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08/04/2013

Mouvantes architectures

Roman, Espagnol, Argentine, Mario Capasso, Isabelle Gugnon, La dernière goutte, Jean-Pierre LongreMario Capasso, L’immeuble. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon, La dernière goutte, 2012

Voilà un immeuble composé, apparemment comme les autres, d’escaliers, de couloirs, de bureaux, de toilettes, un immeuble sur lequel règnent une direction (Super), une trésorerie, où se dénouent et se dénouent à l’envi des histoires d’amitié, d’amour, voire de sexe, mais aussi d’inimitié, de rivalité, voire de meurtre.

Comme les autres ? L’auteur a vite fait de déstabiliser le lecteur en montrant d’emblée, et de plus en plus cruellement, combien l’immeuble est lui-même instable et, disons, plus meuble qu’immeuble… Tout y bouge, tout s’y bouscule, tout y devient être vivant aux réactions imprévisibles. Et si l’on s’y perd, on peut toujours faire appel au « Bureau central des informations impétueuses », ou accrocher son regard aux pancartes du type « On rase gratis, se présenter à la Trésorerie à toute heure tant qu’il n’est pas trop tard ». Cela n’empêche pas les couloirs de changer de dimensions selon les besoins, ou la « zone d’influence » du narrateur de le suivre partout où il va…

Comme les autres ? Oui, sans doute, si l’on considère que la vie menée par les occupants de ce bâtiment fantasmé est une déformation systématique, poussée à la saturation, à l’excès et à l’absurde, de celle que chacun d’entre nous mène quotidiennement. Il y a dans cet « immeuble » du Courteline, du Marcel Aymé, du Kafka, du Beckett… Ce pourrait être désespérant ; ça ne l’est pas complètement, parce que c’est aussi drôle ; et, comme les paliers des escaliers, on trouve dans le foisonnement descriptif du roman, parfois, « de vastes plages de repos ». Désespérer, rire, méditer : Mario Capasso nous donne généreusement toutes les possibilités.

Jean-Pierre Longre

www.ladernieregoutte.fr