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02/01/2023

La disparition

bande dessinée, autobiographie francophone, riad sattouf, allary Éditions, jean-pierre longreRiad Sattouf, L’Arabe du futur 6, Allary Éditions , 2022

Voilà le dernier tome de la série autobiographique au cours de laquelle nous apprenons tout sur la jeunesse de Riad, de la Syrie à la France. Nous le retrouvons donc à 16 ans, lycéen complexé, « apathique » au grand désespoir de sa mère, et le quittons à 33 ans auteur à succès. Entretemps, les péripéties familiales – colères et démarches désespérées de la mère, vieillissement des grands-parents – et personnelles – timidité à l’égard des filles, amours naissantes, psychothérapie révélatrice, études artistiques, recherche obstinée d’éditeurs pour les premières bandes dessinées – sont ponctuées par l’image obsédante du père qui est reparti en Syrie en enlevant Fadi, le petit frère. Le père, cet « Arabe du futur » qui est tombé dans un traditionalisme haineux, rejetant tout ce qui constitue la culture occidentale. Il faudra que cette image obsédante disparaisse pour que l’histoire s’achève.

bande dessinée, autobiographie francophone, riad sattouf, allary Éditions, jean-pierre longreUne histoire dans laquelle affleure toujours le recul humoristique, mais que son caractère auto analytique rend plutôt sérieuse, voire dramatique. Le dessin, avec bonheur, teinte plaisamment tout cela, ce dessin qui porte la vocation du jeune Riad, passant un jour d’un art « réaliste » à un art « personnel », au grand dam des grands-parents qui se demandent pourquoi leur petit-fils change ainsi de style…

bande dessinée,autobiographie francophone,riad sattouf,allary Éditions,jean-pierre longreIl y a dans cet album tout ce qui fait une jeunesse, en général et en particulier. La famille et ses problèmes, ses disputes, ses séparations, ses retrouvailles, la recherche d’argent, les pièges dans lesquels tombe la mère pour récupérer son petit dernier, l’amitié, l’amour avec ses tâtonnements, les rêves et l’inconscient, l’histoire et la politique en arrière-plan, la naissance et l’accomplissement d’une vocation, l’art qui transcende, qui idéalise même (voir l’image du frère Fadi revenu en France, si beau, bien plus beau que Riad !)… Bien d’autres choses encore, et nous espérons que le point final, cette « disparition de l’Arabe du futur », n'est qu'un point de suspension.

Jean-Pierre Longre

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22/01/2021

Entre Bretagne et Syrie

bande dessinée, autobiographie francophone, riad sattouf, allary Éditions, jean-pierre longreRiad Sattouf, L’Arabe du futur 5, « Une jeunesse au Moyen-Orient (1992-1994) », Allary Éditions, 2020

L’histoire mouvementée de la famille Sattouf se poursuit dramatiquement : le père a enlevé Fadi, le petit frère, et est parti en Syrie avec lui. Que faire ? Riad, sa mère et Yahya sont restés à Rennes, désespérés, soutenus par les grands-parents bretons. La mère alterne les crises de colère et de désespoir, entame une procédure, tente toutes les démarches possibles, des plus prometteuses aux plus illusoires, des plus médiatiques aux plus confidentielles. Et même si le père donne sporadiquement quelques nouvelles, jurant que Fadi va bien et poursuit une bonne scolarité, l’avenir reste sombre.

bande dessinée, autobiographie francophone, riad sattouf, allary Éditions, jean-pierre longreRiad, devenu adolescent, connaît les premiers émois amoureux, séduit par une grande fille rousse qui semble s’intéresser à lui… Sa vie scolaire et sociale connaît des hauts et des bas, quelques satisfactions, les amitiés, la peur des bandes de loulous agressifs, et sa vie tout court laisse une belle part aux rêves, aux fantasmes, aux croyances passagères… Surtout, il y a la naissance d’une vocation encouragée par la professeure d’art plastique, l’admiration des copains et la lecture de BD prêtées par Anaïck, la fameuse copine. Avec, toujours en arrière-plan, l’angoisse de ne jamais revoir Fadi, ou les rêves de son retour avec un père devenu accommodant.

Le caractère autobiographique du récit n’empêche pas le recul, son caractère pathétique n’empêche pas le sourire. L’art de Riad Sattouf est de montrer par le dessin (et aussi par la narration et les dialogues) les subtilités de la psychologie des personnages, à commencer par lui-même, en une sorte d’auto-ironie à la fois sans concessions et indulgente pour son personnage d’adolescent attentif aux autres. Tout est vu avec perspicacité, rendu avec lucidité, sans tomber dans la caricature. Même si se succèdent des disputes, de la violence, des déceptions, il y a par-dessus tout une émotion sincère, une tendre bienveillance qui émane de ces pages.

Jean-Pierre Longre

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02/01/2019

« De moins en moins blond »

Bande dessinée, francophone, Riad Sattouf, Allary Éditions, Jean-Pierre LongreRiad Sattouf, L’Arabe du futur 4, « Une jeunesse au Moyen-Orient (1987-1992) », Allary Éditions, 2018

Riad grandit, se fait « de moins en moins blond », va changer de coiffure, s’intéresse aux filles, est en butte aux moqueries des copains de classe en France (son nom de famille y est pour beaucoup) et à l’animosité de certains de ses cousins en Syrie qui le traitent de « Juif » et insultent sa mère en faisant courir des bruits sur elle… Bref, la vie ballottée entre le Moyen-Orient et la Bretagne n’est pas toute rose pour le jeune garçon et ses deux petits frères, d’autant que ses parents s’entendent de moins en moins bien : une mère qui ne supporte plus la vie en Syrie et rêve de s’installer définitivement en France, un père de plus en plus religieux, de plus en plus traditionaliste, qui ne s’installerait en France que s’il obtenait un poste en Sorbonne !

Bande dessinée, francophone, Riad Sattouf, Allary Éditions, Jean-Pierre LongreHeureusement, quelques moments souriants et drôles (en particulier avec les grands-parents) mettent un peu de baume entre les crises de colère et de désespoir, et les dessins de Riad Sattouf (dont on voit la vocation s’éveiller ici, avec les fiertés et les déboires que cela lui vaut) sont impayables. Après les trois premiers tomes, ce quatrième, aux dimensions plus qu’importantes, promet lui aussi une suite : quelles vont être les conséquences du « coup d’État » final du père ?

Jean-Pierre Longre

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06/01/2017

Le petit blond en Syrie, suite

Bande dessinée, francophone, Riad Sattouf, Allary Éditions, Jean-Pierre LongreNous retrouvons le petit blond (voir ICI) âgé de sept ans en 1985. Avec sa famille, il habite toujours en Syrie, dans un village d’où sa mère française ne rêve que de partir – ce qui provoque des tensions parfois bruyantes dans le couple parental. Et voilà, en six chapitres aux vignettes toujours drôles, émouvantes, expressives, la suite des anecdotes ponctuant une enfance peu banale.

Riad, « maigrelet à cause des gastros », « air un peu satisfait », « extrêmement propret », encombré de sa « sixième version du cartable en carton », est un élève modèle, obéissant par nature et aussi, disons-le, par crainte des coups du maître, pris entre deux cultures, entre religion et athéisme, entre discipline et amusements collectifs, entre rêves et réalité. Jeux virils avec les cousins, visites à la grand-mère et à la tante, fascination pour Conan le Barbare, manœuvres du père pour grimper dans la société syrienne, voyage et séjour en France pour la naissance du petit troisième, histoire drôlement douloureuse de la circoncision… On frise parfois le drame, mais la comédie retombe sur ses pattes. Chaque épisode a sa saveur particulière, chaque portrait sa précision pittoresque.

Riad Sattouf a l’art de combiner dessins aux allures enfantines mais aux traits parfaitement maîtrisés (entre caricature bienveillante et attendrissement sincère), couleurs (dont les tons et les intensités varient avec les lieux et les situations) et textes (phylactères aux formes adaptées à leur contenu, rapides narrations venant à l’appui du message visuel, et, parfois, petites descriptions souriantes et fléchées pour souligner quelques détails). Un beau récit d’enfance, un beau roman graphique, qui mine de rien donne une véritable leçon d’histoire (par exemple celle, au passage, de la création du Liban et du partage de l’Empire ottoman par les Européens après la Première Guerre Mondiale) et un bel exemple d’ouverture au monde.

Jean-Pierre Longre

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03/12/2015

Le petit blond en Syrie

Bande dessinée, francophone, Riad Sattouf, Allary Éditions, Jean-Pierre LongreRiad Sattouf, L’Arabe du futur 2. Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985), Allary Éditions, 2015 

La renommée de Riad Sattouf n’est plus à faire (voir par exemple La vie secrète des jeunes, Ma circoncision ou Les cahiers d’Esther,l’impayable feuilleton hebdomadaire du Nouvel Observateur), et le deuxième volume de L’Arabe du futur la justifie encore, cette renommée. Dans la Syrie de 1984, sous le règne d’Hafez Al-Assad, le petit Riad, six ans, fait ses débuts à l’école sous la férule de maîtres intraitables, se frotte à la vie sociale et à ses vicissitudes, à la vie familiale entre une mère bretonne et un père arabe, des cousins, des oncles et tantes, quelques représentants de classes sociales intrigantes (dans tous les sens du terme)…

Bande dessinée, francophone, Riad Sattouf, Allary Éditions, Jean-Pierre LongreIl faut voir et lire cette autobiographie savoureusement dessinée, vivement dialoguée, cette autoreprésentation d’un petit garçon qui découvre la vie de sa hauteur, avec une naïveté malicieuse, d’un petit garçon qui s’étonne, s’adapte, s’amuse, s’émeut, comprend avec sa finesse d’enfant certains rouages de la société. Et tout cela sans parti-pris, sans manichéisme, mais avec une tendresse qui n’exclut ni le pittoresque des personnages, ni les regards lucides, ni les sous-entendus satiriques. Comme le petit Riad, avec lui, on s’étonne, on s’amuse, on s’émeut, on comprend toutes sortes de choses, et ces 150 pages de BD (ou roman graphique), à leur manière, nous en apprennent au moins autant qu’un ouvrage d’histoire contemporaine ou un reportage – le rire et le sourire en prime. Vivement la suite (et en attendant, relisons le premier volume)…

Jean-Pierre Longre

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