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28/09/2016

Une vie simple et dense

Marie-Hélène Lafon, Joseph, Buchet-Chastel, 2014, Folio, 2016. 

Roman, francophone, Marie-Hélène Lafon, Buchet-Chastel, Folio, Jean-Pierre Longre« Quand on rentre dans une étable bien tenue, l’odeur large des bêtes est bonne à respirer, elle vous remet les idées à l’endroit, on est à sa place. Joseph avait toujours retrouvé ça dans sa vie, même aux pires moments. Il avait surtout aimé s’occuper des veaux qui grandissaient tous dans les fermes avant la mode de les vendre à trois semaines pour l’engraissement en Italie ou ailleurs ». Voilà des phrases comme seule Marie-Hélène Lafon sait en écrire, et voilà un personnage comme elle seule sait en créer d’après nature, entre passé et présent, du dehors et du dedans, surtout du dedans.

Ouvrier agricole, Joseph n’a donc pas son pareil pour s’occuper des animaux, et ses employeurs lui en savent gré. Il remplit sa solitude d’observations et de souvenirs, sans compliquer les choses, sans non plus se dévoiler. Il y a eu les parents, le frère jumeau Michel qui est parti ailleurs tenir un commerce avec sa femme et que la mère a rejoint, ne donnant à Joseph que quelques nouvelles épisodiques. Il y a eu Sylvie, rencontrée « au bal à Condat », avec qui il aura partagé un bout de vie et qui est finalement partie avec un représentant « du côté de Vichy ». Il y a eu le grand trou de plusieurs années, l’alcool, les cures successives qui l’ont mené là où il est maintenant, dans le sérieux de son travail et le profond de ses pensées.

Roman, francophone, Marie-Hélène Lafon, Buchet-Chastel, Folio, Jean-Pierre LongreJoseph est, si l’on veut, « un cœur simple » à la Flaubert, mais avec sa personnalité, sa vie intérieure, et les chiffres : il n’a pas son pareil pour compter, calculer, rappeler les dates du passé. Ce passé qui le tarabuste, dont certains événements le hantent et forgent les secrets de son destin. « Vie minuscule » d’un anti-héros, Joseph, qu’il ne faut prendre ni pour un roman du terroir, ni pour un témoignage régionaliste, ni pour une évocation bucolique, est l’émouvant et beau récit d’une existence particulière qui se construit entre deux mondes, l’ancien et le moderne, et se nourrit de peines, de joies et de mystères.

Jean-Pierre Longre

www.buchetchastel.fr

www.libella.fr

www.folio-lesite.fr

21/09/2016

Une voix « autre »

Poésie, anglophone, Michael Lee Ratigan, Blandine Longre, Black Herald PressMichael Lee Ratigan, Hiraeth, recueil bilingue traduit de l’anglais par Blandine Longre, Black Herald Press, 2016 

‘Poetry is the other voice’, wrote Octavio Paz, referring to what is re-created in silence, beyond history, and to what governs man’s conversations and etymological thrusts. Michael Lee Rattigan also has been seeking to pinpoint that ‘other’ voice, as each of his poems seems to exist only to advancesilence, or at least our unmediated access to it—for this poet does not shape a merely verbal language, but establishes an impalpable syntax of listening. In this collection, he succeeds in crossing what the poet Philippe Jaccottet described as ‘the unique uncrossable space’, a no-place of conflicting truths, a living territory of the soul and of the poetic mind, on which the imagination can be projected anew.

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« La poésie est l’autre voix », écrivait Octavio Paz, faisant référence à ce qui est recréé en silence, au-delà de l’histoire, à ce qui régit les discours et les élans étymologiques de l’humain. Michael Lee Rattigan s’efforce lui aussi de localiser cette voix « autre », et chacun de ses poèmes ne semble exister que pour accroître le silence – ou du moins pour nous permettre d’y accéder directement ; car le poète ne se contente pas de modeler un langage verbal, mais bâtit également une syntaxe impalpable de l’écoute. Dans ce recueil, il réussit à franchir ce que Philippe Jaccottet appelle « l’unique espace infranchissable », un non-lieu de vérités conflictuelles, territoire vivant de l’âme et de l’esprit poétique sur lequel l’imagination peut se projeter et se renouveler.

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Michael Lee Rattigan has lived and taught in Mexico and Spain, and translated the complete collection of Fernando Pessoa’s Alberto Caeiro Poems (Rufus Books, 2007). More translations have appeared in The Los Angeles Review, Asymptote Magazine, The Black Herald, The Fiend Journal, and in Selected Writings of César Vallejo (ed. Joseph Mulligan, Wesleyan University Press, 2015). His poetry collection Liminal was published in 2012 (Rufus Books).

Michael Lee Rattigan est poète et traducteur. Plusieurs traductions ont paru dans The Los Angeles Review, Asymptote Magazine, The Black Herald, The Fiend Journal, et dans l’anthologie Selected Writings of César Vallejo (éd. Joseph Mulligan, Wesleyan University Press, 2015). Un précédent recueil de poèmes, Liminal, a paru en 2012 (Rufus Books).

https://blackheraldpress.wordpress.com