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12/03/2023

Un roman à trois voix

Roman, anglophone, Canada, Mary Lawson, Valérie Bourgeois, Belfond, Jean-Pierre LongreMary Lawson, Des âmes consolées, traduit de l’anglais (Canada) par Valérie Bourgeois, Belfond, 2022, 10/18, 2023

Suivant une construction à la fois habile et prenante, Mary Lawson nous donne en alternance, directement ou indirectement, les points de vue des trois protagonistes de ce roman où les péripéties du présent répondent aux drames du passé, où l’on espère que les tempêtes d’autrefois laisseront la place à un bonheur apaisé.

Il y a la vieille Madame Orchard qui, se mourant peu à peu dans sa chambre d’hôpital, se remémore l’amour de Charles, son mari décédé (auquel d’ailleurs s’adresse son monologue intérieur) et, surtout, la tendresse qu’elle éprouvait, elle qui n’avait pas pu avoir d’enfants, pour le petit garçon de ses voisins, plutôt délaissé par sa mère au profit de ses quatre soeurs ; une tendresse, un attachement qui se muèrent en une véritable passion dont les conséquences furent irréversibles.

roman,anglophone,canada,mary lawson,valérie bourgeois,belfond,10/18,jean-pierre longreCe petit garçon s’appelait Liam. Devenu adulte, installé à Toronto, marié, divorcé, il hérite de la maison de cette Madame Orchard, dont, pourtant, il n’a que quelques vagues souvenirs. Il quitte toutefois la grande ville et son travail de comptable et vient s’installer au moins provisoirement dans la maison située à Solace, localité perdue au milieu des lacs et des forêts du nord de l’Ontario. À cette occasion il redécouvre une lettre que sa bienfaitrice lui a envoyée il y a plusieurs années et qui se termine ainsi : « Mon vœu le plus cher est que tu te portes bien et que tu profites de la vie, Liam. Je songe souvent aux moments que nous avons passés ensemble, et ils me font sourire. Avec mon éternelle affection. Elizabeth Orchard. » Son installation dans la maison n’est d’ailleurs pas sans susciter quelques soupçons de la part du policier local et du voisinage.

Justement, dans ce voisinage, exactement en face, il y a la petite Clara, qui ne veut pas quitter sa fenêtre depuis que Rose, sa grande sœur, a disparu. C’est de là qu’elle voit cet homme qui a investi la maison de Madame Orchard, dont Clara a toute la confiance, puisqu’elle l’a chargée de s’occuper de son chat Moïse pendant qu’elle est à l’hôpital. Mais la fillette ne sait pas que sa vieille voisine vient de mourir, et que cet étrange individu n’est ni un cambrioleur ni un intrus. Alors elle s’indigne auprès de ses parents : « Le monsieur d’à côté est en train de voler toutes les affaires de Mme Orchard ! Il les a mises dans des cartons et il va les emporter ! » Petit à petit, pourtant, Liam et la fillette vont s’apprivoiser et sympathiser.

Trois voix différentes et trois voies d’accès au récit, trois personnages qui, la méfiance effacée, suscitent la sympathie et la foi en l’âme humaine. Madame Orchard aime les enfants, Clara aime Madame Orchard et, finalement, s’attache à Liam, dont l’arrivée inopinée à Solace va devenir une présence rassurante, voire utile… Il y a eu des malheurs, des drames, des séparations, la mort. Mais à travers les protagonistes qui respirent l’humanité, Des âmes consolées est un beau roman dans lequel l’harmonie et l’empathie l’emportent sur la discorde et la tragédie.

 

www.lisez.com/belfond/55

https://www.lisez.com/1018/livres/16

 

20/03/2022

Risques épistolaires

: Roman, francophone, Philippe Besson, Julliard, 10/18, Pocket, Jean-Pierre LongreLire, relire… Philippe Besson, Se résoudre aux adieux, Julliard, 2007, 10/18, 2008, Pocket, 2022

Abandonnée par l’homme qu’elle aimait, Louise parcourt le monde (Cuba, New York, Venise, Paris), en quête d’on ne sait quoi : l’oubli (de soi, de l’autre) ? le renouveau ? la certitude ? Mais elle sait bien qu’aimer, « c’est prendre des risques ». Apparemment, elle tente de les reprendre, ces risques, par correspondance. Le livre entier est composé des lettres que depuis ses résidences lointaines elle adresse à Clément.

: Roman, francophone, Philippe Besson, Julliard, 10/18, Pocket, Jean-Pierre LongreCes lettres rassemblent « les pièces dispersées d’un puzzle », celui de la vie amoureuse, des instants de bonheur et de doute, elles effectuent des retours sur un passé en dents de scie, sur la vie à deux, sur la solitude. Roman épistolaire à sens unique (aucune réponse ne parviendra, Louise en est vite persuadée), Se résoudre aux adieux tisse des variations sensibles et subtiles sur la désillusion, sans fermer la porte à l’espoir.

Jean-Pierre Longre

www.julliard.fr

www.10-18.fr

www.pocket.fr

24/01/2013

Relire Philippe Besson…

Roman, francophone, Philippe Besson, Julliard, Pocket, 10/18, Jean-Pierre LongreUn mort et ses secrets

Un garçon d’Italie, Julliard, 2003 et 2011, Pocket 2008

Le cadavre de Luca vient d’être retrouvé sur une rive de l’Arno. Accident ? Suicide ? Meurtre ? Voilà qui aurait pu fournir matière à un roman policier traditionnel, avec enquête, interrogations, confrontations… Il y a de tout cela dans le roman, mais ce n’est pas le plus important.

Ce qui compte, c’est la levée progressive des secrets plus ou moins lourds qui lestent les personnages, selon une structure apparemment simple (monologues alternés des trois protagonistes), mais qui laisse s’épanouir la prose incisive de Philippe Besson, mélange de sensibilité et de violence. Luca laisse entendre à la fois son état cadavérique, son passé mystérieux, son indépendance, les ambiguïtés de ses amours et de ses rapports aux autres ; Anna, sa compagne aimante et aimée, dévoile peu à peu son désarroi devant les découvertes que lui permettent de faire les parents de Luca et la police ; Leo, le jeune prostitué de la gare, apparaît comme un observateur secret et un amant désintéressé, lointain mais de plus en plus proche, de plus en plus impliqué… 

Outre celle du roman policier, la matière aurait pu être celle du vaudeville, avec le traditionnel trio amoureux et les chassés-croisés qui s’ensuivent. Ce n’est pas non plus le propos. Il s’agit pour l’auteur – et pour le lecteur – d’affronter le tumulte des cœurs, des corps et des âmes, d’aller le plus loin possible à la rencontre de ce qu’ils cachent, de déchiffrer ce que dévoilent d’eux les actes et les pensées des personnages. Il s’agit, plus profondément encore, d’en chercher l’émotion et la beauté. Car ils sont émouvants et beaux, ces personnages, extérieurement et intérieurement, de même qu’est émouvante et belle la tragédie florentine que leur fait jouer Philippe Besson.

 

Roman, francophone, Philippe Besson, Julliard, Pocket, 10/18, Jean-Pierre LongreRisques épistolaires

Se résoudre aux adieux, Julliard, 2007, 10/18, 2008

Abandonnée par l’homme qu’elle aimait, Louise parcourt le monde (Cuba, New York, Venise, Paris), en quête d’on ne sait quoi : l’oubli (de soi, de l’autre) ? le renouveau ? la certitude ? Mais elle sait bien qu’aimer, « c’est prendre des risques ». Apparemment, elle tente de les reprendre, ces risques, par correspondance. Le livre entier est composé des lettres que depuis ses résidences lointaines elle adresse à Clément.

Roman, francophone, Philippe Besson, Julliard, Pocket, 10/18, Jean-Pierre LongreCes lettres rassemblent « les pièces dispersées d’un puzzle », celui de la vie amoureuse, des instants de bonheur et de doute, elles effectuent des retours sur un passé en dents de scie, sur la vie à deux, sur la solitude. Roman épistolaire à sens unique (aucune réponse ne parviendra, Louise en est vite persuadée), Se résoudre aux adieux tisse des variations sensibles et subtiles sur la désillusion, sans fermer la porte à l’espoir.

Jean-Pierre Longre

 

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