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29/06/2019

Des disques pour tous les goûts

musique,disques,vinyles,réglis records disquaire,lyon,cdREGLIS RECORDS, disquaire, nouvelle boutique à Lyon.

Amateurs de musiques diverses (soul, jazz, funk, blues, pop, rock, world, français, classique…), vous serez bien accueillis chez « Réglis Records » ! Il y en a pour tous les goûts...

7, rue du Jardin des Plantes, 69001 Lyon.

Ouvert du lundi au vendredi de 13h à 20h, le samedi de 12h à 20h

Tél. 09 86 74 25 25

17/06/2019

« Instantanés »

Nouvelle, francophone, Brèves, L’atelier du GuéBrèves n° 114, L’atelier du Gué, 2019

 « C’est la vie… telle qu’elle va… cocasse et dramatique, pathétique, surprenante, drôle et belle, et pourtant si triste et quand même si riche d’amour, bref si diverse, si changeante. Insaisissable, on la vit par petits bouts, sans avoir de plan d’ensemble, tout occupé qu’on est à se laisser déborder par nos émotions, nos distractions. La nouvelle, elle, est habile à saisir ces moments de nos vies. Elle fige ceux où tout bascule et se dévoile ; comme ces photographies qui mettent en lumière le point de non-retour d’un destin, comme ces récits qui s’arrêtent à la limite d’un futur dans lequel ils se gardent bien de pénétrer. »

Nouvelles inédites

Antoine Mocquet - Marlène Deschamps - Viviane Campomar - Bertrand Ruault   - Carole Paplorey - Anna-Livia Marchionni - Suzanne Prat - Sophie Allainguillaume -valnet.c Alain Imoléon - Nicole Buresi  - Laurence Chauvy  - Elisabeth Pacchiano  - Jean-Pierre Longre  - Natalie Barsacq  - Laura Schmitz  - Albert Vidal - Colette Le Gallou

Vente par correspondance :

Brèves, 1, rue du Village, 11300 Villelongue d’Aude (paiement par chèque - envoi franco)

Dif’Pop -   http://www.pollen-difpop.com/A-86979-breves-n114-instanta...    

Version numérique : http://www.scopalto.com/revue/breves

Vente en librairie: diffusion Dif’Pop / Pollen 81 Rue Romain-Rolland 93260 LES LILAS

www.atelierdugue.com

11/06/2019

La maison de l’attente

Roman, francophone, Gaëlle Josse, les Éditions noir sur blanc, Jean-Pierre LongreGaëlle Josse, Une longue impatience, Les éditions Noir sur Blanc, Notabilia, 2018, J'ai lu, 2019

« Ma maison à moi, c’est l’attente. C’est l’océan et le bateau de Louis. Quelque part sur une mer du monde. L’incertitude comme seul point fixe. Sous mes gestes de chaque jour, il n’y a que du vide. De la place pour les songes apportés par le vent, pour les mots racontés par les flots. ».

Pendant la guerre, le bateau d’Yvon a été bombardé par la RAF. Dommage collatéral, dirait-on aujourd’hui, qui a bouleversé la vie d’Anne, sa femme, et de Louis, son fils. Remariée après la Libération à Étienne, le pharmacien du village, mère de deux autres enfants, Anne a accepté sans enthousiasme mais avec tendresse pour sa nouvelle famille l’embourgeoisement de sa nouvelle existence. La mésentente progressive, devenant brutale, entre Étienne et Louis fait un jour fuir celui-ci ; sans avertir, il s’engage sur les bateaux de commerce parcourant les mers d’un continent à l’autre.

roman,francophone,gaëlle josse,les Éditions noir sur blanc,jean-pierre longreSans nouvelles de son fils, Anne entame une attente d’abord pleine d’espoir, se métamorphosant en déception et en « longue impatience ». Retournant chaque jour dans son « ancienne maison, la bicoque adossée contre le vent, avec ses volets bleus fatigués, sur la lande, à l’entrée du sentier douanier qui surplombe la mer », elle emplit cette attente des souvenirs du passé – ses deux mariages, bien différents l’un de l’autre, les années heureuses, les duretés de la guerre –, et des rêves d’avenir : surtout le banquet qu’elle préparera pour le retour de son fils, et dont elle détaille progressivement le contenu dans les lettres qu’elle lui écrit comme on lance une bouteille à la mer (« Monsieur Louis Le Floch, en mer »). Une infinie promesse, qu’elle tisse de jour en jour, de mois en mois, d’année en année, à l’insu de tous.

D’une grande sensibilité, le récit de Gaëlle Josse, qui renouvelle la thématique de l’attente féminine déclinée sur différents plans depuis celle de Pénélope, nous fait pénétrer dans l’âme complexe, touchante et attachante d’une femme dont la vie est tout entière tendue vers l’amour, celui des vivants et celui des disparus, surtout celui du fils absent, enfoui au plus profond de son cœur, peu à peu débordant tout. De même, débordant le cadre du simple récit à la première personne, la poésie des paysages extérieurs et intérieurs, de l’océan, des saisons, de la mémoire, de l’« immuable cercle » du temps qui passe.

Jean-Pierre Longre

www.leseditionsnoirsurblanc.fr

http://gaellejosse.kazeo.com

www.jailu.com

06/06/2019

« Croire en quelque chose »

Théâtre, Croatie, Tomislav Zajec, Karine Samardžija, d’Eugène Durif, L’espace d’un instant, Jean-Pierre LongreTomislav Zajec, Il faudrait sortir le chien, traduit du croate par Karine Samardžija, préface d’Eugène Durif, éditions L’espace d’un instant, 2018.

Au théâtre, c’est bien simple : le spectateur voit se dérouler sous ses yeux, par le seul intermédiaire de personnes en chair et en os évoluant dans un espace à la fois symbolique et bien réel, une histoire souvent réduite à ses péripéties essentielles. Simple, vraiment ? Pas si sûr, pourrait-on rétorquer. Car c’est bien le langage des personnages (dialogues, monologues, gestes, déplacements), augmenté des éléments scéniques, qui constitue le récit que le spectateur doit construire plus ou moins consciemment dans l’instant de la représentation. Sans compter que souvent ce spectateur est un lecteur…

Et que parfois, un personnage se trouve être à la fois narrateur et acteur du récit. C’est le cas pour « l’homme », le personnage principal de la pièce de Tomislav Zajec. Lorsqu’il prend la parole, il parle de lui-même à la troisième personne, se racontant comme s’il n’était pas là, devant nous, en train d’agir (ou d’attendre), ce qui ne l’empêche pas de dialoguer avec les deux autres personnages : son ex-compagne, qu’il avait quittée brusquement et qu’il retrouve sous un abribus ; son père, ancien traducteur bougon qui doit recevoir une prestigieuse récompense et qui a pour cela besoin que son fils lui achète une cravate… Formulées ainsi, les relations entre « l’homme » et les deux autres personnages semblent anodines, ressassant des détails de la vie quotidienne. Mais justement, ces détails s’inscrivent sur le rideau qui cache et révèle le fond de la scène de théâtre. Le temps, par exemple, va et vient comme pour faire d’un seul après-midi une vie tout entière. Et l’important réside dans ce qui n’a jamais été dit, qui affleure dans les dialogues, les monologues et les questions ; « Le questionnement… Le questionnement est le propre de l’homme. Ta vie entière est un questionnement. Tu dois sans cesse t’interroger. », dit le père.

Certains aveux, certains rêves peuvent alors s’exprimer, sinon s’épanouir ; et la réalité se manifeste, cette réalité que symbolise sans doute la pluie omniprésente, ainsi que ce chien que l’on ne voit jamais, et que « l’homme » doit absolument confier à quelqu’un. Une réalité dont il faut se prémunir (la pluie) ou se débarrasser (le chien) ? Pourtant « il faut bien croire en quelque chose » ; alors, peut-être, « tout ira bien », même si, comme l’écrit Eugène Durif dans sa préface, « les personnages resteront toujours un peu de travers, un peu à côté d’eux-mêmes, dans une distance qui s’abolit un instant, trompeusement. ».

Jean-Pierre Longre 

Tomislav Zajec est né en 1972 à Zagreb, en Croatie. Il a suivi un cursus de dramaturgie à la faculté des arts de la scène à Zagreb, où il a ensuite enseigné. Également poète et romancier, il est l’auteur d’une dizaine de pièces de théâtre, traduites dans autant de langues, et principalement jouées dans les Balkans, au Royaume-Uni ainsi qu’en Argentine. Il a reçu à quatre reprises le prix Marin-Držić du meilleur texte dramatique, le plus prestigieux en Croatie, et les premières traductions de ses textes ont déjà été primées par la Maison Antoine-Vitez et les Journées de Lyon des auteurs de théâtre.

www.sildav.org

02/06/2019

Errance et déchéance

Roman, anglais (Irlande), Liam O’Flaherty, Louis Postif, Stève Passeur, Belfond, Jean-Pierre LongreLiam O’Flaherty, Le Mouchard, traduit de l’anglais (Irlande) par Louis Postif, préface de Stève Passeur, Belfond, 2019

Gypo Nolan, force de la nature et esprit limité, ancien de l’Organisation révolutionnaire, dont il a été exclu, vit comme beaucoup de ses congénères au jour le jour, souvent sans savoir où il dormira le soir ni comment il pourra manger. En quête du moindre schilling, il décide de dénoncer son ami Mac Phillip, recherché par la police pour avoir tué un fermier. « Je viens réclamer la prime de vingt livres offerte par le Syndicat des fermiers pour des renseignements concernant le nommé Francis-Joseph Mac Phillip ». Ce disant, il donne l’impression de ne pas mesurer la portée de son acte.

Ni ses conséquences, qui vont faire l’objet principal du récit. Première conséquence : la mort de son ami dans l’affrontement avec la police venue l’arrêter. Deuxième conséquence : alors que les choses s’embrouillent dans la tête de Gypo, qui ne sait pas comment gérer les suites de son forfait, il se met à dépenser à tort et à travers et au vu de tous les vingt livres qui gonflent ses poches : tournées générales, visites à des prostituées, cadeaux divers – bagarres et fuites éperdues dans le labyrinthe des ruelles. Nous sommes à Dublin, dans les années 1920, peu après l’insurrection de 1916 ; dans le Dublin des ouvriers, des chômeurs, des miséreux, des parias, des révoltés, des résignés ; un Dublin que Gypo sillonne de « son corps de géant », sa lourde masse arpentant les bas-fonds d’une ville où l’alcool et le dénuement forment un mélange explosif.

L’écriture de Liam O’Flaherty, directe, sans fioritures, d’une poésie violente et brute, rend avec une particulière intensité la complexité de la situation : la condition sociale de ce peuple réduit aux expédients, la psychologie à la fois primaire et voilée de Gypo, qui tour à tour perd et prend conscience de son rôle de délateur et de la culpabilité qui le ronge, la bataille qui se livre au sein de l’Organisation révolutionnaire, guidée par le pur et froid Gallagher, sorte de Robespierre qui a tout deviné de la faute de Gypo, et qui le lui fait sentir : « Une force le poussait à affronter les regards de Gallagher, dont il ne pouvait se détacher sans ressentir une profonde brûlure dans la chair. » On se prend parfois à « souhaiter que [le] mouchard ne soit ni pris ni châtié », comme l’écrit Stève Passeur dans la préface, tant le personnage attire un mélange de dégoût et de compassion, à l’image de ses semblables voués à la déchéance, à l’image aussi de l’insecte pris au piège de son propre destin, comme de nombreux passages le laissent imaginer. « Il allait sans but, poussé vers le nord par la panique et l’impossibilité de réfléchir. Il fonçait dans tous les sens : il descendait une rue, virait à gauche, revenait en ligne parallèle, redescendait la rue qu’il venait de quitter, et contournait plusieurs fois le même coin, dans sa fuite éperdue. Il semblait aux trousses d’un lutin qui prenait un malin plaisir à revenir continuellement sur ses propres pas. Gypo pataugeait dans les mares, tombait sur les mains et les genoux dans des terrains vagues, se cognait violemment aux brèches des murs, grimpait sur des tas de briques, par-dessus des murs, sautait dans des cours et recommençait le même manège dans une autre rue. ». Voilà un exemple de condensé à la fois réaliste et symbolique du roman et de l’état d’un personnage aux abois.

Jean-Pierre Longre

www.belfond.fr

Roman, anglais (Irlande), Liam O’Flaherty, Louis Postif, Stève Passeur, Belfond, Jean-Pierre LongreEn 1935, John Ford réalisa un film (Le Mouchard) d’après le roman de Liam O’Flaherty. Outre celui-ci, les éditions Belfond viennent de publier, dans une veine et d’une autre époque, Le Messager de L. P. Hartley (traduit par Denis Morrens et Andrée Martinerie), dont Joseph Losey tira un film fameux, Palme d’Or au Festival de Cannes 1971.