de nouveaux mystères, imbrications réciproques du présent et du passé, de la fiction et de la réalité, de l’amitié et de l’inimitié, de l’attirance et de la répulsion, de la vie et de la mort…

Voilà le type même du livre qui se lit à différents niveaux, dont les couches narratives, fortement solidaires entre elles, se détachent les unes des autres avec un mélange de difficulté et de plaisir – savoureuse résistance du roman au déchiffrage qui n’a pas de fin. Et comme une mise en abîme, un récit se déroule à l’intérieur du récit, les deux se mettent mutuellement en perspective et en doute, se dérobant l’un à l’autre pour mieux se recomposer l’un dans l’autre. « Il eût été si simple d’effacer mes traces en niant l’existence du livre, ou de lui dire que je l’avais perdu quelque part, ou de prétendre qu’Adam avait promis de me l’envoyer mais ne l’avait pas fait », dit l’ultime narrateur. Heureusement, le livre est là, tout simplement, dans toute sa complexité. Adam Walker nous déroute et nous séduit, et Paul Auster nous raconte des histoires. Quoi de meilleur?

Jean-Pierre Longre

www.actes-sud.fr 

www.livredepoche.com  

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18/12/2013 | Lien permanent

De Valentin à Raymond

Revue, essai, francophone, Raymond Queneau, Oulipo, éditions Calliopées, Jean-Pierre LongreCahiers Raymond Queneau n°1, "Quenoulipo", Éditions Calliopées, 2011

Il y a eu, jusqu’en 1986, la première série des Amis de Valentin Brû ; puis les Cahiers Raymond Queneau, et une nouvelle série des Amis de Valentin Brû ; dorénavant, l’écrivain a repris la place du personnage et la nouvelle série des Cahiers Raymond Queneau, toujours sous l’égide de l’association des Amis de Valentin Brû, est publiée par les éditions Calliopées, maison qui a l’expérience des ouvrages sur Queneau et des revues diverses (Apollinaire, Cahiers Jean Tardieu, Études greeniennes).

Tout cela, Daniel Delbreil, directeur des publications, le rappelle à bon escient dans son éditorial, avant de laisser la place à Astrid Bouygues, responsable de ce numéro 1 consacré aux rapports entre Queneau et l’Oulipo (bien normal, puisque, comme chacun le sait, l’auteur de Cent mille milliards de poèmes fur cofondateur de l’Ouvroir, qui a fêté récemment ses 50 ans). Alors on a invité du beau monde, de belles plumes qui représentent différentes générations, différentes manières, différents types de relation au père (ou grand-père)… Paul Fournel, qui affirme justement : « Il n’est pas étonnant que chaque oulipien ait « son » Queneau et en fasse le meilleur usage » ; puis Frédéric Forte, Ian Monk, Jacques Jouet, Michèle Audin, Michelle Grangaud, Harry Mathews, Daniel Levin Becker, qui se sont tous soumis aux contraintes de l’écriture oulipienne et/ou mémorielle ; sans oublier, exhumés et présentés par Bertrand Tassou, des textes inédits de Jacques Bens, oulipien historique.

La vocation première des Cahiers Raymond Queneau est, comme on s’en doute, l’étude de l’œuvre quenienne. Après la création, donc, priorité aux universitaires : Camille Bloomfield mesure et analyse avec une précision scientifique les rapports Queneau–Oulipo, Virginie Tahar examine de près les rapports intertextuels entre les mêmes, et Astrid Bouygues fait part des relations oulipiennes entre les écrits de François Caradec et Raymond Queneau. Comptes rendus et échos divers closent, comme il se doit, un volume qui ne manquera pas de ravir un public déjà conquis, mais aussi de conquérir un public potentiel.

Jean-Pierre Longre

www.calliopees.com    

Pour commander ou s’abonner :

www.calliopees.fr/e-librairie/fr/12-cahiers-raymond-queneau

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30/12/2011 | Lien permanent

Une nouvelle librairie à Lyon

Librairie, Lyon, Point d'encrageLa librairie POINT D’ENCRAGE vient d’ouvrir dans le 9e arrondissement (Vaise). Accueil chaleureux, conseils éclairés : avis aux amateurs de bonne littérature, qui ne figure pas forcément dans les listes des best-sellers… Et un bel espace pour les enfants et la bande dessinée.

Une fête d'inauguration aura lieu le samedi 10 novembre à partir de 18h. A 18h30 Romain Verger lira des extraits de ses trois romans publiés. A 20 heures, Fred Griot dira sa poésie. La soirée se terminera quand tout le monde sera fatigué...

Coordonnées de la librairie :
Point d'Encrage
73, rue Marietton
69009 Lyon
04.78.47.84.16
06.61.92.76.39

En attendant la construction du site, on peut consulter :
http://www.facebook.com/PointDencrage  

et le blog d’Anne-Françoise Kavauvea, l’une des deux libraires : http://annefrancoisekavauvea.blogspot.fr/

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04/11/2012 | Lien permanent

« L’excès de l’absence »

Roman, autobiographie, francophone, Jérôme Garcin, Gallimard, Folio, Jean-Pierre LongreJérôme Garcin, Olivier, Gallimard, 2011, Folio, 2012

Olivier allait avoir six ans lorsqu’il fut tué par un chauffard. Sa mort priva Jérôme, son frère jumeau, d’un autre soi-même, de son double, d’une présence nécessaire. « À chaque anniversaire, le même trouble me saisit : j’ai l’impression que je ne suis pas seul ». Et ce livre, pour la première fois, fait confidence de cet « excès de l’absence » (pour reprendre une formule de L’instant fatal de Queneau), de cette présence en creux qui a modelé ses attitudes face à la vie.

La solitude a donné à l’enfant, à l’adolescent, à l’adulte le goût de l’isolement, du grand air, des randonnées équestres dans la campagne ; les secrets enfouis de la gémellité perdue lui ont donné le goût du silence, de la pudeur muette et nouée. De là, la nécessité d’écrire : « Parmi tout ce que tu m’as appris, il y a d’abord ceci : on écrit pour exprimer ce dont on ne peut pas parler, pour libérer tout ce qui, en nous, était empêché, claquemuré, prisonnier d’une invisible geôle ». L’environnement familial et les choix délibérés aidant, la moitié vide de son existence a vite aspiré Jérôme vers les livres, toutes sortes de livres, parmi lesquels émergent ceux qui relatent l’« expérience du deuil ». Vers les livres à lire, vers les livres à commenter, vers les livres à écrire.

Roman, autobiographie, francophone, Jérôme Garcin, Gallimard, Folio, Jean-Pierre LongreEt ce livre-ci, Olivier, vagabondage poétique et délicat dans les souvenirs, dans les chagrins, les « sourires invisibles », les « émotions camouflées », dans les évocations familiales anciennes et toutes fraîches, tristes et joyeuses, dans les réflexions et les références d’ordre psychologique, les territoires méconnus de l’inconscient, – ce livre-ci, on comprend que l’auteur ait hésité à le publier : « Peut-être conviendrait-il de le laisser à l’état de brouillon, de vieux papier, de palimpseste, et de ne pas enfermer cette confidence volatile dans un livre définitif ». Il est pourtant, avec raison, allé jusqu’au bout ; pour lui-même sans doute ; pour son jumeau ainsi assuré de demeurer hors de l’oubli ; pour leur mère aussi – la postface d’avril 2012 en fait l’aveu : « Ce que, par une pudeur partagée, nous ne nous disions pas, mes pages l’ont libéré ». Elles libèrent de même tout lecteur, confronté à sa propre expérience du manque, si enfouie soit-elle.

Jean-Pierre Longre

www.gallimard.fr   

www.folio-lesite.fr  

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20/10/2012 | Lien permanent

Distillerie littéraire au Pont du Change

Les éditions Le Pont du Change continuent à distiller des textes narratifs et poétiques. En voici deux, qu’il convient de déguster délicieusement à gorgées mesurées.

Nouvelle, récit, Christian Cottet-Emard, Roland Counard, Le pont du change, Jean-Pierre LongreDrôle d’animaux

 

Christian Cottet-Emard, Dragon, ange et pou, trois burlesques, Le Pont du Change, 2012

Est-il possible qu’un diacre un peu encombrant se métamorphose malgré lui en pou géant accroché à des tuyaux d’orgue ? Existe-t-il des bébés dragons cachés sous les bâches des tas de bois ? Un ange peut-il nous aider à sortir et rentrer les poubelles ?

De fait, tout cela se produit bel et bien dans les nouvelles de Christian Cottet-Emard. Pas simplement pour le plaisir de l’étrange et du fantastique. Ceux-ci, au-delà de leur charme propre, sont des chemins vers le « burlesque » et le comique de situation, mais aussi des moyens d’accès à une sorte d’observatoire. Observatoire du genre humain, de ses réactions face à l’inattendu – réactions qui n’en sont pas, puisque rien semble-t-il ne peut transformer les habitudes des hommes, incorrigibles curieux. L’auteur l’avoue poétiquement : « Les personnages principaux se contentent d’observer, comme les anges curieux de Conques qui enroulent le firmament, légèrement en retrait de ce qui s’annonce ».

Au rire déclenché par l’écriture (jeux sur les noms propres, dialogues alertes, formules répétitives, farce…) répond, plus profondément, la possibilité d’une méditation sur ces drôles d’animaux que sont les humains et sur l’évolution générale de l’espèce.

 

Nouvelle, récit, Christian Cottet-Emard, Roland Counard, Le pont du change, Jean-Pierre LongreRécit au compte-gouttes

Roland Counard, Le laitier de Noël, Le Pont du Change, 2012

 

De tout petits textes, à la mesure du garçonnet qui en est le héros. De tout petits textes qui, même s’ils restent aussi distincts les uns des autres que des poèmes en prose ou des saynètes comiques, forment une trame narrative aussi cohérente qu’énigmatique. De tout petits textes qui s’adressent à lui, Robin Dubuisson (deviendrait-il un jour Robin des Bois ?), tout en laissant planer sur ses faits et gestes, sur ses intentions mêmes, de lourds soupçons…

 

Car si la famille et le voisinage de Robin forment de prime abord un entourage rassurant, une cellule confortable, les morts violentes se succèdent – accidents ou meurtres. Celles du grand-père, de la voisine… et ce n’est certainement pas fini… Peu à peu, au compte-gouttes, les éléments s’emboîtent, sans donner de réponse claire. Vus à hauteur d’enfant, les événements se succèdent, laissant planer des hypothèses peu rassurantes sur la prétendue innocence et l’apparente naïveté des humains de cinq ans.

 

Jean-Pierre Longre

http://lepontduchange.hautetfort.com    

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17/10/2012 | Lien permanent

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