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04/06/2010

Les fondements et l’essor d’un patrimoine

arton98[1].gifAndreia Roman, Litteratura româna / Littérature roumaine, tomes I et II,

éditions Non Lieu, 2010

 

La littérature, au sens moderne du terme, est relativement jeune en Roumanie. Comme le précise l’auteur dans son introduction, elle « connaît une germination lente et ses œuvres importantes ne paraissent que vers la fin du XIXe siècle ». Jeune, mais d’une originalité, d’une diversité, d’une qualité qui nécessitaient une présentation à la fois accessible et détaillée, destinée au grand public. Andreia Roman nous la propose, dans ces deux premiers volumes : Des origines à 1848 (consultant pour la version française : Philippe Loubière) ; De l’époque des « grands classiques » à la Première Guerre mondiale (consultante pour la version française : Lorène Vanini).

La chronologie mène le lecteur du Moyen Âge tardif au début du XXe siècle, selon trois axes complémentaires : une histoire synthétique, de brèves monographies sur les principaux écrivains et un ensemble de textes dont le choix, forcément tributaire d’une certaine subjectivité, est pourtant motivé par la volonté de donner à lire une anthologie représentative des grands moments et des grands courants de la littérature roumaine.

Ces deux volumes obéissent donc visiblement à une intention didactique : faire connaître clairement l’histoire et les productions d’un patrimoine littéraire que les lecteurs français, sauf exception, ne connaissent pas. Mais cette intention n’exclut pas l’analyse de ce qui le fonde et le constitue. Par exemple les « acculturations successives » (slavo-byzantine, grecque, latine, austro-hongroise, allemande, française), les liens avec l’histoire politique et la conquête d’une identité nationale, avec l’affirmation d’une langue spécifique, avec le folklore… On apprend à connaître les querelles qui divisèrent les tenants d’une autonomie culturelle, critiquant les « formes sans fond » et créant en 1864 la société littéraire Junimea, et les admirateurs des cultures étrangères (notamment française), qui s’inspiraient de la révolution de 1848 et de ce qui l’accompagnait en matière artistique. On mesure combien l’essor de la littérature est lié au renouvellement, voire à la création, au XIXe siècle, d’une langue roumaine moderne et des institutions qui favorisent son enseignement… Et l’on comprend qu’au-delà des grandes individualités dites « classiques » (Mihail Eminescu, Alexandru Macedonski, Ion Creangă, Ion Luca Caragiale, Ion Slavici), les groupements et les revues telles que Viaţa românească ont joué un rôle capital.

Rappelons que ces deux volumes sont bilingues, et qu’ainsi ceux qui possèdent et le roumain et le français peuvent lire les textes dans les deux langues, depuis « La Lettre de Neacşu de Câmpulung » (1521), premier texte connu en langue roumaine, jusqu’aux poèmes symbolistes et expressionnistes de George Bacovia (1881-1957). Cela en attendant le troisième volume, qui nous aidera à tracer notre chemin dans le foisonnement de la littérature contemporaine.

Jean-Pierre Longre

www.editionsnonlieu.fr

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