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13/03/2020

Des airs qui pleurent, des airs qui rient

Poésie, anglophone, États-Unis, Langston Hughes, Frédéric Sylvanise, éditions Joca Seria, Jean-Pierre LongreLangston Hughes, Mes beaux habits au clou, traduction de l’anglais (États-Unis) et postface de Frédéric Sylvanise, éditions Joca Seria, 2019

Le blues n’est pas seulement une musique. Du moins, sa musique peut être celle des mots, et Langston Hughes l’a prouvé, en suivant les règles strictes du genre : répétition des premiers vers, vers impairs avec rimes, langue populaire mais utilisée avec respect… Comme l’écrit Frédéric Sylvanise dans sa postface : « Le blues vient de la rue, mais il ne faudrait pas lui ôter toute dignité. […] Même dans le malheur, le bluesman cherche lui aussi à s’élever ».

Si le blues en tant que genre et en tant qu’état d’esprit est dominant dans ce recueil, il n’en est qu’un aspect. D’autres formes poétiques s’y épanouissent, avec des textes à la musicalité tout aussi suggestive, aux rythmes et aux sonorités tout aussi prégnants, aux thèmes tout aussi populaires. La misère sociale, le racisme et ses conséquences, le malheur et la mort, l’alcool et la méchanceté, les plaintes en forme de prières, les anecdotes domestiques, la nostalgie et les rêves inaccomplis, et bien sûr les sentiments humains – l’amitié et surtout l’amour, le plus souvent malheureux, mais donnant çà et là l’occasion d’une allusion au bonheur et à l’érotisme souriant d’une fille « trop jolie »… Chants de fidélité et de souffrance à la fois :

« Quand un type aime vraiment sa femme

I’ la quitte pas en plein hiver. 

 

I’ m’a dit qu’i’m’aimait.

Mais il a sûrement menti.

I’ m’a dit qu’i’m’aimait.

Il a sûrement menti.

Mais c’est l’seul homme que j’aimerai

Jusqu’à la fin d’ma vie. »

 

Poésie du peuple, Mes beaux habits au clou (le titre annonce la dominante) est un recueil d’une grande beauté, où le désespoir et l’espoir se côtoient comme naturellement, où les pleurs et les rires se mêlent sans vergogne, où la brutalité n’empêche pas la plus grande douceur de s’exprimer, où l’idée de la mort fait partie de la vie.

« J’attends ma maman,

C’est la Mort.

 

Dis-le tout doux,

Dis-le tout doux si tu veux bien.

 

« J’attends ma maman,

La Mort. ».

Jean-Pierre Longre

www.jocaseria.fr

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