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12/11/2020

L’eau de rose amère de Rosamond

Roman, anglophone, Rosamond Lehmann, Jean Talva, Belfond, Jean-Pierre LongreRosamond Lehmann, L’invitation à la valse, traduit de l’anglais par Jean Talva, Belfond, 2020

Dès le premier chapitre, la description progressive de la maison Curtis campe l’atmosphère particulière du roman, faite d’un mélange de romantisme illusoire et d’analyse sociale sans concessions ; atmosphère particulière et légèrement mystérieuse. « Tout est sage, banal, conventionnel, et même un peu guindé. […] Pourtant on n’en peut méconnaître le pouvoir fascinateur, ignorer les suggestions. Quelque chose se passe ici. » De cette famille traditionnelle de la « bonne société » provinciale anglaise, une figure se détache, celle d’Olivia, qui fête ses dix-sept ans et va être invitée, avec sa sœur aînée Kate, à son premier bal.

Une bonne première partie du roman est consacrée à la préparation de ce bal – choix des robes, invitation d’un cousin un peu étrange en guise de cavalier, recommandations maternelles diverses –, le tout au milieu d’une famille attentive mais plus ou moins déclassée socialement. « Il était clair, pour les deux jeunes filles, que leurs parents s’étaient donné beaucoup de peine pour faire de cette soirée en leur honneur un petit événement. » Et commence la réception tant attendue, avec ses espoirs, ses rencontres, les tentatives (plutôt infructueuses) d’Olivia pour remplir son « carnet de bal », les invitations de jeunes (et vieux) hommes… Pour elle, c’est une expérience inédite, et une occasion de s’épanouir, car même si elle est freinée par un complexe d’infériorité (notamment par rapport à sa sœur et à la famille qui reçoit), elle n’est ni naïve ni vraiment timide, et en se frottant au monde elle affermit son caractère.

Roman, anglophone, Rosamond Lehmann, Jean Talva, Belfond, Jean-Pierre LongreC’est dire que, malgré ce que pourrait laisser croire le sujet, L’invitation à la valse n’est pas un roman à l’eau de rose, ou alors une eau de rose amère et vitaminée ; c’est plutôt un roman initiatique dans lequel Rosamond Lehmann s’adonne aussi à la fine critique d’une certaine société anglaise de l’entre-deux-guerres (nous sommes en 1920). « Dans un petit pays comme Little Compton, on avait à tenir son rang ; il fallait se montrer circonspect, ombrageux, prompt à s’offenser des manques d’égards imaginaires ou des familiarités déplacées. » En outre elle installe une belle galerie de portraits en action, à commencer par celui d’Olivia, et en continuant par ceux de sa sœur, de ses parents, d’un vieil oncle un peu lunatique et, bien sûr, d’un certain nombre d’invités au bal : des jeunes gens de toutes sortes, distingués ou vulgaires, affables ou mufles, sobres ou alcoolisés, séduisants ou laids, parmi lesquels on remarque un attachant jeune père de famille aveugle, un anarchiste légèrement caractériel, un vieillard amateur de jeunes filles… Dans ce monde, Olivia évolue entre admiration et déception. « Il m’est arrivé beaucoup de choses, bonnes ou mauvaises. Qu’est-ce donc qui en fait presque de la richesse ? Fragments étranges, méli-mélo de regards, de paroles… En réalité rien, pour moi. Rollo qui me quitte pour Nicole. Rollo et son père qui me sourient. Peter qui pleure et me dit : « Vous êtes mon amie… » Kate qui a l’air si heureuse… Une valse avec Timmy. Marigold dégringolant l’escalier pour courir vers lui. Oui, je peux dire que j’ai passé une bonne soirée. Bien que ma robe… Elle se mit à désirer de toutes ses forces l’obscurité de sa petite chambre, son lit qui l’attendait à la maison. » Par sa complexité, par ses enjeux psychologiques et sociaux, par sa subtilité, par son style enlevé, L’invitation à la valse, dont la première publication date de 1932, est un roman manifestement moderne.

Jean-Pierre Longre

roman,anglophone,rosamond lehmann,jean talva,belfond,jean-pierre longreLes éditions Belfond publient en même temps Intempéries, publié pour la première fois en 1936.

 « Dix ans après L’Invitation à la valse, Olivia a divorcé, mûri, quand son chemin recroise celui de son premier amour. Cèderont-ils à leur passion commune ? Dans ce second volet des aventures d’Olivia Curtis, l’émotion, l’invitation à l’amour, les vertiges de la liberté sont toujours là, mais avec une tonalité plus grave, plus profonde.

Londres, 1930. Dans le train qui la ramène chez ses parents, Olivia Curtis reconnaît immédiatement Rollo Spencer, frère de sa camarade d’enfance Marigold, mais elle hésite à lui adresser la parole. Le riche fils de Lord Spencer a épousé la roman,anglophone,rosamond lehmann,jean talva,belfond,jean-pierre longrebrillante Nicole, elle-même s’est mariée avec Ivor puis l’a quitté en dépit de la réprobation muette des siens et vit maintenant seule à Londres dans une situation financière précaire.
C’est Rollo qui fait les premiers pas, qui renoue avec entrain les liens d’autrefois — et Olivia se laisse reprendre par la fascination qu’exerçait naguère sur elle la famille Spencer. Alors que Rollo souhaite la revoir, alors qu’il dit l’aimer, comment pourrait-elle résister ? Elle sait bien pourtant que rien d’autre n’est possible entre eux que la clandestinité, les coups de téléphone en cachette, les chambres d’hôtels anonymes…
Malgré tout ça, elle se lance. Avec lucidité mais avec aussi cet espoir fou de voir ses rêves de jeunesse se réaliser et l’amour s’offrir à elle ».

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