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09/05/2011

Mieux vaut rire ?

Essai, Raymond Queneau, François Naudin, Editions Calliopées, Jean-Pierre LongreFrançois Naudin, Les terreurs de Raymond Queneau, Essai sur les 12 travaux d’Hercule, Calliopées, 2011

 

« Plus Queneau entend rire et faire rire, plus redoutables sont les éléments que ce rire entreprend d’escamoter ». Voilà le théorème qui conduit François Naudin à s’interroger, en prenant principalement comme points d’appui le poème « Je crains pas ça tellment » et le texte « Une trouille verte », mais aussi en observant plus généralement et très précisément l’œuvre entière.

 

Les terreurs de Raymond Queneau est un livre à la fois savant et personnel, parfois désespéré – forcément, vu le sujet – mais pas toujours. Dans sa teneur et dans sa forme, il dénote une parfaite connaissance des écrits, et même de ce que l’on peut savoir de l’homme Queneau, de sa vie, de ses préoccupations, de ses lectures. En même temps, il témoigne d’une relation intime, voire secrète, avec le monde quenien. 

 

François Naudin veut être clair, mettant en œuvre une sorte de didactisme qui conduit le développement. Mais il n’oublie pas le sourire, par exemple dans les titres du genre « Le pot de fleurs et le manque de pot » ou « Notre père qui êtes absent ». Ce qui ne l’empêche pas d’examiner, très sérieusement, le rôle joué par la lecture dans la lutte contre la culpabilité et, en regard, la transposition de l’anxiété dans la création artistique, d’émettre l’idée d’une écriture comme art de la duplicité, de la dissimulation ou de prendre position sur ce que certains appellent les « crises mystiques » de l’auteur, en parlant plutôt de « crises spirituelles, à la rigueur »…

 

Terreurs de l’homme Queneau, terreurs de l’auteur Queneau, terreurs de ses personnages, tout cela à la fois ? Les questions ont le mérite d’apparaître au grand jour, montrant que rien n’est simple chez lui, même si tout se lit avec plaisir. Il faut aller voir au fond des choses, sans arrière pensée, sans a priori, et c’est ce que fait avec beaucoup d’à-propos et de finesse François Naudin.

 

Jean-Pierre Longre

 

www.calliopees.fr