18/10/2010
Jusqu’à la lie
Walter Vogt, La toux. Nouvelles traduites de l’allemand par François Conod, Bernard Campiche Éditeur, 2010
La nouvelle qui inaugure le recueil et lui offre son titre donne le ton de l’ensemble : humour noir, traitement par l’absurde de l’existence humaine, satire sociale (la médecine, tout particulièrement, en prend pour son grade).
Fondées sur une expérience lucide et sans concessions de la vie (l’auteur, né à Zurich en 1926, a été professeur, radiologue, psychiatre…), ainsi que sur un sens aigu, voire cruel, du détail qui fait mouche, les histoires ici racontées attisent la curiosité (plus ou moins saine) tout en laissant la plupart des questions en suspens ; chacune est d’une construction rigoureuse, progressive, tournée vers un dénouement qui souvent allie la logique et la surprise. Cette progression interne à chaque nouvelle est aussi, malicieusement, celle du recueil qui, après des nouvelles longues et d’autres qui ont la brièveté d’un coup de scalpel, se termine par « La dernière histoire », titre à double entente (ou double détente ?) ; elle ne peut effectivement qu’être la dernière, à boire jusqu’à la lie.
La toux, sous-titré « Histoires vraisemblables et invraisemblables » (entre les deux options, le tri s’avère difficile), ne date pas d’aujourd’hui, puisque Husten (titre original en allemand) a été publié en 1965. Mais son caractère à la fois intemporel et percutant rend le recueil toujours actuel ; sa traduction et sa publication en français sont les bienvenues.
Jean-Pierre Longre
16:18 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, suisse, allemand, walter vogt, bernard campiche Éditeur, jean-pierre longre | Facebook | | Imprimer |
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