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03/01/2024

Que vive Brèves !

revue,nouvelle,francophone,atelier du gué,brèves,jean-pierre longreBrèves n° 122, 2023

« Daniel a construit sa vie d’homme et d’éditeur sur la fidélité à ses amours et à ses amitiés. » Lui qui « détestait les certitudes » a été un infatigable artisan dans son Atelier du Gué de Villelongue d’Aude où il fabriquait, éditait, diffusait avec Martine des recueils de nouvelles et la revue Brèves, dont le numéro 122 se clôt sur l’évocation de sa vie (1947-2023), de son tempérament (« toujours calme »), du militant, « bref » de l’homme qu’il était et que chacun regrette.

Ce numéro 122, donc : sept nouvelles aux tonalités diverses déclinant le thème du malentendu, que des dramaturges (Camus et d’autres) ont reconnu comme fondement de certains rapports humains. Et ces rapports, faits de non-dits, d’ambiguïtés, de mensonges, de trahisons parfois, mais aussi de révélations et de générosité, donnent corps aux histoires ici racontées. Il y a un jeune immigré perdu dans un univers totalement étranger pour lui, et dont le seul repère est le temps qui s’écoule ; une femme qui quotidiennement pense à l’enfant qu’elle a dû abandonner, avant de se couler dans le moule de l’épouse et mère de famille (« Je l’ai laissée pour qu’elle vive de sa vie propre, moi je ne pouvais pas. ») ; un drôle d’agent immobilier qui entretient de drôles de relations avec une drôle de locataire ; la vie étrange de Joseph Brach qui n’aime pas la lumière et devient « veilleur », arpentant la nuit les rues du village (texte de Jan Čep, 1902-1974) : un riche franco-américain refusant de troubler sa tranquillité en accueillant son fils réfugié climatique ; une longue suite donnée au « Baiser de l’hôtel de ville », la fameuse photographie de Robert Doisneau. En prime, un récit plein d’humour d’une certaine Janou Walcutt (1875-1944) mettant en scène un pittoresque et bouillant « patron » de jardiniers portugais.

Comme toujours avec Brèves, nous avons affaire à une belle variété de textes parfaitement présentés, et comme toujours la rubrique « Pas de roman / bonnes nouvelles ! » donne d’autres idées de lecture. Soyons sûrs que la disparition de Daniel Delort ne nous privera pas d’aussi beaux numéros à venir…

Jean-Pierre Longre

 

Les auteurs : Natalie Barsacq, Francine Charron, Pierre Montbrand, Jan Čep, Jean-Luc Feixa, Pierre Zanetti, Janou Walcutt.

Pour s’abonner et/ou pour commander des numéros anciens :

Brèves, 1, rue du Village, 11300 Villelongue d’Aude

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Tél. 04 68 69 50 30

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13/04/2023

Le foisonnant persil de Suisse romande

revue, Le Persil, francophone, suisse, roumanie, marius daniel popescu, jean-pierre longreLe Persil Journal n° 206-207-208, février 2023

Près de Lausanne pousse toujours un florissant Persil, « journal inédit », c’est-à-dire composé uniquement de textes nouveaux. Le numéro de février 2023 donne « parole et silence » à des auteurs de Suisse romande, à commencer par Raluca Antonescu (comme Marius Daniel Popescu originaire de Roumanie, et autrice francophone confirmée), avec un extrait de L’aile nord, où la protagoniste, embauchée comme femme de ménage dans un hôtel, subit de drôles de relations avec les chambres qu’elle entretient, « coincée dans [une] absurdité implacable. » L’auteur « invité », Jacques Gélat, écrivain et scénariste, propose à la fin du numéro un récit au centre duquel l’abandon (maternel) et le désir de meurtre (filial), le manque d’amour, la velléité de vengeance et « le passage du temps » donnent sa puissance particulière à l’écriture.

revue, Le Persil, francophone, suisse, roumanie, marius daniel popescu, jean-pierre longreEntre les deux, le foisonnement que l’on attend toujours du fameux journal grand format. Des proses réalistes ou non (Karine Yakim Pasquier, Odile Cornuz, Pauline Desnuelles, Philippe Veuve, Dania Miralles, Cornélia de Preux, Juliette Dezuari), du théâtre (Philippe Jeanloz), de la poésie bardée de citations (Marie Patrono, Anicée Willemin), des poèmes tendance haïkus (Philippe Fontannaz), des proses et des vers en alternance (Maud Armani)… Le tout est ponctué par un « Voyage en Suisse » photographique de Patrick Gilliéron Lopreno et par des lignes ambulantes de Marius Daniel Popescu en personne !

Trois numéros en un, beaucoup de belle matière, beaucoup de branches, beaucoup de feuilles – encore un Persil à dévorer.

Jean-Pierre Longre

Le Persil journal, Marius Daniel Popescu, avenue de Floréal 16, 1008 Prilly, Suisse.

Tél.  +41.21.626.18.79

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31/03/2023

Le réel et ses ouvertures

revue, nouvelle, francophone, brèves, atelier du gué, jean-pierre longreBrèves n° 121, 2023

Pour Daniel Delort (1948-2023)

 « Il n’est pas facile d’écrire une bonne nouvelle. Le projet doit être parfaitement conscient quant à sa finalité, la langue doit se faire plus laconique, tendre vers une forme parfaite. Une bonne nouvelle doit offrir au lecteur des ouvertures. Elle doit lui proposer de nouvelles perspectives, l’étonner, changer sa vision du monde. » Voilà, entre autres considérations, ce que dit la fameuse écrivaine polonaise Olga Tokarczuk, Prix Nobel de littérature 2018 (L’Obs n° 3049, février 2023, p. 70). Depuis que Brèves existe, les textes choisis par Martine et Daniel Delort, dans leur diversité, tendent vers cet idéal.

La diversité, c’est encore ce qui caractérise ce numéro 121 (121 numéros, quelle constance !). Histoires d’amours surprenantes, rêvées, trahies, mortes ou éphémères ; histoires de littérature (comment se résout une énigme littéraire) ou de musique (voir plus loin) ; les mystères d’une naissance suggérés dans une conversation entre père et fille, ou des confidences sur le tailleur porté par Jackie Kennedy lors de ‘attentat de Dallas ; une fable entre fantastique et humour, ou un cauchemar se révélant réalité et semant la révolte en Chine… Puis, avant les recensions d’usage, Éric Dussert nous présente Karen Bramson, Danoise de naissance et écrivaine française (1875-1936), avec l’une de ses nouvelles inédites, « Le petit génie », relatant la destinée exceptionnelle et tourmentée d’un petit violoniste virtuose.

Grande variété, donc, avec toutefois le point commun affirmé dans la présentation : les personnages, « anti-héros au destin improbable », un destin plus aléatoire que maîtrisé, un destin qui, tout en prenant au départ ancrage dans le réel, lui échappe subrepticement ou ouvertement, laissant entrevoir des perspectives. Ajoutons à cela cette définition de l’invention littéraire soumise par l’un des auteurs de ce recueil (Denis Soubieux) : « Personne n’invente jamais complètement les fictions, n’est-ce pas ? Elles se baladent dans l’air du temps et le premier qui s’en saisit en devient l’auteur. » Un bon complément à ce qui précède.

Jean-Pierre Longre

 

Les auteurs : Bertrand Runtz, Véronique Osé, Gilles-France Wanneguenn, Elisabeth Vitielli, Richard Huitorel, Caroline Charlet, Denis Soubieux, Christine Aurel, Fabien Quérault, Annie Huault et Karen Bramson.

 

Daniel Delort est récemment décédé. Le genre de la nouvelle lui doit une fière chandelle, à lui comme à son épouse Martine. Nous, lecteurs amateurs de textes brefs, ne pouvons plus que lui rendre hommage. Merci Daniel !

 

Brèves, 1, rue du Village, 11300 Villelongue d’Aude

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10/09/2022

Histoires de lieux

Revue, Nouvelle, francophone, Brèves, Atelier du Gué, Jean-Pierre LongreBrèves n° 120, 2022

À la fin du volume, Éric Dussert présente Fanny Clar (1875-1944), journaliste engagée, romancière, nouvelliste, et propose à la lecture l’un de ses textes, « L’horloger qui écouta les horloges » : l’horloger en question, que personne n’a jamais vu en dehors de sa boutique, se voit harcelé par ses instruments qui lui répètent sans cesse « Le temps fuit… ». Finalement, c’est lui qui va fuir le lieu de son enfermement volontaire, quittant sa boutique pour des promenades, enfin « souriant au soleil, aux moineaux, à l’instant de joie qui passe et dont il faut jouir, vite, vite, avant qu’il soit trop tard, tard… ».

Voilà un beau prolongement des douze nouvelles qui composent le corps principal de ce numéro (dont les dernières pages sont consacrées, comme il se doit, à d’utiles recensions). De tons et de factures divers, ces douze nouvelles ont un motif commun : ce sont des histoires de lieux. Sur le mode réaliste ou fantastique, nostalgique ou humoristique, morbide ou réjouissant, dramatique ou poétique, il s’agit de lieux où l’on reste, que l’on quitte, que l’on retrouve, lieux individuels ou collectifs, intérieurs ou extérieurs – croisés par le temps, bien sûr, qui pèse de tout son poids sur les mouvements des personnages.

Les mouvements, et les destins. Il y a un jeune boucher qui, devenu veuf et séducteur malgré lui, part vers d’autres horizons ; ce voyageur infatigable découvrant un village reculé d’Afrique et la vie qu’on y mène ; ces habitants d’une banlieue réunis pour assister à la démolition de leurs logements à coups d’explosifs ; cette pauvre Liselotte qui n’a trouvé qu’un moyen pour bénéficier d’un peu de chaleur l’hiver : passer ses journées dans les bus. Il y a les souvenirs familiaux et lyonnais d’un jeune homme ; les impressions d’un commandant extra-terrestre visitant en 2096 une planète vide, la terre ; un monde où le travail est considéré comme une drogue… On en passe, laissant aux lecteurs le plaisir de suivre à leur guise le fil conducteur de ces nouvelles et les boucles parfois surprenantes qu’il offre.

Encore une fois, Martine et Daniel Delort font de Brèves bien plus qu’une simple revue, un recueil qui déploie toutes les ressources de la littérature. Profitons-en !

Jean-Pierre Longre

Les auteurs : Alain Leygonie, Dominique Lanni, Sylvie Cavillier, Marie-José Le Roy, Brice Gautier, Christophe Varlet, Jean-Yves Robichon, Rose Tacvorian, Dominique Carron, Julie Boudillon, Mireille Diaz-Florian, Marie-France Fournié, Fanny Clar

Brèves, 1, rue du Village, 11300 Villelongue d’Aude

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07/02/2022

L’art en mouvement

revue, poésie, entretiens, image, voyage, francophone, traductions, les carnets d’eucharis, nathalie riera, Jean-Pierre LongreLes Carnets d’Eucharis, Sur les routes du monde #3, 2021

Les Carnets d’Eucharis, c’est une belle revue à lire comme voyageait Montaigne, sur des modes divers et par étapes curieuses. Montaigne dont il est question avec d’autres, (Chateaubriand, Lamartine, Nerval, Flaubert…) sous la plume de Patrick Boccard, Montaigne, l’un des premiers à pratiquer l’écriture « nomadisée » qui forme le thème du premier dossier de ce numéro. « Sur les routes du monde », nous rencontrons Nicolas Bouvier (avec Jean-Marcel Morlat), Lorenzo Postelli (avec Zoé Balthus), Homère, Kerouac, Lacarrière, Tesson etc. (avec P. Boccard), et nous suivons les itinéraires poétiques, descriptifs, narratifs, souvent illustrés, de Nicolas Boldych (à « Rome-en-Médoc »), Jean-Paul Bota (à Lisbonne), Zoé Balthus (au Japon), Jean-Paul Lerouge (en Ouzbékistan) – et nous nous imprégnons des pages que l’on découvre comme les écrivains-voyageurs se sont imprégnés des lieux qu’ils ont explorés.

Un autre dossier, coordonné comme le précédent par Nathalie Riera, est consacré à des « portraits de poètes et d’artistes », après un portfolio consacré à de vivantes « figures de la danse » (instantanés numériques de Zagros Mehrkian sur des chorégraphies d’Estelle Ladoux et Nathalie Riera). Comme entraîné dans ce mouvement, le premier portrait est consacré à Pina Bausch (par N. Riera) ; puis s’avancent Pierre Reverdy (présenté par Alain Fabre-Catalan), Pippo Delbono (par Martine Konorski), Gérard Titus-Carmel (par Claude Darras), Ilse Garnier (par Marianne Simon-Oikawa) et Kathleen Raine (par Martine Konorski). C’est encore de Kathleen Raine qu’il est question dans le premier des entretiens « à claire-voix » qui suivent : Michèle Duclos, sollicitée par Martine Konorski, analyse entre autres la conception de l’art à laquelle tenait l’écrivaine britannique (« L’art est la cité de l’âme ») ; puis c’est Armelle Leclercq qui interroge Camille Loivier, dont un beau poème est reproduit. Plus loin, un autre entretien s’attarde sur « une bibliothèque en mouvement » : celle de Jean-Paul Thibeau qui, questionné par Barbara Bourchenin, s’interroge (comme jadis Georges Perec) sur son « faire-bibliothèque », un espace qui est « une invitation à différentes expériences de lectures, d’écritures », et aussi « un lieu de jubilation, d’effervescence, de jouissance et de créativité. »

revue,poésie,entretiens,image,voyage,francophone,traductions,les carnets d’eucharis,nathalie riera,jean-pierre longreEntretemps, « Au pas du lavoir » (beau programme annonçant la pureté du mouvement) nous aura donné des poèmes de Christophe Lamiot Enos, Irina Bretenstein, Gérard Cartier, Geneviève Liautard, Jennifer Grousselas, Michèle Kupélian, et « ClairVision » des « écrits contemporains sur les arts visuels & audiovisuels » par Richard Skryzak qui s’entretient avec Dominique Pautre (de l’atelier duquel sont montrées des vues colorées), après quoi Carla Lonzi, « critique en dissidence », est présentée par Nathalie Riera. Enfin les poèmes de Naomi Shihab Nye (traduits par Geneviève Liautard) et de Parizia Valduga (traduits par Jean-Charles Vegliante) sont suivis, dans un tranquille et ultime mouvement (« Et banc de feuilles descendant la rivière ») par des notes de lecture sur des parutions récentes de Paolo Rumiz, Adrienne Rich, Paul Stubbs, Martin de la Soudière, Nietzsche et Leonardo Sciascia.

Voyages au fil du temps, des routes et de l’eau, danses des corps et des mots, portraits en action, images vives, rien de ces pages ne peut nous laisser dans l’immobilité de l’indifférence.

Jean-Pierre Longre

http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com

25/10/2021

Souvenirs choisis

revue, autobiographie, francophone, suisse, roumanie,  le persil, marius daniel popescu, jean-pierre longreMarius Daniel Popescu, Le Persil n° 187, juin 2021

Marius Daniel Popescu, dans un élan permanent d’altruisme littéraire, ouvre habituellement les pages de son Persil à toutes sortes d’écrivains, de Suisse romande ou d’ailleurs, confirmés ou débutants, connus ou méconnus. Une fois n’est pas coutume : le numéro 187 est consacré uniquement à des textes inédits de sa propre plume. Et l’on n’est pas déçu. Dans la ligne de La symphonie du loup et de Les couleurs de l’hirondelle, mais aussi de ses Arrêts déplacés, les quatre récits d’inégale longueur qu’il nous offre ici fouillent dans les souvenirs d’un « tu » qui ne dévoile pas son identité, que l’on devine tout de même, des récits dont, la plupart du temps, l’action se déroule dans « le pays du parti unique » ou dans ce qu’il est devenu, et dont on devine aussi le nom…

revue, autobiographie, francophone, suisse, roumanie,  le persil, marius daniel popescu, jean-pierre longre« Promotion d’un pion » évoque le travail d’été d’un étudiant en sylviculture qui, pour gagner de l’argent, s’est fait engager pour trois mois au « Bureau de Tourisme pour la Jeunesse », accueillant des vacanciers venus visiter la belle ville de l’Église Noire entourée de montagnes et cherchant, pour une somme modique, à loger dans un foyer d’étudiants. Nous sommes au temps du « parti unique », des petites et grandes compromissions, de l’appauvrissement du peuple : « La crise du pays transforme les individus en marchands de corruption, les denrées alimentaires de base sont devenues monnaie d’échange et objet de favoritisme. » C’est le règne des petits chefs auxquels « tu » résiste obstinément, se voyant agir comme s’il était spectateur de lui-même : « Tu vis une sorte de pièce de théâtre dans laquelle tu as le rôle de réceptionniste d’un hôtel minable, tu t’entends parler ». Le récit se termine par une aventure désopilante aux limites du tragique, comme la Roumanie de naguère en avait le secret.

Dénouement d’un humour aussi surprenant pour le récit suivant, qui commence pourtant d’une manière dramatique, puisque le « parti unique » a décidé de détruire la maison du grand-père, qui demande à son petit-fils de l’aider à déménager ses meubles – ce qui se fera avec l’aide clandestine d’un oncle et d’un ami chauffeur : « Cet homme faisait souvent des transports illégaux, il était de mèche avec des policiers du parti unique, le pays était devenu un pays au noir. » Mais où entreposer les meubles ? C’est à ce propos que le même « tu » trouve une idée à la fois pratique, drôle et poétique, à l’occasion de Noël. Le lecteur découvrira ce garde-meubles original.

Le troisième texte, dont l’action se déroule après la chute du « parti unique », est paradoxalement le plus triste, puisqu’il relate la mort soudaine d’un ami survenue dans le « Musée d’Art de la Ville » : « Tu le connais depuis tes études universitaires en sylviculture, tu le connaissais depuis trente-six ans. Il n’a pas pu se faire opérer, dans ton pays de là-bas les médecins demandent des pots de vin pour des bricoles et pour des choses importantes ». Mais c’est l’occasion de quelques réflexions sur la mort (« La mort a une faiblesse, elle nous unit, elle est toujours embarrassée par les liens qu’elle crée entre nous »), sur l’amitié et sur la complicité rieuse – car au-delà de l’idée de la mort, le rire bien arrosé ponctue la vie et même la littérature : allusion au « persil » (plante ou journal littéraire) : « Les bières, elles étaient pour ta soif, il fallait que le persil soit arrosé régulièrement. » Malgré cela, malgré les blagues et les facéties, l’ami « est parti dans l’au-delà ».

Dans le quatrième texte, très bref, nous revenons dans « le pays d’ici », celui où vit maintenant l’auteur, avec une belle histoire de solidarité et de générosité. Et c’est une confirmation de ce qui court, en filigrane ou en clair, tout au long de la prose de Marius Daniel Popescu : la générosité, humaine et verbale (les deux vont ensemble). Les descriptions précises, le soin mis à entrer dans le détail des gestes, des objets, des relations humaines, le souci de tout dire, d’emplir la page de mots précis relèvent de l’intérêt pour les autres et du désintéressement fertile qui président aux publications – périodiques ou livresques – de l’auteur, ainsi que de l’ardeur existentielle : « La vie nous offre plein de mauvaises surprises, il faut survivre à tout, il faut toujours être capable de partir de zéro. »

Jean-Pierre Longre

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17/06/2021

Apollinaire vit toujours

Revue, poésie, francophone, Apollinaire, éditions Calliopées, Jean-Pierre LongreApollinaire n° 22, revue d’études apollinariennes, éditions Calliopées, 2021

« Après une longue période d’absence », comme l’écrit l’éditrice Sylvie Tournadre, voici un numéro exceptionnel d’une revue qui, sous la houlette de son comité de rédaction (Jean Burgos, Pierre Caizergues, Claude Debon, Daniel Delbreil, Étienne-Alain Hubert, Gérald Purnelle), garde toujours vivant « le flâneur des deux rives ». Numéro exceptionnel par son contenu, sa densité, sa diversité.

Diversité générique, puisqu’on a le choix : poésie, théâtre, étude de manuscrit, analyse comparative… D’abord un poème « de circonstance » offert par Serge Pey, « Rue des Polinaires » (les « polinaires » étaient « des artisans du métal », comme les poètes sont des artisans de la langue) ; apprécions cet hommage au demeurant très apollinarien, et semé de citations, allusions « clins d’œil » rythmant les strophes. Les pages suivantes présentent le premier acte de Chut, comédie « en vers dégagés » d’André Rouveyre, dont l’action se passe « dans le pigeonnier de Guillaume » et qui, sous les apparences du canular et de la plaisanterie, révèle, comme l’écrit Claude Debon, qui a découvert le texte dans les dossiers de Michel Décaudin, « l’histoire triste, dramatique parfois et en même temps rocambolesque de la publication des lettres et poèmes envoyés par Apollinaire à ses deux égéries, Lou et Madeleine ».

Suivent un article de Jacques Houbert (décédé en 2017) sur le manuscrit de « La Chanson du mal-aimé », relevant des variantes inédites et faisant sensiblement avancer l’édude de la genèse du poème. Puis, par Christa Dohmann, une analyse précise tendant à prouver, citations à l’appui, que Les Exploits d’un jeune don juan est la traduction partielle d’un ouvrage allemand, Kinder-Geilheit / Geständnisse eines Knaben (Lubricité des enfants / Confessions d’un garçon).

La vaste dernière partie est consacrée aux nombreuses informations réunies par Claude Debon : publications, événements, notamment ceux qui se sont déroulés autour de l’année 2018, anniversaire de la publication de Calligrammes et de la mort du poète. Impossible ici de reprendre et de résumer toutes ces informations, mais on peut mettre l’accent sur la Correspondance générale et les Lettres reçues par Guillaume Apollinaire éditées par Victor Martin-Schmets (Honoré Champion, 2015 et 2018) et sur l’impressionnant Dictionnaire Apollinaire, deux volumes publiés en 2019 sous la direction de Daniel Delbreil (Honoré Champion). On le voit, ce numéro 22, particulièrement substantiel et semé d’illustrations colorées, nous donne de belles nouvelles d’un Apollinaire toujours à découvrir.

Jean-Pierre Longre

www.calliopees.fr

07/04/2021

Aventures littéraires et cinématographiques

Zone critique couverture-zc-scaled.jpgZone critique n° 2, 2021. "Aventure"

Une belle et copieuse revue de littérature et de cinéma, une généreuse et savante "invitation au voyage", des contributions de vrais connaisseurs qui illustrent parfaitement la devise: "Rendre la culture vivante".

Articles, études, entretiens, dossiers, critiques, portraits... Plus de 400 pages pour voyager à travers les livres et les films. "Pour s’évader avec Cendrars, Stendhal, Corto Maltese ou encore Bob Morane, Akira Kurosawa, Werner Herzog… ", sans oublier Saint-Exupéry, Catherine Poulain, Fernando Pessoa, Josh et Benny Safdie, bien d'autres encore...

Sébastien Reynaud, Rédacteur en chef et fondateur de Zone Critique, Pierre Poligone, Rédacteur en chef adjoint, Corentin Destefanis Dupin, Rédacteur en chef Cinéma, Ariane Issartel, Rédactrice en chef Théâtre, Arthur Bitaud, Rédacteur en chef Littérature...

Et… Louise Granat, Marie Gué, Pierre Chardot, Lise Laniepce, Pierre Poligone, Corentin Destefanis Dupin, Sébastien Reynaud, Marion Bauer, Marion Broudin, Lise Laniepce, Théo Bellanger, Pierre Chardot, Louise Granat, Romain Debluë, Marion Bet, Camille Pech de Laclause, Lyvann Vaté, Jean-François Vernay, Marion Bauer, Clotilde Garreau, Solène Vary, Sylvain Teil-Salanova, Hélène Davoine, Claire Massy-Paol,, Hélène Boons, Axel Biglete, Léa Merle, Theodore Anglio-Longre, Blaise Marchandeau, Manon Boyer, Claire Saumand, Noé Rozenblat, Baptiste Dancoisne, Yannaï Plettener, Cassandre Morelle, Solène Reynier, Alexandre Soulabail, Samuel Vitel

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27/04/2019

Récolte de printemps

revue, Le Persil, francophone, suisse, roumanie, marius daniel popescu, jean-pierre longreLe Persil, numéro triple 162-163-164, mars 2019

Dans le premier texte, « Lire, demain ? » Marc Atallah est chargé de nous parler de la « littérature du futur ». Ce faisant, c’est la littérature de toujours qui devient l’objet de son propos, et c’est tant mieux. Le meilleur remède à la « consommation outrancière profondément individualiste », à la « communication cacophonique », au « libéralisme carnassier » et à la solitude qui en découle ? Les livres !

Les 48 pages grand format de cette nouvelle livraison du fidèle Persil de Marius Daniel Popescu en sont un roboratif témoignage. Extraits, poèmes, nouvelles de Marc Agron, Antonio Albanese, Léa Farine, Thierry Luterbacher, Béatrice Monnard, Julien Mages, Maurice Meillard, Christine Rossier, Gilles de Montmollin témoignent de la vigueur et de l’épanouissement de la littérature de Suisse romande. Et les deux nouvelles de « l’invité » qui closent l’ensemble prouvent que, dans le domaine littéraire au moins, la Suisse, la Roumanie et la France font un excellent ménage à trois.

Jean-Pierre Longre 

Journal inédit, le persil est à la fois parole et silence ; ce numéro triple contient des textes inédits d’auteurs de Suisse romande et deux nouvelles de notre invité, Jean-Pierre Longre

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23/12/2018

Suisse romande à la Une

revue, francophone, suisse, roumanie, Alain-Pierre Pillet, marius daniel popescu, jean-pierre longreLe Persil, automne 2018

Comme souvent, deux numéros du Persil reçus dans la même grande enveloppe. Merci Marius Daniel Popescu et tous les autres ! Et dans ces numéros, des lectures originales en abondance…

Automne 2018, numéros 157-158 : « Le rêve, quelle utilité ? ». Voilà la question posée par le psychiatre Nick Miller, « éternel pionnier de l’exploitation de l’énergie onirique », question à laquelle répondent divers auteurs de Suisse romande. Chacun à sa manière : poésie, narration, lettre (ouverte), essai… Question complémentaire et conclusive de Vincent Yersin : « et toi, où donc dors-tu, / mon ami ? ».

revue, francophone, suisse, roumanie, Alain-Pierre Pillet, marius daniel popescu, jean-pierre longreSeptembre 2018, numéros 159-160-161 : entièrement consacrées à Alain-Pierre Pillet, dit APP (1947-2009), ces 52 pages contiennent des textes déjà publiés ou inédits de celui que Jean-François Berger appelle « l’homme postal » (référence aux innombrables cartes postales qu’il envoya tous azimuts), des témoignages de ses amis et correspondants, une bibliographie et une promotion de l’ADADAPP (Association des Amis d’APP)… Plusieurs textes (outre lesdites cartes postales) sont manuscrits, traces d’une belle écriture développant avec une application scrupuleuse et une élégance souriante des scènes surprenantes, des pensées originales, des propos à caractère surréaliste. Lisez les poèmes, la lettre au Président (Mitterrand) ou à André Darrigade, les récits (par exemple une « Fenêtre aux trousses » bien cinématographique), les témoignages… Bref, lisez tout, et vous aurez une idée plus que précise de celui qui fut adepte de la « banalyse », qui jouait volontiers avec le réel, avec les mots et les concepts, qui maniait volontiers l’ironie et qui, selon Emmanuel Sanz, souvent « lâchait à voix basse » cette question : « Comment vivre ? ».

Jean-Pierre Longre

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26/07/2018

Du passé au présent

revue, nouvelle, francophone, brèves, atelier du gué, jean-pierre longreBrèves n° 112, juin 2018

Pour variés que soient les styles et les sujets des nouvelles publiées, elles tournent, dans chaque numéro de Brèves, autour d’un thème commun. Le n° 11 (novembre 2017) était intitulé Intuition : « Savoir. Ne pas savoir. Chercher. Comprendre. Pressentir. Imaginer. Soupçonner… D’une façon ou d’une autre, les personnages de tous ces textes sont en attente de révélation. », résumait la quatrième de couverture. Dans le numéro 112 (juin 2018), il s’agit de confrontations ou d’imbrications entre Histoire et histoires. Depuis les époques lointaines d’une Europe belliqueuse jusqu’à la tragédie des réfugiés sur une île grecque, depuis les légendes qui défraient les campagnes jusqu’aux réalités que révèle l’actualité, chaque auteur mène son récit vers une « chute » plus ou moins surprenante, plus ou moins tragique, qu’il n’est pas question de révéler ici.

À côté de noms connus (de « valeurs sûres », diraient d’aucuns), tels Paul Fournel qui nous permet de retrouver sa Claudine des Grosses rêveuses dans un texte où l’image diabolique du personnage se combine avec le fait-divers tragique et la satire, ou Christiane Baroche, dont l’humeur elle aussi quelque peu satirique et magique fait revivre, par l’intermédiaire d’une mystérieuse « dame blanche », des écrivains célèbres et leurs personnages, figurent des auteurs dont la plume exercée dans le récit court fait parfois apparaître, sous des aspects différents, des personnages inattendus ou notoires (le jeune Charlie Chaplin, des pirates très joueurs, le fils naïf d’un bourreau de Buchenwald, d’autres encore), et laisse entrevoir des destins dramatiques ou heureux.

Avant la fin du volume, Éric Dussert évoque Jeanne Landre (1874-1936), « authentique fille de la Butte, observatrice des mœurs salées de la jeunesse d’alors et reine des cœurs en liberté », et propose une de ses nouvelles, « Le Buste ». Il est ensuite question de « Pousse-Caillou », atelier de lithographie animé par Luc Valdelièvre et Perlette Attlan, avec de belles illustrations colorées et animées, avant les chroniques consacrées à des parutions récentes. L’atelier du Gué / Pour la Nouvelle publie deux numéros de Brèves par an. Pas assez pour « la furieuse envie de publication qui anime le coeur et le choeur des écrivains et des écrivaines » ? Sans doute. Mais la nouvelle est un genre qui se mérite : on ne peut lire les textes qu’en une lente et progressive dégustation, en prenant son temps. Point de vue de lecteur.

Jean-Pierre Longre

 

Nouvelles inédites : Emmanuelle Favier, Paul Fournel, Anne Lauwers, Christophe Mayssal, Christiane Baroche, Paul Mathou, Catherine Pinoteau, Rafael Pérez Gay, Mireille Diaz-Florian, Anne Banville, Jean-Louis Dubois-Chabert, Pierre Morvilliers.

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25/07/2017

Une « palette bigarrée »

revue, nouvelle, colombie, roberto salazar morales, brèves, atelier du gué, jean-pierre longreBrèves n° 110, Nouvelles de Colombie, 2017

Dans son introduction, Roberto Salazar Morales affirme qu’« il serait impossible de dresser, en quelques lignes, un tableau complet ou exhaustif de la littérature colombienne contemporaine, d’autant plus que celle-ci se caractérise essentiellement par un éclatement généralisé des thèmes et des formes. ». La richesse et la modernité de cette littérature se manifestent en particulier dans la nouvelle, qui est « le lieu privilégié d’une expérimentation formelle », et qui en Colombie semble avoir plus de succès que dans maints autres pays.

Ce numéro de Brèves, qui contribue par son existence aux manifestations de l’année France-Colombie, réunit grâce à Roberto Salazar Morales une « palette bigarrée de textes » d’auteurs contemporains, dont la plupart sont méconnus voire totalement inconnus en France (hormis chez les spécialistes ou les lecteurs avertis, on ne cite guère que Gabríel Garcia Márquez ou Alvaro Mutis). Anthologie salutaire, donc, qui donne un brillant aperçu de styles et de motifs divers. Littérature urbaine, aventures de la vie quotidienne, péripéties inattendues, humour noir, satire, visions poétiques… Toutes les tonalités, tous les registres, tous les sujets – le lecteur y trouve son plaisir, matière à rire ou à sourire, à satisfaire sa colère ou son goût de l’étrange, mais aussi matière à réfléchir : par exemple sur la difficulté à se faire publier ou sur la survie (momentanée) d’un poète (Rimbaud, en l’occurrence), sur la pérennité du tempérament et du sort d’Antigone, sur la vie et la mort… Les textes de Luis Fayad, Diana Ospina Obando, Luis Noriega, Carolina Sanin, Eduardo Garcia Aguilar, Jorge Aristizabal Gáfaro, Margarita Garcia Robayo, José Zuleta, Pablo Montoya, Juan Esteban Constain, Antonio Ungar, Ricardo Silva, Juan Alvarez, traduits par Anne Proenza, Samuel Monsalve, Marie Dadez, Roberto Salazar, Felipe Cammaert, sont complétés par des œuvres foisonnantes, colorées, transgressives de l’artiste Pedro Ruiz, savamment présentées par William Ospina, et par lesquelles on se laisse volontiers embarquer.

Plusieurs numéros de Brèves ont déjà été consacrés, en tout ou en partie, à des nouvelles venues de l’étranger. De la Nouvelle-Zélande à la Norvège, du Mexique à l’Estonie en passant par le Sénégal, l’Algérie ou la Roumanie, la littérature franchit allègrement les frontières géographiques, linguistiques et culturelles. Textes courts, dimensions internationales. Voilà, entre autres, ce qui se concocte à l’Atelier du Gué, rue du Village, à Villelongue d’Aude – et qui rayonne.

Jean-Pierre Longre

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10/04/2017

Feuilles à foison

Revue, francophone, Suisse, Le Persil, Marius Daniel Popescu, Jean-Pierre LongreJournal littéraire Le Persil, 2016-2017

Comment se fait-il que quelques revues littéraires – rares, il faut l’avouer – restent actives d’année en année à un rythme soutenu ? Ténacité, pluralité, diversité. Prenons exemple sur Le Persil – pas vraiment « revue », mais « journal », selon l’aveu même inscrit dans l’oreille qui jouxte la manchette (« Journal inédit, Le Persil est à la fois parole et silence ») et le format de la publication.

La ténacité, c’est celle de son initiateur et responsable, Marius Daniel Popescu, poète, romancier, personnalité du monde culturel suisse et roumain, toujours à l’offensive et sur la brèche, soutenu par les « Amis du Journal Le Persil ». La pluralité, la diversité, ce sont celles des auteurs qui emplissent les pages de leurs textes aux tonalités, aux formes, aux sujets d’une variété infinie.

Revue, francophone, Suisse, Le Persil, Marius Daniel Popescu, Jean-Pierre LongreConsidérons les dernières livraisons.

Novembre 2016, n° 127-128-129 : « Spécial polar romand », publié sous la responsabilité de Giuseppe Manone (par ailleurs président de l’Association des Amis du journal le Persil), comprenant une bibliographie du polar romand, des entretiens, des présentations d’auteurs et d’ouvrages et, bien sûr, des histoires policières. Avis aux amateurs…

Décembre 2016, n° 130-131-132 : « Atelier d’écriture avec des étudiants du Gymnase de la Cité de Lausanne. Visite de l’Institut littéraire de Bienne. Voyages ». Poèmes, proses, accompagnés d’images de Marie-José Imsand, un dossier sur Matthieu Ruf, Prix Georges-Nicole 2016… Le terme de « diversité » prend ici tout son sens.

Hiver 2016-2017, n° 133-134 : carte blanche à Germano Zuldo et Albertine, « qui ont demandé à vingt auteurs et illustrateurs de s’approprier le thème du territoire ». Textes et illustrations y rivalisent d’originalité, de personnalité – preuve s’il en est besoin qu’une contrainte thématique n’empêche pas et, au contraire, favorise la création.

Janvier 2017, n° 135-136 : « Bonnes feuilles » présentant des extraits de « livres à paraître en 2017 dans treize maisons de Suisse romande », annonçant « le joli printemps des maisons d’édition romandes ». Là encore, il y a de tout, un tout prometteur qui préfigure la qualité des publications à venir.

Cette brève présentation ne permet pas d’entrer dans le détail des feuilles foisonnant d’invention, de connaissances, de talents en germe ou en pleine maturité, d’imagination. Au lecteur de se faire explorateur de ce que Germano Zuldo et Albertine qualifient à juste titre de « formidable espace de création et de liberté ».

Jean-Pierre Longre

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Le persil journal, Marius Daniel Popescu, avenue de Floréal 16, 1008 Prilly, Suisse.

E-mail : mdpecrivain@yahoo.fr

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26/12/2016

« La persistance des traces »

Revue, francophone, Nunc, Réginald Gaillard, Franck Damour, Éditions de Corlevour, Jean-Pierre LongreRevue Nunc n° 40, coordination Réginald Gaillard et Franck Damour, Éditions de Corlevour, octobre 2016

Chaque numéro de la revue Nunc, « revue mystique », est assorti d’une épithète qui participe d’une déclinaison poétique. Le numéro 40, qualifié de « désertique », est néanmoins fertile en productions réparties autour d’un dossier sur Hadewijch d’Anvers sous-titré « Aux sources de la mystique occidentale ». « Béguine » dont le nom et l’œuvre (écrite en langue vernaculaire, le brabançon) ont été, disons-le, bien oubliés depuis la fin du Moyen Âge, Hadewijch d’Anvers est pour ainsi dire ressuscitée par ce beau dossier qui contient des articles de recherche littéraire et historique, des poèmes et lettres traduits et commentés, des vers inspirés par ses textes, des considérations sur son héritage et son influence… Travaux de spécialistes et d’écrivains (Daniel Cunin, Franck Willaert, Claude-Louis Combet, Pascal Boulanger, Veerle Fraeters, Rob Faesen, Raymond Jahae, Isabelle Raviolo, Ludovic Maubreuil, David Vermeiren) qui s’adressent à tous les esprits curieux de littérature, de mystique, d’amour, de poésie, d’esthétique.

Les autres pages de ce numéro illustré par des dessins en volumes puissants et tourmentés, d’une minéralité « désertique », de Solène Heurtebise se répartissent suivant les rubriques habituelles de la revue. La séquence spirituelle (Shekina), dominée par la silhouette d’Hadewijch d’Anvers, est complétée par une prose picturale  de Claude-Henri Rocquet et la poésie de l’espace, aérée, de Jean-François Eynard. L’écriture de la présence au monde (Oikouménè) est ici figurée par un texte de François Souvay (qui analyse trois essais de théorie littéraire s’intéressant à la fiction), des poèmes de Shu Cai et de Chu Chen (traduits du chinois par Nicolas Idier et Antoine Roset), ainsi que des poèmes de Paul Stubbs (traduits de l’anglais par Blandine Longre), inspirés par des œuvres de Francis Bacon. Comme une synthèse des deux sections précédentes, la troisième, Axis Mundi, propose des textes d’Éléonore de Monchy (« Défiance » et « Poèmes »), des ensembles de doubles quatrains de Gérard Bocholier (« Simon de Cyrène »), des extraits de « La Montagne qui fume » de Michel de Léobardy et une étude de Stéphane Barsacq (Le vitrail d’Yves Bonnefoy »). Enfin, le « Cahier critique » équilibre les comptes rendus : musique, peinture, poésie, philosophie.

Les épithètes peuvent défiler, comme elles le font en bas de la page de couverture, de « religieuse » à « silencieuse » en passant par « littéraire », « pérégrine », « sensuelle », « intérieure » et on en passe… Ce qui fait à la fois l’unité et la richesse de la revue, et en particulier de ce numéro 40, est exprimé dans le « Liminaire » de Gemma Serrano : « Face à l’amnésie du quotidien, la persistance des traces est proposée. […] L’instant se défait sans cesse, se forme, se déforme, se reforme et se transforme, […] l’instant modèle et métamorphose les espaces et les hommes. ». Ainsi prenons le temps de lire Nunc, maintenant, en profondeur.

Jean-Pierre Longre

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12/11/2015

Passeur de littérature

Revue, roman, nouvelle, Suisse, Roumanie, Marius Daniel Popescu, Jean-Pierre LongreJournal Le Persil n° 100, puis 101-102-103, automne 2015  

Marius Daniel Popescu aime la vie quotidienne, il aime les gens qui la traversent et la peuplent, et des moindres gestes, des moindres objets, des moindres mots s’échappent sous sa plume des paysages nouveaux – par la parole, le souvenir, l’imagination. Le banal, chez lui, ne l’est jamais; de l’ordinaire naît l’extraordinaire. S’il est besoin de le prouver encore, le numéro 100 du Persil, « journal qui cultive le goût de la cuisine des mots de chaque jour », le fait à merveille. Des poèmes nouveaux, et deux extraits d’un roman à venir (et attendu), Le Cri du barbeau : l’un puisé dans un épisode de la vie actuelle – petits incidents et conversations paisibles –, l’autre dans les souvenirs des « travaux patriotiques » organisés par le « parti unique » – ramassage obligatoire de pommes de terre par les étudiants, sous la surveillance des professeurs d’université, à l’époque de la dictature en Roumanie.

Revue, roman, nouvelle, Suisse, Roumanie, Marius Daniel Popescu, Jean-Pierre LongreCette centième parution, donc, qui dresse aussi la liste des 99 précédentes, avec tous les détails sur leur sommaire, contient « des textes d’un seul auteur ». Mais le numéro triple qui suit dans la foulée (101-102-103) est, comme la plupart des précédents, laissé à la disposition d’autres auteurs de la Suisse romande (Ivan Farron, Serge Cantero, Bertrand Schmid, Janine Massard, Silvia Härri, Ferenc Rákóczy, Lucas Moreno, Lolvé Tillmans, Dominique Brand, Heike Liedler, Michel Layaz) et de Sanaz Safari, écrivaine iranienne qui, grâce à David André et Marius Daniel Popescu, publie ici ses deux premiers textes écrits en français, « à l’attention d’un lectorat dont elle ignore tout ».

Revue, roman, nouvelle, Suisse, Roumanie, Marius Daniel Popescu, Jean-Pierre LongreRoumanie, Suisse romande, Iran, et tous les espaces que l’écriture laisse entrevoir : Le Persil, « parole et silence », est un généreux passeur de littérature, au plein sens de l’expression.

Jean-Pierre Longre

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20/10/2015

« Questionner, inquiéter, jouer »

Revue, nouvelle, francophone, Brèves, Atelier du Gué, Jean-Pierre LongreBrèves n° 106, 2015 

1975-2015. C’est autour de ces deux dates et des quarante années qu’elles délimitent que tourne l’éditorial de ce n° 106 de Brèves. 1975 : création « déraisonnable », en tout cas audacieuse, de L’Atelier du Gué, loin de Paris et en l’absence des moyens de communication dont, en 2015, il y a pléthore… La maison d’édition et la revue Brèves ont non seulement tenu le coup, mais se sont développées ; d’ailleurs Martine et Daniel Delort, avec tous ceux qui les entourent, les aident en fonction de leurs moyens, continuent. « Soyons fous, écrivent-ils, régalons-nous avec ce numéro qui nous avons titré Émois et frissons, et dont le la est donné par Annie Saumont. La littérature aime questionner, inquiéter, jouer… ».

Questions, inquiétude, jeu : les douze nouvelles de ce volume, emmenées par « Un témoin gênant », nous en fournissent à foison. Événements mystérieux, anecdotes étranges, crimes explicables ou non, meurtres à distance, destins insensés, sentiments extrêmes, désillusions intimes… L’art du récit bref, de la narration incisive ou suspendue se décline au fil des pages et des plumes (outre celle, donc, d’Annie Saumont) de Michel Lamart, Pierre-Brice Lebrun, Marina Pesic, Jean-Daniel Herschel, Stéphane Croenne, Victor Garcia, Mireille Diaz-Florian, Jean-Louis Rech, Isabelle Lagny, Sven Hansen-Løve, Sébastien Reynaud.

Suivent un dossier iconographique varié sur les belles œuvres plastiques et photographiques de Claudine Capdeville, un texte du trop méconnu Louis Ténars, « Les P’tits Noëls », introduit par de précieuses indications d’Éric Dussert, et des incursions « sur la toile » avec les revues Encres vagabondes et Texture. Encore un beau numéro, qui maintient la vie littéraire dans une toujours permanente jeunesse. Lisez Brèves, vous serez émus, vous frissonnerez !

Jean-Pierre Longre

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02/04/2014

« Vibration de langue et d’encre »

Revue, poésie, image, francophone, traductions, Les carnets d’Eucharis, Nathalie Riera, Jean-Pierre LongreLes Carnets d’Eucharis n° 2, 2014

Le premier numéro en version imprimée était consacré à Susan Sontag; le second « poursuit sa ligne exploratrice des figures d’écritures » en laissant libre cours « à une constellation d’écrits inédits qui multiplient les franchissements et les traversées », selon les mots de la rédactrice en chef, Nathalie Riera. Cela donne un volume qui, pour hétérogène qu’il puisse d’abord paraître en matière générique et linguistique, trouve son unité dans le choix exigeant des textes et des images, un choix fondé sur la qualité esthétique et sur l’originalité thématique, dans une exploration des « paysages de la poésie et de la littérature ».

Après un entretien avec Étienne Faure autour de son dernier opus, La vie bon train, puis des photographies d’Éric Bourret commentées par François Coadou, le chapitre « Au pas du lavoir » présente des poèmes, des proses, des versets, des sentences lyriques avant un texte de Claude Minière extrait de « Mallarmé et les fantômes » et une « Petite anthologie de Textes contemporains er de Paroles d’artistes » (« En haut du pré »). Puis une partie multilingue avec des œuvres de W.S. Graham, Paul Stubbs, Mariangela Gualtieri, Juan Gelman, Viviane Ciampi, Eva-Maria Berg, Mina Loy traduites par Blandine Longre, Angèle Paoli, Raymond Farina, Brigitte Gyr, Olivier Apert… Enfin, des portraits et lectures critiques qui ouvrent un vaste horizon littéraire, et où chacun peut glaner sa nourriture.

Il faudrait tout citer, et l’on serait tenté de reproduire de larges extraits d’une revue qui, selon le souhait de la rédaction, a de grandes chances de muer le lecteur en « paysagiste », et à laquelle on souhaite une belle route.

Jean-Pierre Longre

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25/03/2014

Des nouvelles d’Estonie, et d’ailleurs

revue, nouvelle, francophone, estonie, Mehis Heinsaar, Antoine Chalvin, Georges-Olivier Châteaureynaud, Gérard Jarlot, brèves, atelier du gué, jean-pierre longre Brèves n° 103, « Estonie » et « Nouvelles inédites », décembre 2013

Que sait-on en France de la littérature estonienne ? Mieux (pire), que sait-on de l’Estonie ? La lecture de la deuxième moitié du numéro 103 de Brèves, sans imposer un savoir encyclopédique, permet d’obtenir une réponse au moins partielle à ces deux questions et, surtout, introduit à la connaissance de ce pays en passant par la porte la plus séduisante, l’ouverture artistique.

D’une part l’art du récit court, avec, par André Chalvin, une « brève histoire de la nouvelle estonienne » et une recension des œuvres traduites en français, puis un entretien de Georges-Olivier Châteaureynaud avec l’un des représentants majeurs du genre, Mehis Heinsaar – illustré par deux nouvelles originales, dont le « réalisme magique » et la poésie onirique stimulent singulièrement la lecture. D’autre part l’art architectural et les arts visuels (peinture et photographie), qui fournissent l’occasion d’un beau cahier en couleurs – ce qui, promis, se renouvellera régulièrement.

Cette deuxième moitié se termine par un « bref » mais intéressant et méthodique « éloge de la nouvelle » par Michel Lamart et deux notes critiques. Et la première ? Elle répond à un autre objectif de la revue : faire connaître des textes et des auteurs nouveaux ou méconnus. Évidemment, ces qualificatifs ne concernent pas Paul Fournel, qui ouvre l’anthologie par trois pages aussi drôles que noires. Ainsi guidée, la petite troupe formée de Sylvie Durbec, Jean-Claude Tardiff, Astrid Bouygues, Monique-Marie Champy, Jean Pézennec, Emmanuel Leriche, Domi Giroud et Christine Sagnier raconte des histoires poétiques, humoristiques, nostalgiques, avant une remise en mémoire, par Éric Dussert, de Gérard Jarlot (1923-1964), qui eut son « heure de gloire », « une existence aussi pétillante que raccourcie », et dont on peut lire une nouvelle dense et fiévreuse.

Après la Norvège, la Suède, le Mexique, l’Espagne, le Liban, la Bulgarie, la Roumanie, la Nouvelle-Zélande et l’Océanie, la revue poursuit son exploration des écritures étrangères, tout en prêtant ses pages à la diversité française. Sûrs de gagner, continuons à miser sur cette « permanence » toujours renouvelée de Brèves

Jean-Pierre Longre

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03/02/2014

Toujours vert

Le persil, journal, 2013

Revue, francophone, Suisse, Roumanie, Marius Daniel Popescu, Jean-Pierre Longre

Réalisé par Marius Daniel Popescu (ou, au moins, avec son concours, et quoi qu’il en soit toujours à son initiative), Le persil, journal littéraire aux voix multiples, lance toujours ses larges feuilles bien remplies sur les chemins de la langue française et dans les champs de la culture européenne. Quelques exemples de l’activité tous azimuts de cette publication qui laisse la parole aux auteurs les plus divers, sans considération de leur notoriété sur le marché de l’édition ? En voici, tout au long de l’année 2013 :

Mai (n° 65-66-67) : inaugurés par un beau témoignage de Gérard Delaloye sur des souvenirs d’amitié roumano-valaisanne, une suite de textes inédits, poétiques, théâtraux, narratifs d’auteurs de Suisse romande.

Juin (n° 68-69) : carte blanche offerte par Marius Daniel Popescu à Herke Fiedler, « auteure, poétesse, performeure » née en Allemagne, vivant à Genève, écrivant en français et faisant cohabiter différentes langues. Textes poétiques, étranges parfois, et qui toujours interrogent le lecteur, dans une mise en page originale.

Juillet-août-septembre (n° 70-71-72) : Vincent Yersin et Daniel Vuataz font le tour des nouvelles maisons littéraires de Suisse romande : interviews d’éditeurs, portraits, genres, activités, particularités, photos, « fiches d’identité » – un numéro qui donne une idée précise de la vie et de la production littéraires locales.

Novembre ( n° 73-74) : réalisé par André Wyss, un numéro consacré à Charles Racine (1927-1995), « poète au talent rare », trop méconnu. Des textes d’André Wyss, Philippe Rahmy, Françoise Matthey, et du poète lui-même, tentent une juste réhabilitation de cette « voix hors du commun ».

Décembre (n° 75) : « Voix de condamnés à mort ». Présentés par Daniel Vuataz et Joséphine Maillefer, des lettres et des poèmes de détenus – beaux documents parfois tout simples, toujours émouvants – « parole et silence », comme se définit Le persil.

Le persil dérange parfois, rassure aussi sur la ténacité de la littérature à rester vivante. Qu’elle continue à vivre, que Le persil, qui a maintenant 10 ans, continue à pousser, malgré un terreau capricieux !

Jean-Pierre Longre

 

Le persil journal, Marius Daniel Popescu, avenue de Floréal 16, 1008 Prilly, Suisse.

Tél.  0041.21.626.18.79.

E-mail : mdpecrivain@yahoo.fr

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M.D. Popescuhttp://jplongre.hautetfort.com/tag/marius+daniel+popescu

Rencontre avec M. D. Popescu, vidéohttp://www.canal-u.tv/producteurs/universite_lyon_3_division_de_l_audio_visuel_et_du_multimedia/dossier_programmes/lettres/rencontre_avec_marius_daniel_popescu 

 

17/12/2013

Des revues à foison

Études greeniennes n° 5, Apollinaire n° 14, Cahiers Raymond Queneau n° 3, Éditions Calliopées, 2013

Revue, francophone, Julien Green, Guillaume Apollinaire, Raymond Queneau, éditions Calliopées, Jean-Pierre Longre

Aux éditions Calliopées, une part importante des publications est consacrée à des revues que l’on appellera monographiques, puisque chacune d’entre elles est consacrée à un auteur particulier : Guillaume Apollinaire, Julien Green, Pierre Jean Jouve, Raymond Queneau, Jean Tardieu. Apollinaire, Green et Queneau font l’objet des toutes dernières livraisons.

Le numéro 5 des Études greeniennes, présenté par Marie-Françoise Canérot et Carole Auroy, est largement consacré à des articles précis sur le motif de la nuit dans plusieurs des œuvres de l’écrivain. « S’enfoncer dans la nuit greenienne, c’est […] pénétrer au cœur battant d’un homme et d’un imaginaire », écrit M.-F. Canérot. Le volume se clôt par la fort belle reproduction d’une lettre manuscrite de l’auteur.

Revue, francophone, Julien Green, Guillaume Apollinaire, Raymond Queneau, éditions Calliopées, Jean-Pierre Longre

Le n° 14 d’Apollinaire, revue qui publie régulièrement, depuis plusieurs années, des « études » à la mesure du génie, de l’éclectisme et de la notoriété du poète, est inauguré, après l’éditorial de Jean Burgos, par les « ouvertures » d’un autre poète, Jean-Michel Maulpoix, puis par un texte émouvant de Madeleine Pagès, la fiancée lointaine, présenté par Claude Debon. Suivent des études spécialisées, notamment un article de grand intérêt sur « la musique d’Apollinaire », par Peter Dayan, avant les traditionnels comptes rendus et échos.


Raymond Queneau est, peut-on dire, celui qui peuple le plus Revue, francophone, Julien Green, Guillaume Apollinaire, Raymond Queneau, éditions Calliopées, Jean-Pierre Longreassidûment le catalogue des éditions Calliopées. Le numéro 3 des Cahiers qui lui sont consacrés, sous la houlette de Daniel Delbreil, est consacré à des « déchiffrements » divers : parallèle Queneau-Cioran, études concernant En passant, Pierrot mon ami, le « langage des fleurs », présentation d’un texte de jeunesse sur l’Albanie… Volume particulièrement émouvant, puisqu’il commence en évoquant la mémoire de trois grands « queniens » récemment disparus, Claude Simonnet, Brunella Eruli et Florence Géhéniau.

Revues de spécialistes ? Oui, en partie, avec les exigences intellectuelles et la perfection formelle que cela implique. Mais les études à caractère universitaire voisinent avec des textes, des présentations, des nouvelles, des échos dans lesquels tout lecteur peut trouver son intérêt et son plaisir.

Jean-Pierre Longre

www.calliopees.fr 

17/11/2013

Le messager noir, quatrième galop

revue, anglophone, francophone, poésie, nouvelle, essai, blandine longre, paul stubbs, black herald pressThe Black Herald – nr 4, octobre 2013, Black Herald Press

Poèmes, proses, essais, photographies : le nouveau numéro de la revue bilingue (et même multilingue, en l’occurrence) offre un choix toujours exigeant, toujours gratifiant, et d’une haute tenue constante.

With / avec Steve Ely, Pierre Cendors, Edward Gauvin, Paul B. Roth, Jean-Pierre Longre, Rosemary Lloyd, Boris Dralyuk, Paul Stubbs, Georgina Tacou, John Lee, Cristián Vila Riquelme, Philippe Muller, Michael Lee Rattigan, Desmond Kon Zhicheng-Mingdé, Vasily Kamensky, David Shook, Oliver Goldsmith, Michel Gerbal, Gary J. Shipley, Anthony Seidman, Fernando Pessoa, Cécile Lombard, Anne-Sylvie Salzman, Heller Levinson, Jorge Ortega, Blandine Longre et des essais sur / and essays about Robert Walser, Arthur Rimbaud, Raymond Queneau, E.M. Cioran. 

Images: Raphaël Lugassy, Pierre Cendors. 

Design: Sandrine Duvillier.

The Black Herald
Literary magazine – Revue de littérature

Issue #4 – October 2013 - Octobre 2013
160 pages – 15€ / £12.90 / $20 – ISBN 978-2-919582-06-8 (ISSN 2266-1913)

Poetry, short fiction, prose, essays, translations.
Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.

now available / disponible
To order the issue / Pour commander le numéro 

The Black Herald’s editors are  Paul Stubbs and Blandine Longre.
Comité de Rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre.

Contents / Sommaire

Contributors / Contributeurs

 

An interview with Paul Stubbs in Bookslut (October 2012)

Un article paru dans Recours au Poème  (Octobre 2013)

 

http://blackheraldpress.wordpress.com

03/11/2012

Le numéro trois est arrivé !

Revue, anglophone, francophone, poésie, nouvelle, essai, Blandine Longre, Paul Stubbs, black herald pressThe Black Herald – 3


Literary magazine – Revue de littérature

Issue #3 – September 2012 - Septembre 2012
190 pages – 15€ / £13 / $19 – ISBN 978-2-919582-04-4

Poetry, short fiction, prose, essays, translations.
Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.

 

 

Now available

Disponible

 

With / avec W.S. Graham, Gregory Corso, Andrew Fentham, Louis Calaferte, Iain Britton, Jos Roy, Tristan Corbière, Michael Lee Rattigan, Clayton Eshleman, Denis Buican, John Taylor, César Vallejo, Anne-Sylvie Homassel, Cécile Lombard, Gary J. Shipley, Rosemary Lloyd, Bernard Bourrit, Mylène Catel, Nicolas Cavaillès, Ernest Delahaye, Sébastien Doubinsky, Gerburg Garmann, Michel Gerbal, Allan Graubard, Sadie Hoagland, James Joyce, João Melo, Andrew O’Donnell, Kirby Olson, Devin Horan, Dominique Quélen, Nathalie Riera, Paul B. Roth, Alexandra Sashe, Will Stone, Anthony Seidman, Ingrid Soren, August Stramm, Pierre Troullier, Romain Verger, Anthony Vivis, Elisabeth Willenz, Mark Wilson, Paul Stubbs, Blandine Longre et des essais sur / and essays about Charles Baudelaire, Francis Bacon. Images: Ágnes Cserháti, Olivier Longre, Will Stone, Devin Horan. Design: Sandrine Duvillier.

 

 

The Black Herald is edited by Paul Stubbs and Blandine Longre
Comité de Rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre

 

 

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09/07/2012

Jeunesse et affirmation d’un genre

Revue, Nouvelle, Roumanie, Fanny Chartres, Brèves, Atelier du Gué, Jean-Pierre LongreBrèves n° 99, Nouvelles de Roumanie, 2012

« Anthologie permanente de la nouvelle ». Tel est le sous-titre de la revue Brèves, qui depuis ses débuts répond fidèlement à cette forme d’engagement : publier des textes littéraires courts. Le n° 99 n’y déroge pas : des textes, uniquement des textes (narratifs et brefs, bien sûr), consacrés ici à une littérature en pleine expansion, qui n’a pas fini de faire parler d’elle : la littérature roumaine.

Fanny Chartres, qui a traduit et qui présente ces nouvelles, signale au passage que la Roumanie « est le pays de l’ambivalence, des extrêmes, des passions, de l’endurance ». La vie culturelle du pays et de sa capitale est foisonnante, et la publication de ces nouvelles est une heureuse initiative, mettant en avant un genre qui n’ y a pas un passé aussi riche qu’en France, par exemple, mais qui se constitue et s’affirme durablement à notre époque. Le critique Marius Chivu rappelle d’ailleurs, dans un entretien initial, que « la moyenne d’âge des écrivains actifs a beaucoup baissé ces dernières années » ; il paraît donc normal que les formes et les genres se renouvellent, même si le roman et, surtout, la poésie restent les fondements de la création.

Dix textes, dix écrivains dont certains bénéficient déjà d’une notoriété nationale et internationale, tels Gabriela Adameşteanu et Mircea Nedelciu, qui ouvrent et ferment le recueil. Des découvertes, aussi, qui donnent une idée de la richesse et de la diversité des tons et des styles, mais aussi des points communs : l’art du raccourci et de la condensation, le goût des déplacements (on voyage beaucoup, dans l’espace et dans le temps, de différentes manières : en imagination ou par quelque moyen de transport bien réel), la force des sentiments et des émotions, l’humour… Et les photographies d’Ileana Partenie donnent de Bucarest, en particulier, une vision à la fois personnelle et en adéquation avec les points de vue suggérés par l’écriture.

On met souvent en avant, à juste titre, les relations privilégiées qu’entretiennent depuis longtemps les cultures roumaine et française ; il est aussi important de prendre en compte ce que la Roumanie apporte de nouveau, dans ce domaine, à la culture européenne. Ce volume en donne des échantillons de choix. 

Jean-Pierre Longre

http://www.atelierdugue.com

30/12/2011

De Valentin à Raymond

Revue, essai, francophone, Raymond Queneau, Oulipo, éditions Calliopées, Jean-Pierre LongreCahiers Raymond Queneau n°1, "Quenoulipo", Éditions Calliopées, 2011

Il y a eu, jusqu’en 1986, la première série des Amis de Valentin Brû ; puis les Cahiers Raymond Queneau, et une nouvelle série des Amis de Valentin Brû ; dorénavant, l’écrivain a repris la place du personnage et la nouvelle série des Cahiers Raymond Queneau, toujours sous l’égide de l’association des Amis de Valentin Brû, est publiée par les éditions Calliopées, maison qui a l’expérience des ouvrages sur Queneau et des revues diverses (Apollinaire, Cahiers Jean Tardieu, Études greeniennes).

Tout cela, Daniel Delbreil, directeur des publications, le rappelle à bon escient dans son éditorial, avant de laisser la place à Astrid Bouygues, responsable de ce numéro 1 consacré aux rapports entre Queneau et l’Oulipo (bien normal, puisque, comme chacun le sait, l’auteur de Cent mille milliards de poèmes fur cofondateur de l’Ouvroir, qui a fêté récemment ses 50 ans). Alors on a invité du beau monde, de belles plumes qui représentent différentes générations, différentes manières, différents types de relation au père (ou grand-père)… Paul Fournel, qui affirme justement : « Il n’est pas étonnant que chaque oulipien ait « son » Queneau et en fasse le meilleur usage » ; puis Frédéric Forte, Ian Monk, Jacques Jouet, Michèle Audin, Michelle Grangaud, Harry Mathews, Daniel Levin Becker, qui se sont tous soumis aux contraintes de l’écriture oulipienne et/ou mémorielle ; sans oublier, exhumés et présentés par Bertrand Tassou, des textes inédits de Jacques Bens, oulipien historique.

La vocation première des Cahiers Raymond Queneau est, comme on s’en doute, l’étude de l’œuvre quenienne. Après la création, donc, priorité aux universitaires : Camille Bloomfield mesure et analyse avec une précision scientifique les rapports Queneau–Oulipo, Virginie Tahar examine de près les rapports intertextuels entre les mêmes, et Astrid Bouygues fait part des relations oulipiennes entre les écrits de François Caradec et Raymond Queneau. Comptes rendus et échos divers closent, comme il se doit, un volume qui ne manquera pas de ravir un public déjà conquis, mais aussi de conquérir un public potentiel.

Jean-Pierre Longre

www.calliopees.com    

Pour commander ou s’abonner :

www.calliopees.fr/e-librairie/fr/12-cahiers-raymond-queneau

04/12/2011

Une culture en mouvement

Revue, essai, francophone, Roumanie, Altermed, éditions Non Lieu, Jean-Pierre LongreRevue Altermed n° 4, « Cultures roumaines », éditions Non Lieu, 2011

La revue Altermed a consacré trois numéros à la culture de différents pays méditerranéens, en mettant l’accent sur la création contemporaine et ce qui fait ses spécificités. La Roumanie est-elle un pays méditerranéen ? Michel Carassou, dans sa présentation, justifie le choix du numéro 4 en rappelant l’histoire et la tradition latines du pays, ainsi que l’influence ottomane à laquelle s’est heurtée « l’hégémonie slave ».

Quoi qu’il en soit, un volume consacré aux « cultures roumaines », qui ont tant de liens avec celles de divers pays d’Europe, notamment la France, autre pays méditerranéen, se justifie pleinement. Les bouleversements intervenus depuis la fin des années 1980 ne sont pas seulement politiques ou économiques. Le champ culturel a lui aussi connu des changements radicaux, ne serait-ce que par la liberté retrouvée, avec les tentatives, les tâtonnements, les expériences, les échecs et les réussites qu’elle a suscités.

La littérature occupe ici une place importante : la prose narrative, dont Andreia Roman rappelle l’histoire récente, depuis les contraintes du totalitarisme jusqu’à la « mise en question du monde » par les romanciers de la dernière génération comme Florina Ilis ; la poésie, elle aussi florissante, dont l’anthologie contenue dans ces pages complète celle qui a été publiée en 2008 dans Confluences poétiques ; le théâtre, lieu expérimental par excellence, qui oscille entre fidélité aux « racines » et « désir violent de réel ». Deux chapitres sont en outre consacrés aux arts visuels : le cinéma, dont les films d’auteurs internationalement reconnus manient à l’envi l’absurde, la satire et le « minimalisme » ; les arts plastiques – photographie, graphisme – qui tendent eux aussi vers un renouvellement complet et un engagement socio-politique marqué.

Malgré sa relative jeunesse, la Roumanie est riche d’un patrimoine culturel exceptionnel, qui a souvent nourri les avant-gardes européennes. Les artistes d’aujourd’hui ne dérogent pas à cette tradition, et on est heureux de lire ici des textes d’auteurs notoires ou encore peu connus, ainsi que des analyses précises et engageantes de certaines formes d’art contemporain.

Jean-Pierre Longre

www.editionsnonlieu.fr   

 

Revue, essai, francophone, Roumanie, Altermed, éditions Non Lieu, Jean-Pierre LongreLes éditions Non Lieu viennent de publier une très intéressants correspondance de la poétesse et philosophe Catherine Pozzi (1882-1934) avec Raïssa et Jacques Maritain, Hélène Kiener et Audrey Deacon. Ces lettres inédites sont longuement présentées, précisément annotées par Nicolas Cavaillès, qui les a pour la plupart retrouvées à la Bibliothèque Nationale de France.

Nicolas Cavaillès, L’élégance et le chaos, éditions Non Lieu, 2011

 

31/08/2011

The Black Herald n°2 arrive

Black Herald.jpgLiterary magazine –Revue de littérature

The Black Herald  issue #2 – September 2011 - Septembre 2011
162 pages - 13.90 € – ISBN 978-2-919582-03-7

Poetry, short fiction, prose, essays, translations.
Poésie, fiction courte, prose, essais, traductions.

With / avec W.S Graham, Danielle Winterton, Dumitru Tsepeneag, Clayton Eshleman, Pierre Cendors, Onno Kosters, Alistair Noon, Anne-Sylvie Salzman, Róbert Gál, Andrew Fentham, Hart Crane, Delphine Grass, Jacques Sicard, Iain Britton, Jos Roy, Michael Lee Rattigan, Georges Perros, Laurence Werner David, John Taylor, Sudeep Sen, César Vallejo, Cécile Lombard, Michaela Freeman, Gary J. Shipley, Lisa Thatcher, Dimíter Ánguelov, Robert McGowan, Jean-Baptiste Monat, Khun San, André Rougier, Rosemary Lloyd, Hugh Rayment-Pickard, Sherry Macdonald, Will Stone, Patrick Camiller, Paul Stubbs, Blandine Longre. and essays about / et des essais sur Arthur Rimbaud, Tristan Corbière, Jacques Derrida. Images : Romain Verger, Jean-François Mariotti. Design: Sandrine Duvillier.

The Black Herald is edited by Paul Stubbs and Blandine Longre
Comité de rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre

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Submission guidelines

Co-edited by Blandine Longre and Paul Stubbs, the magazine’s only aim is to publish original world writers, not necessarily linked in any way by ‘theme’ or ‘style’. Writing that we deem can withstand the test of time and might resist popularization – the dangers of instant literature for instant consumption. Writing that seems capable of escaping the vacuum of the epoch. Where the rupture of alternative mindscapes and nationalities exists, so too will The Black Herald.

L’objectif premier de la revue, coéditée par Blandine Longre et Paul Stubbs, est de publier des textes originaux d’auteurs du monde entier, sans qu’un « thème » ou un « style » les unissent nécessairement. Des textes et des écritures capables, selon nous, de résister à l’épreuve du temps, à la vulgarisation et aux dangers d’une littérature écrite et lue comme un produit de consommation immédiate. Des textes et des écritures refusant de composer avec la vacuité de l’époque, quelle qu’elle soit. Éclatement des codes, des frontières nationales et textuelles, exploration de paysages mentaux en rupture avec le temps : c’est sur ces failles que l’on trouvera le Black Herald.

“Black Herald Press is an outstanding new imprint – physically and stylistically their books are a delight.” — Paul Sutton, Stride magazine, 10/2010.

« La ligne éditoriale de la revue s’attache avant tout à établir un horizon élargi et diversifié de genres, de langues et de styles. Aucun thème ni mouvement commun, simplement (et c’est là que se trouve tout le sel de ces pages) l’articulation d’hémisphères, quelques terres inconnues reliées les unes aux autres pour que le style, justement, de la revue, ce soit ce point de convergence des textes entre eux. » – Guillaume Vissac, 04/2011

“Its publication feels like an event, in terms of quality and scope (it’s bi-lingual and has its sights, like Blast long before it, on the more visionary and European aspects of poetry).” – Darran Anderson, 02/2011

« Aux commandes de ce navire de pirates, Paul Stubbs et Blandine Longre, dont on avait déjà loué ici la sauvage poésie d’expression anglaise. Tous deux ont eu l’audace d’offrir à leurs contributeurs cette étrange arène où la langue, par le système d’échos qu’ils ont construit, ne peut être que remise en cause. Lecture jamais confortable, jamais contentée, donc, que celle du Black Herald, où chaque page, chaque texte, dans sa version originale et / ou dans sa traduction est source d’inquiétude. On attend avec une impatience certaine la deuxième livraison (automne 2011, nous dit-on) de ce super-héraut. » – Le Visage Vert, 01/2011

 

18/07/2011

Les colères d’un modéré

Essai, Revue, francophone, Jean Prévost, Emmanuel Bluteau, éditions Joseph K., Jean-Pierre LongreJean Prévost, Ni peur ni haine, articles réunis et présentés par Emmanuel Bluteau, Joseph K., « métamorphoses », 2011

Jean Prévost n’était pas un idéologue, loin de là. Les circonstances, sa lucidité, son patriotisme, son sens politique, son humanité, son volontarisme l’ont poussé à s’engager dans la Résistance ; son assassinat par l’ennemi nazi, le 1er août 1944 dans le Vercors, a privé ses lecteurs de son œuvre à venir.

Essayiste et romancier, Jean Prévost était aussi journaliste, et en tant que tel il ne mâchait pas ses mots. En 1933, il crée avec Alfred Fabre-Luce et Pierre Dominique l’hebdomadaire Pamphlets, qui paraîtra jusqu’en mars 1934 ; des trois, il sera le seul à garder sa dignité (les deux autres deviendront pendant l’occupation des collaborateurs notoires) ; mais sept ans avant la guerre, ils unissent leurs divergences dans la rédaction de ce périodique « engagé », au sens large du terme, c’est-à-dire prenant des positions indépendantes dans les troubles de l’époque.

La publication de Ni peur ni haine est une heureuse initiative. Les articles ici réunis selon le vœu de l’auteur dévoilent son éclectisme, son intelligence et sa modernité. S’il touche à des sujets très divers, c’est en pleine connaissance de cause : politiques, économiques, sociaux, culturels, internationaux, pédagogiques, tous les problèmes sont traités en quelques pages, mais toujours à fond, sans ménagements mais sans excès, avec l’entrain d’une personnalité hors du commun, à l’écart des partis pris et des idées reçues. Qu’il défende les quarante heures ou l’enseignement de l’éducation physique, qu’il réfléchisse à la montée de l’hitlérisme ou aux événements de février 1934, qu’il enquête sur la survie matérielle des écrivains ou qu’il disserte sur les différents moyens d’information, Jean Prévost s’exprime en toute liberté, sans « peur » ni « haine », avec la logique et la clarté d’un style vigoureusement adapté au propos. Chaque texte se lit non comme un roman, non comme un simple commentaire circonstanciel, mais comme un essai dont la pérennité, la constante actualité sautent aux yeux.

À l’auteur le dernier mot, on le lui doit bien : « Dans Pamphlets, au cours d’une année particulièrement riche, j’ai tenté de mettre au point ce que je devais à mon éducation socialiste, à ma formation intellectuelle d’élève d’Alain, toutes deux modifiées par une enquête contemporaine, qui a été l’objet principal de ma vie depuis 1930. Je n’ai à  dissimuler ici ni ce que je dois à ma formation, ni ce que mon expérience y a changé ; dans ces domaines où la pensée n’a jamais qu’une valeur approchée, il faut se servir hardiment de ses idées comme de ses outils ».

Jean-Pierre Longre

www.editions-josephk.com

En savoir un peu plus sur Jean Prévost :

http://www.gallimard.fr/Folio/livre.action?codeProd=A41017

http://www.lesimpressionsnouvelles.com/catalogue/jean-prevost-aux-avant-postes

http://jplongre.hautetfort.com/archive/2011/05/20/aux-jeu... 

http://jplongre.hautetfort.com/archive/2010/04/23/la-noblesse-des-parvenus.html   

À noter que l’association « Les amis de Jean Prévost » (www.jeanprevost.org) publie la revue Aujourd’hui Jean Prévost, dont le dernier numéro propose, entre autres, un « Carnet de voyages » de l’auteur, ainsi que son texte Les sports en France. Un volume qui devrait susciter l’intérêt de tous les lecteurs de Jean Prévost, passés, présents et à venir.

Contacts : « Les amis de Jean Prévost », Maison du Patrimoine, 38250 Villard-de-Lans. Correspondance : Marie-Aline Prévost, maprevost@hfp.fr ou Emmanuel Bluteau, emmanuel.bluteau@jeanprevost.org .

 

13/04/2011

Littérature en vert

Revue, Poésie, Suisse, Roumanie, Marius Daniel Popescu, Olivier Stillig, Jean-Pierre LongreLe persil journal, Lausanne

 

Marius Daniel Popescu, poète du quotidien réel et imaginaire, de l’évidence et du non-dit, du passé roumain, du présent suisse, chauffeur de bus (mais « on n’a pas besoin d’être chauffeur de bus pour aimer les gens qui prennent le bus »), auteur du recueil Arrêts déplacés (Antipodes, Lausanne, 2004) et du roman La symphonie du loup (José Corti, 2007), publie depuis plusieurs années ce journal au drôle de titre, édité en Suisse, où réside son créateur.

 

Poèmes et autres textes s’y glissent discrètement, s’y étalent orgueilleusement, s’y côtoient, s’y répondent avec, depuis un certain temps, une nouveauté de taille : le rédacteur en chef n’en est plus l’unique signataire ; ses pages sont généreusement prêtées à d’autres, Suisses ou Français, jeunes ou vieux, célèbres ou méconnus, qui les ouvrent sur des paysages multiples et divers. Le numéro 38 de février 2011, par exemple, donne carte blanche à Olivier Sillig, romancier, peintre, réalisateur, qui lui-même offre une bonne place à des textes de Daisy Nachevez et Daisy Neddi…  Dans un terreau fertile, Le persil prospère en branches multiples, en bouquets serrés, « à la fois parole et silence ».

 

Jean-Pierre Longre

 

Le persil journal, Marius Daniel Popescu, avenue de Floréal 16, 1008 Prilly, Suisse.

Tél.  0041.21.626.18.79. E-mail : mdpecrivain@yahoo.fr

Association ses Amis du journal Le persil : lepersil@hotmail.com

 

Pour rappel :

La symphonie du loup : http://jplongre.hautetfort.com/archive/2010/08/04/hurlement-de-la-vie-epuisement-du-langage.html

Arrêts déplacés : http://jplongre.hautetfort.com/archive/2011/03/16/transports-en-commun-poetiques.html

28/01/2011

The Black Herald

2011-01-13 13.34.03.jpgLiterary magazine – Revue de littérature

Issue #1 January 2011 – Janvier 2011
160×220 – 148 pages - 13.90 €
ISBN 978-2-919582-02-0

Poetry, short fiction, essays, translations.
Poésie, fiction courte, essais, traductions.

The first issue can now be ordered
Le premier numéro est désormais disponible

Texts by / Textes de : Laurence Werner David • John Taylor • Valeria Melchioretto • Tabish Khair • Émile Verhaeren • Will Stone • Philippe Rahmy • Rosemary Lloyd • Osip Mandelstam • Alistair Noon • Onno Kosters • Willem Groenewegen • Sandeep Parmar • Georges Rodenbach • Andrew O’Donnell • Khun San • Sylvie Gracia • Georg Trakl • Anne-Sylvie Salzman • James Byrne • Claro • Brian Evenson • Siddhartha Bose • Romain Verger • Yahia Lababidi • Sébastien Doubinsky • José Mena Abrantes • Cécile Lombard • Darran Anderson • Anne-Françoise Kavauvea • Emil Cioran • Nicolas Cavaillès • Mark Wilson • Zachary Bos • Paul Stubbs • Blandine Longre. Images: Emily Richardson • Romain Verger • Will Stone. Design: Sandrine Duvillier.

More about the contributors / les contributeurs

Co-edited by Blandine Longre and Paul Stubbs, the magazine’s only aim is to publish original world writers, not necessarily linked in any way by ‘theme’ or ‘style’. Writing that we deem can withstand the test of time and might resist popularization – the dangers of instant literature for instant consumption. Writing that seems capable of escaping the vacuum of the epoch. Where the rupture of alternative mindscapes and nationalities exists, so too will The Black Herald.

L’objectif premier de la revue, coéditée par Blandine Longre et Paul Stubbs, est de publier des textes originaux d’auteurs du monde entier, sans qu’un « thème » ou un « style » les unissent nécessairement. Des textes et des écritures capables, selon nous, de résister à l’épreuve du temps, à la vulgarisation et aux dangers d’une littérature écrite et lue comme un produit de consommation immédiate. Des textes et des écritures refusant de composer avec la vacuité de l’époque, quelle qu’elle soit. Éclatement des codes, des frontières nationales et textuelles, exploration de paysages mentaux en rupture avec le temps : c’est sur ces failles que l’on trouvera le Black Herald.

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Comité de Rédaction : Paul Stubbs et Blandine Longre

blackheraldpress@gmail.com

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24/01/2011

Un théâtre bien vivant

Alt. th..jpegAlternatives théâtrales n° 106-107, « La scène roumaine. Les défis de la liberté », 4e trimestre 2010

Depuis vingt ans, la vie intellectuelle et artistique roumaine s’est évidemment libérée, animée, étendue, diversifiée. Rien de tel que les arts du spectacle, notamment le théâtre, pour illustrer ce phénomène. Forte de ce constat, la revue belge Alternatives théâtrales consacre son dernier numéro à « la scène roumaine », sous l’égide de Georges Banu et Mirella Patureau, très bien placés pour cela, puisque leur point de vue est à la fois extérieur et intérieur (respectivement professeur à la Sorbonne Nouvelle et chercheur au CNRS, ils vivent en France tout en étant fortement impliqués dans l’univers théâtral roumain).

Il était sans doute nécessaire de rappeler au public d’Europe occidentale, aux « lecteurs d’ailleurs », qu’en Roumanie le théâtre est bien vivant, et qu’en ce qui concerne le répertoire « la scène roumaine se montre nettement plus ouverte que la scène française » ! Si la censure, jusqu’en 1989, a imposé un cadre rigide à la création scénique (comme à toute création), elle n’a pas interdit le théâtre, et l’éclatement libérateur des années 1990 n’est pas une rupture complète, mais une métamorphose dans la continuité. C’est en tout cas ce qu’explique Georges Banu dans son introduction, en analysant les différentes formes du spectacle théâtral qui s’élabore depuis, dans un « archipel des solitudes » s’épanouissant sans conflit mais dans une infinité d’identités, en dépit des contraintes économiques entraînant des restrictions budgétaires.

Les deux grandes parties de ce numéro (« Repères pour un paysage théâtral », « Paroles et portraits d’artistes ») permettent un tour d’horizon, sinon exhaustif, du moins très détaillé, de ce qui se fait en matière de réalisation et d’écriture scéniques à Bucarest et dans les grandes métropoles culturelles du pays. Le répertoire dans toute sa variété – de la tragédie antique à la jeune avant-garde, des pièces roumaines aux œuvres internationales, de la tradition à la provocation – est passé en revue par les critiques ou par les acteurs (au sens général), et les grands événements évoqués montrent l’étendue géographique du renouveau : Festival national de théâtre de Bucarest, Festival de Sibiu, Festival Shakespeare de Craiova, Théâtre Ariel de Târgu-Mureş… Le tour d’horizon est largement complété, à bon escient, par des réflexions en profondeur sur des phénomènes marquants : l’enseignement du théâtre, qui tend à multiplier le nombre de comédiens diplômés ; la fameuse « ostalgie », dont les jeunes dramaturges se dégagent pour faire porter leurs critiques non seulement sur le passé communiste, mais aussi sur le présent capitaliste ; l’expérimentation originale souffrant du « synchronisme », c’est-à-dire du désir d’adaptation aux modes européennes ; l’importance du rôle joué par le groupe du « dramAcum », sous la houlette de Nicolae Mandea… Il était primordial, en outre, de donner la parole aux grands créateurs, metteurs en scène et dramaturges, directement ou sous la forme d’entretiens. Cette parole tient une place révélatrice d’un état des lieux et d’une dynamique. Le tout se termine par un bref panorama du cinéma roumain, plusieurs fois récompensé, et qui pose des questions, en tout cas qui « entame avec nous un dialogue ».

Les textes fouillés, les synthèses, les témoignages, tous signés de critiques avertis, d’universitaires, de metteurs en scène, de comédiens, d’écrivains, sont ponctués de belles et larges photos de mises en scène, pour la plupart proposées par Mihaela Marin, spécialisée dans les arts du spectacle. Cette combinaison du textuel et du visuel compose un très bel ensemble, complété, signalons-le, par un dossier sur le norvégien Jon Fosse, et par un article de Bernard Debroux, codirecteur de la revue avec Georges Banu, sur « les langues d’Europe » examinées dans la perspective théâtrale.

Ce numéro dévoile les richesses et les potentialités de la « scène roumaine » actuelle dans toutes ses dimensions, avec ses paradoxes, ses enjeux, ses héritages, son esprit créateur, ses expériences, ses mutations… Un ensemble indispensable à l’exploration du paysage théâtral et artistique européen.

Jean-Pierre Longre

www.alternativestheatrales.be