17/09/2023
De la mort à l’amour
Marc Villemain, Il faut croire au printemps, Éditions Joëlle Losfeld, 2023
Il y a l’intrigue, et il y a tout le reste. En ce qui concerne l’intrigue, pas de véritable suspense : les premières pages racontent comment le protagoniste, musicien de jazz, jette le cadavre de sa compagne du haut d’une falaise d’Étretat, leur bébé blotti dans son couffin sur la banquette arrière de la voiture. Et l’on connaîtra peu à peu les circonstances du drame : l’amour pour cette femme qui venait l’écouter jouer tous les soirs, la dégradation progressive, celle de la femme et celle du couple, les disputes, jusqu’à la plus violente de part et d’autre et ses conséquences. Voilà le point de départ, la cause de « tout le reste » qui fait l’objet du roman.
Dix ans ont passé, accompagnés du sentiment de culpabilité et du mensonge constant, puisque tout le monde croit à la disparition, non à la mort. Quelqu’un ayant cru voir sa compagne en Bavière, il joue le jeu de la vérité fictive et va voir sur place, accompagné de son fils ; là-bas, il va rencontrer Mado, serveuse dans l’hôtel où ils sont descendus, Mado qui, avec sa simplicité et son sourire de belle jeune femme, fait la conquête du père et du fils. Mais ceux-ci doivent repartir, car on leur a signalé que leur compagne et mère serait allée en Irlande, dans le comté de Cork. Nouveau départ, donc, nouveaux paysages, nouvelles rencontres, dont celle de Marie, avocate séduisante, qui s’occupe dans la région d’une affaire médiatique de meurtre (transposition romanesque d’une affaire réelle qui, en 1996, a défrayé la chronique). Marie, compréhensive et déterminée, fait à son tour la conquête du père et du fils…
Ainsi l’intrigue meurtrière est-elle devenue périple européen, quête itinérante d’un fantôme plus qu’improbable. Et finalement, c’est encore tout le reste qui compte le plus : la musique, amie de tous les instants, sombres ou lumineux, plus indispensable encore que les mots : « Les mots, ça engage trop, et après tout la musique peut bien servir à cela – à s’en jouer, des mots : la musique comme trompe-l’œil, comme camouflage, comme un présent à ceux auxquels précisément les mots font peur, pour les autoriser à se déclarer, à déclarer leurs flammes, leurs peines, leurs remords ou leurs espoirs, sans qu’ils aient à rougir, ni à souffrir l’affreuse sensation de mise à nu. » Et aussi la relation complexe, riche de tendresse et de compréhension, entre le père et son fils de 10 ans : « Entre eux il s’étonnait toujours de correspondances naturelles, pour ainsi dire magiques. Étrangement, il aimait chez lui ce contre quoi il luttait en lui-même : une disposition à la réclusion, au mutisme et à la rêverie. Il aimait que son fils ne souffrît pas des fascinations ordinaires de ceux de son âge et ne fût pas dupe de l’écume des choses. À quoi d’ailleurs il n’était pour rien : l’enfant était né ainsi. Il n’emmagasinait pas seulement le monde alentour, il s’y ouvrait et le laissait jeter en lui ses racines. » Et enfin l’amour, qui se dit ou ne se dit pas, pétri de pudeur ou hérissé de sensualité.
Au-delà de quelques détails malicieux, qui nous font par exemple retrouver quelques noms rencontrés dans des romans antérieurs (Géraldine Bouvier, Mado, Marc Villemain lui-même), Il faut croire au printemps est un roman au style délicat et précis (qui au passage ne rechigne pas devant l’emploi du subjonctif imparfait, et c’est justice), un roman plein de sensibilité, de confiance dans le genre humain (une confiance qui ferait presque oublier le mensonge initial), un roman qui traque et saisit les émotions irrépressibles d’un homme à qui le destin a apporté, inséparables de la vie, le cauchemar et l’espoir, le malheur et le bonheur.
Jean-Pierre Longre
16:48 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, francophone, marc villemain, éditions joëlle losfeld, jean-pierre longre | Facebook | | Imprimer |
03/09/2021
Paradis cannibale
Marc Villemain, Ceci est ma chair, Éditions Les Pérégrines, 2021
Nous sommes à Marlevache, dans le duché de Michão, seul État à « avoir fait sa révolution cannibale ». C’est ainsi que ses habitants, les « Restaurés », se sont mis au ban du monde pour avoir voulu remédier au surpeuplement et au manque de nourriture – et aussi, il faut bien le dire, pour avoir pris goût à la saveur de la chair humaine : au fil des chapitres les scènes de banquets foisonnent, où se dégustent maints morceaux savoureux – steaks, saucisses, boudin, cervelle, andouillettes, brochettes etc. –, le tout accompagné des meilleures bouteilles de vin coupé d’un peu de sang, et dûment préparé dans le « complexe carnologique » (ou « vianderie ») fondé et dirigé par Valère de l’Ondine et employant « mille travailleuses travailleurs : deux cents chercheurs et ingénieurs y préparent l’avenir de la cryogénie, de la thérapophagie, de la prophylaxie de la viande et de ses modes de conditionnement, et pas moins de huit cents ouvriers et techniciens y travaillet d’arrache-pied, nuit et jour et sept jours sur sept. » Bref, tout est organisé pour que les habitants de Marlevache ne manquent pas de chair humaine, prélevée selon une règle précise : « Le deuxième enfant d’une fratrie est constitutionnellement sacrifié lorsqu’il accède à la majorité, soit le jour de ses quatorze ans, âge auquel la chair, en sus de ses qualités gustatives assez remarquables, procure les meilleurs avantages comparatifs. » Grand honneur pour le sacrifié et sa famille !
On l’aura compris, le duché assure le bonheur de ses habitants grâce à une organisation impeccable selon laquelle tout est prévu, même les cas particuliers (femmes stériles, jumeaux, tri des morceaux comestibles ou non, règles de sécurité publique, choix des « Bienheureux » candidats au « dit-don de soi » etc.). Ce qui n’empêche pas que les agapes fassent l’objet de beuveries, voire d’orgies, au cours desquelles le « Spirite » Basile de Blaise, maître religieux, tente vainement de faire entendre ses chants, tel le barde des albums d’Astérix.
Tout semble donc parfaitement huilé (comme la viande embrochée en public), lorsqu’un attentat détruit entièrement le « complexe carnologique », faisant de nombreuses victimes. Terrorisme « anticannibale » ? La population s’affole, et Loïc d’Iphigénie, le « dépariteur », est chargé de mener l’enquête sous la houlette de Gustave de Gonzague, « départiteur judiciaire », et rassurons-nous, l’enquête aboutira.
Ceci est ma chair serait donc un polar bien mené sur fond d’utopie ou de dystopie (question de point de vue) ? Oui, mais c’est bien plus que cela. Marc Villemain, dont la plume acérée, tour à tour gouailleuse et chantournée, joueuse (sur les mots) et méthodique, s’en donne à cœur joie dans différents registres : la satire socio-politique et religieuse, l’érotisme carné (voir la concupiscence ambiguë de certains mâles devant les corps féminins), la parodie (voir quelques paroles de chansons bien senties adaptées aux circonstances). Et ce faisant, il se livre, comme le firent jadis Rabelais, Diderot, Balzac et quelques autres, à une fine description des relations et des comportements humains.
Jean-Pierre Longre
08:52 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, francophone, marc villemain, Éditions les pérégrines, jean-pierre longre | Facebook | | Imprimer |
21/02/2019
L’éveil de la passion
Marc Villemain, Mado, Éditions Joëlle Losfeld, 2019
« Mon premier souvenir en tant que femme », dit-elle. Pourtant Virginie était encore une enfant lorsque les deux frères de son amie Mado lui jouèrent un sale tour en emportant tous ses vêtements alors qu’elle prenait un bain de mer. Farce de gosse, et pourtant c’est la peur qui saisit la fillette. « Je crois que derrière leurs grognements j’entendais autre chose que des cris de cow-boys ou d’indiens, de gendarmes ou de voleurs. Je n’entendais plus la gaieté, plus la jubilation, plus la malice ordinaire de nos âges […]. Comme si ce n’était plus eux. Plus des enfants mais des animaux. Qui bondissaient, beuglaient, crachaient, salivaient. Du haut de mes neuf ans, il me semblait voir ce qu’ils s’apprêtaient à être. Leur devenir-homme. Des hommes, voilà. C’est-à-dire, pour la gamine que j’étais, des bêtes sauvages, carnassières. Cannibales. ». Son seul refuge : un « carrelet », pauvre cabane de pêcheurs où elle avait l’habitude de se retrouver seule avec elle-même. Cette fois-ci, elle y aura passé la nuit, nue, « ratatinée sur le plancher », avant de rentrer chez elle en catimini.
Cette aventure l’éloigna un certain temps de Mado. Puis ce fut comme un déclic : les deux filles se retrouvèrent dans une relation plus qu’amicale, s’éveillant mutuellement aux sens, voire à la passion. Séparations, retrouvailles, jeux de la jalousie et du hasard, recherche et découverte du plaisir et de la relation exclusive… Mado est un roman d’amour qui ne verse pas de l’eau de rose. Certes les fleurs bleues y abondent, mais ce sont des chardons, qui envahissent les dunes, griffent les corps et blessent les cœurs.
Le tout est soutenu par le style précis et imagé de Marc Villemain, qui ne mâche ni ses mots ni ses formules, et sait parfaitement marier la délicatesse à la sensualité, l’empathie à la vigueur, la poésie au réalisme, le rêve à la réflexion, l’espoir à l’illusion. L’alternance narrative n’y est pas pour rien : au récit des événements, fait face en une sorte de miroir la mémoire méditative de l’adulte qu’est devenue Virginie, elle-même mère d’une jeune Émilie qui va aussi connaître les « odeurs de fin d’enfance » et la force de la nature. « Qui se souvient de son éveil aux sens ? Qui peut dire : “ Voilà, c’est là, c’est ça, c’est ce jour-là ” ? Moi qui suis chair, et suée, et sang, moi qui suis spasmes et frissons, je peux dire que c’est toute la nature qui est venue à moi. La liste serait infinie des phénomènes qui ont aiguillonné mes sens. Le duvet d’une pêche blanche, son jus clair ruisselant sur mon menton. La supplique inutile d’un poisson frétillant entre mes mains et son regard implorant, visqueux. La violence d’un certain orage de printemps dans l’odeur acidulée de l’herbe chaude, cette échancrure de lumière brutale dans le ciel de suie. […] ». Mado pourrait être une mine pour ceux qui s’adonnent au décorticage psychanalytique des textes littéraires. Heureusement, ni Virginie ni Mado ne sont des objets d’étude. Elles sont des personnages authentiques, sensibles, humains, tels que seul un vrai et beau roman peut en montrer.
Jean-Pierre Longre
23:13 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, francophone, marc villemain, Éditions joëlle losfeld, gallimard, jean-pierre longre | Facebook | | Imprimer |
15/12/2017
Et le vert paradis…
Marc Villemain, Il y avait des rivières infranchissables, Éditions Joëlle Losfeld, 2017
Les rivières en question sont suggérées en exergue du volume par Michel Jonasz : « Entre mon cœur et / Ma langue, il y avait / Des rivières infranchissables, / Des passages à niveau fermés. ». Voilà qui annonce la thématique commune des treize nouvelles composant le volume : l’amour naissant, à peine suggéré, presque déclaré avec ou sans paroles, accepté ou non, maladroitement assouvi, contenant déjà dans ses balbutiements les soubresauts des sentiments, de la sensualité, de la jalousie, de la passion, voire de la mort, mais aussi la douceur, la délicatesse, la tendresse, les attentes et les découvertes de ce que Baudelaire appelait le « vert paradis des amours enfantines, / L’innocent paradis, plein de plaisirs furtifs. ».
Amours d’enfance ou d’adolescence, chaque texte, dans son atmosphère et son décor particuliers (vacances à la campagne ou à la neige, dernier jour de collège, bal rural, longues conversations téléphoniques, soir de fête, on en passe…), est à la fois narration émouvante et fine analyse de l’expression ou de la suggestion des sentiments, du geste hésitant de l’amour. Il faudrait citer de nombreux passages pour rendre compte de la subtilité des descriptions. Un seul exemple : « C’est le retour du silence qui vient guider son geste, et avec une minutie, une justesse, une exactitude folles et craintives, sans rien brusquer de l’autre ni remuer le moindre bout d’étoffe, voilà son bras qui se lève, se met à hauteur, entreprend de l’entourer et de se poser sur son épaule, l’épaule opposée, et elle elle ne dit rien, ne montre rien, du moins ne montre-t-elle rien qu’elle ne veuille montrer, mais lui voit bien sur sa peau le frémissement de la rougeur, et le tremblotement de la lèvre inférieure, et l’éclat de rubis dans ses yeux […] ».
Il y avait des rivières infranchissables (tout compte fait pas si infranchissables, pour peu qu’un écrivain y mette le pont solide et délicat de ses mots et de son style) est un recueil à deux dimensions (au moins) : l’autonomie des nouvelles d’une part, l’unité de l’ensemble d’autre part. On ne percevra complètement cette unité qu’en allant jusqu’à la fin du livre, jusqu’à la dernière ligne de la dernière page du dernier titre, « De l’aube claire jusqu’à la fin du jour ». Mais soit dit entre nous, on n’aura aucun mal à parvenir à cette ultime étape, tant les précédentes sont, à la mesure du cœur des protagonistes, palpitantes.
Jean-Pierre Longre
17:13 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nouvelle, marc villemain, Éditions joëlle losfeld, gallimard, jean-pierre longre | Facebook | | Imprimer |
27/03/2013
« Mon vieux, je t’emmène faire la révolution »
Marc Villemain, Ils marchent le regard fier, Les éditions du Sonneur, 2013
Une manifestation qui tourne mal, on a déjà vu ça dans le passé, on le verra encore dans l’avenir. Il suffit d’une maladresse, d’un geste de trop, d’une provocation idiote, et on bascule dans la violence incontrôlée. C’est en quelque sorte ce que raconte le dernier livre de Marc Villemain.
Si ce n’était que cela, l’intérêt en serait limité. Mais justement, c’est bien plus que la relation d’un simple fait divers. D’abord, tout en débusquant quelques repères familiers, à la ville comme à la campagne, on s’immerge dans une époque incertaine, dans une sorte d’avenir brouillé mais tout compte fait prévisible, pas très lointain du nôtre, pour ainsi dire dans un monde à l’envers, où ce sont les jeunes qui sont au pouvoir, qui imposent leur loi : « À l’époque nos gouvernants avaient quoi, trente ans, quarante pour les plus aguerris. Des qui croyaient connaître la vie parce qu’ils avaient été à l’école. Des zigotos de fils à papa, teigneux et morveux du même tonneau. Mais qui ne se mouchaient pas du coude ». Alors Donatien, l’ami de toujours, celui qui a épousé la belle, fière, discrète et tendre Marie, vient trouver le narrateur et le convainc, lors d’une soirée bien arrosée de prune, de venir avec lui et quelques autres « faire la révolution », de manifester contre cette jeunesse toute puissante qui les opprime (et au nombre de laquelle on compte, soi dit en passant, le propre fils de Marie et Donatien, Julien).
À partir de là s’enchaînent les événements. On se retrouve à la capitale, on prépare soit fiévreusement soit tranquillement, dans la colère et dans la joie, la grande journée de la vieillesse en révolte. Celle-ci va tourner au face à face mal maîtrisé, et à la tragédie. On n’en dira pas plus, sinon que ce court roman nous plonge à la fois dans la tension des péripéties et dans le plaisir de savourer une prose collant à la parole rurale, goûteuse, touchante et rugueuse de personnages campés par l’auteur avec une affection contagieuse.
Jean-Pierre Longre
09:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, francophone, marc villemain, les éditions du sonneur, jean-pierre longre | Facebook | | Imprimer |
07/05/2011
Géraldine Bouvier, le retour
Marc Villemain, Le pourceau, le diable et la putain, Quidam éditeur, 2011
Elle était là dans Et que morts s’ensuivent, elle revient ici, au chevet du narrateur, un octogénaire grabataire qui, à la merci de sa « vipère aux yeux de jade », ne semble se faire d’illusions ni sur cette infirmière « dotée d’un tempérament qui ferait passer l’incendiaire intransigeance de Néron pour une contrariété de mioche privé de chocolatine », ni sur son propre passé de misanthrope sarcastique et invétéré, ni sur le genre humain, ni sur « l’existence profondément débile de son pourceau de fils ».
On l’aura compris, Marc Villemain laisse s’épanouir, dans son nouveau livre, l’humour (noir à souhait) et la satire (cynique à volonté). Les pages sur le monde universitaire, par exemple, que « Monsieur Léandre » a visiblement bien connu, sont un bel échantillon de réalisme critique – et la verve acérée du vieillard (enfin, de l’auteur) n’épargne pas non plus la famille, les enfants, l’école, les femmes, les malades, la société en général, disons l’univers dans son ensemble…
Il n’est pas innocent que le livre s’ouvre et se ferme sur l’image du cloporte, qui elle-même (pré)figure celle de la mort ; et Géraldine Bouvier, silhouette attirante et obsédante à la fois, n’en finit pas d’allonger son ombre diabolique d’un bout à l’autre du récit.
Jean-Pierre Longre
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04/08/2010
L’inquiétante silhouette de Géraldine Bouvier
Marc Villemain, Et que morts s’ensuivent, Éditions du Seuil, 2009
Grand Prix de la SGDL 2009
C’est à la fois morbide et drôle, satirique et tendre, terrifiant et attachant. Onze nouvelles, onze héros (ou anti-héros) condamnés à toutes sortes de morts, selon des progressions différentes mais implacables, jusqu’à l’« Exposition des corps », sorte d’appendice pseudo réaliste résumant la biographie de chacun. Parmi eux, soit dit en passant, un certain Matthieu Vilmin, dont la minutieuse description de la souffrance ne peut résulter que de l’expérience personnelle d’un certain Marc Villemain ; une certaine M.D., aussi, écrivain de son état, dont les histoires « se finissent toujours mal ». Le double de l’auteur n’est jamais loin…
La diversité des noms, des situations, des conditions sociales est contrebalancée non seulement par l’unité des destinées ultimes, mais encore par la présence constante, notoire ou discrète, d’une dame Géraldine Bouvier, témoin impavide ou actrice décisive, dont la silhouette se glisse dans les récits comme celle d’Hitchcock dans ses films. Fil conducteur comme l’est la mort, bourreau involontaire ou juge sans indulgence, Géraldine Bouvier ne laisse pas d’intriguer voire d’apeurer, par sa présence à la fois unique et multiple.
Et que morts s’ensuivent se lit délicieusement au second degré, et c’est bien ainsi. Chaque détail biographique, chaque remarque ironique ou sarcastique, chaque procédé narratif est pesé au gramme près pour le plaisir masochiste, la délectation mortifère du lecteur. Le Grand Prix de la nouvelle, attribué récemment par Société des Gens de Lettres à l’auteur pour son recueil, est mérité.
Jean-Pierre Longre
21:44 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, francophone, marc villemain, le seuil | Facebook | | Imprimer |